Baby it's cold outside. [RP aléatoire]

Un peu plus tôt dans la soirée : j’étais en train de glander à la maison devant une quelconque émission télé quand mon téléphone se mit à sonner. Soupirant, je me levai de mon fauteuil confortable pour aller prendre l’appel. Avec mon métier, je devais constamment être à l’affût, surtout comme ce soir, ou j’étais de piquet et que donc, mon patron pouvait m’appeler à tout moment. Ce qui ne manqua pas. « Saunders. Désolé de te déranger à cette heure-ci, et surtout par ce temps pluvieux. J’aurais besoin de ton aide au 5322 Geary Blvd. [...] » Je grimaçais, regardant le temps. Effectivement, il avait de quoi être désolé. Pour l’instant, il pleuvait comme pas possible, mais selon la météo, entendue à peine une demi-heure plus tôt, ils annonçaient une tempête pour ce soir. Ô joie. « C’est bon, j’arrive ». De suite, je me dirigeais vers ma chambre et je commençais à fouiller dans mon armoire, cherchant des habits chauds, voire même ceux d’hiver. Laissant tout en vrac à même le sol. Finalement, le choix s'était porté sur un t-shirt de Metallica, une paire de jeans - de toute façon, niveau pantalons, je n'avais pas trop le choix - d'un sweat à capuche Batman, suivi de ma veste en cuir. A ce niveau, je ne pouvais pas faire autrement. Un bonnet et un parapluie venaient compléter l'ensemble. Avec toutes ces couches de vêtements sur moi, j'avais juste l'impression de ressembler au bonhomme Michelin ou d'être un sac à patates. Merci patron.

Maintenant : C’est pour cette raison, qu’à vingt-deux heures passées, bientôt vingt-trois heures même, je me retrouve dans la rue, sous le déluge. Malheureusement, la météo ne s’était pas trompée. Pourtant, il fallait que je rentre à la maison, même si l’idée de passer la soirée au bureau m’avait effleuré l’esprit. A l’abri sous le couvert du bâtiment, j’ouvre mon parapluie, qui ne fait pas long feu d’ailleurs. A peine était-il ouvert, qu’une bourrasque de vent failli me l’arracher des mains et une des armatures se casse. Amen. Prenant mon courage à deux mains, rentrant la tête le plus possible dans mon cou, je me frayais un chemin, gardant la tête baisse, pour éviter de recevoir le vent et la pluie en plein dans les yeux. Temps de merde ! Décidément, les dieux avaient choisi la bonne journée pour se déchaîner. Comme si ce n’était pas suffisant, le refrain d'Highway to Hell se déversait de mes oreilles, comme une blague de mauvais goût. Il n’y avait pas un chat dehors. En même temps, il fallait complètement être taré pour sortir, sauf si, comme moi, on n’avait pas eu le choix. Pendant un instant j’hésitais presque à faire appel au service Uber, mais … n’ayant pas pris de gants, mes mains étaient bien au chaud dans mes poches. Et je n’étais pas sûr que mon téléphone allait survivre non plus.

Au bout de quelques minutes, qui me parut être une éternité, une lumière se profila au loin. Je levai la tête tant bien que mal, regardant dans cette direction, avant de me rendre compte que c’était une voiture. Ma dernière chance. J’étais même prêt à tuer maintenant pour être à l’abri. Au chaud. Ni une ni deux, comme par miracle, le taxi s’arrêta à ma hauteur, et, tout aussi rapidement, je m’engouffrais dans le taxi, mouillant les sièges au passage. Laissant retomber mes mains, soupirant de soulagement, je tournais la tête au son d’une portière qui claque. Une jeune femme se tenait là, tout autant trempée et essoufflée que moi. Ha non, ça n’allait pas continuer. « Hey ! Qu’est-ce que vous faites dans MON taxi ? » Oui bon … elle n’était pas censée savoir non plus que je venais de m’y engouffrer. Le chauffeur, lui, faisait mine de ne rien avoir remarqué.
 

Au moment où elle avait posé ses fesses sur la banquette du taxi dans lequel elle venait de s'engouffrer, elle s'était dit qu'elle ne pourrait pas profiter de la tranquillité et de la chaleur sèche de l'habitacle. Pourquoi? Parce qu'une voix masculine venait de lui demander ce qu'elle faisait dans SON taxi. Sa soirée n'avait pas été des plus fantastiques jusque là et pour le moment elle rêvait surtout de se débarrasser de ses vêtements qui lui collaient à la peau et de s'enfiler sous des draps et des couvertures bien chaudes. Ca avait commencé ce matin. Elle était arrivée en retard, ayant passé un peu trop de temps sous la couette avec Andrew. En soit ce n'était pas le plus gênant, c'était d'arriver en retard qui était embêtant; d'abord parce qu'elle n'en avait pas l'habitude et ensuite parce qu'elle s'était mise la précision toute la journée pour finir son travail. Sa journée avait légèrement empiré quand Hannah l'avait suppliée de venir avec elle à une soirée organisée pour le départ d'un collègue -que Carlie ne connaissait pas-. Le fiancé d'Hannah, Scott n'avait semble-t-il pas eu envie de l'accompagner et Hannah... savait comment faire pour obtenir ce qu'elle voulait. Charlotte avait donc fini par céder. Après le travail, elles étaient allées chez elle pour se changer et se préparer avant de prendre la direction de la fête. Hannah avait vite accumulé les verres et Charlotte suivait... un peu plus loin. Elle n'était clairement pas dans son élément. Les fêtes... très peu pour elle. La blondinette buvait mais avec modération. Toute la soirée elle avait été plutôt observatrice jusqu'à ce qu'au bout d'un moment elle ne puisse plus supporter. L'envie d'aller se plonger dans un bain moussant chaud en écoutant de la musique semblait une bonne façon de terminer la soirée. Charlotte avait essayé de prévenir Hannah qu'elle s'en allait mais sa meilleure amie ne semblait pas avoir fait attention à ce qu'elle était réellement entrain de lui dire. Elle avait donc pris la direction de la sortie, sa joie de rejoindre le cocon de son appartement se volatilisant soudainement en voyant les radées d'eau tomber. Et pas que des radées. Il faisait affreusement froid et l'orage grondait. Ne voulant pas rester plus longtemps dans ce bar que nécessaire, elle prit la décision de sortir. En un rien de temps, sa robe, son manteau, ses cheveux étaient trempés et elle glissait presque dans ses escarpins. Elle grommela quelques fois tentant d'avancer dans la rue dans l'espoir qu'un taxi passe par là. Encore une superbe idée d'Hannah... qui avait prévu de boire et donc de prendre un taxi... Et voilà qu'elle se trouvait dans un taxi avec... un autre type. « Votre taxi? Vous méprenez pas mais je crois qu'il appartient à ce monsieur là. Et j'ai l'intention de louer ses services pour rentrer chez moi. Alors... Zou! » Dit-elle en gesticulant la main dans la direction de la portière dans l'espoir que cet inconnu tente sa chance avec un autre taxi.
 

Non mais, sérieusement, pour qui elle se prenait celle-là ? La reine d’Angleterre ? Non, elle, c’était plutôt ma cousine, m’enfin, à croire que toutes les filles étaient pareilles. Et voilà qu’elle me faisait signe de la main de partir. Cause toujours tu m’intéresse. Je n’étais déjà pas particulièrement de bonne humeur, vu le temps qu’il faisait dehors, mais alors là, ça n’allait pas en s’arrangeant. Un rictus mauvais se dessina sur mes lèvres, et je plantai mon regard – mauvais – dans le sien. « Ne jouez pas avec les mots et ne vous faites pas passé pour plus conne que vous l’êtes. Vous m’avez très bien compris ». Je levai les yeux au ciel. Elle ne savait décidément pas sur qui elle venait de tomber là. Je tressaillais, comme si j’avais été pris en faute. « Oh la la, vous ne savez pas à quel point vous me faites peur là » Mon sourire s’agrandit encore plus. « Allez louer les services de quelqu’un d’autre, ce taxi est déjà occupé, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué ! Ce n’est pas très poli de vous incruster de la sorte, vous savez ?» Et ce n’était pas parce que c’était une fille que j’allais changé de comportement, ou de décision. Je m’étais engouffré dans ce taxi avant elle – enfin, il me semblait – et je n’allais pas céder. Je n’avais jamais été galant, ou alors que très rarement, mais pour ce soir, la galanterie s’était fait la malle. Non mais ! Je me croyais en plein rêve là. « Et arrêtez de gesticuler comme une folle, vous risqueriez de vous blesser » ricanais-je. Il était hors de question que je sorte de ce taxi et que j’aille braver les intempéries. J’avais déjà donné de ce côté-là. Je n’étais pas non plus sûr que ma remarque sur le fait que j’étais déjà là allait faire mouche, étant donné l’état pitoyable de mes habits, trempés comme si j’avais fait un plongeon dans une piscine. Tout ce que je voulais, là, était de rentrer chez moi, me changer et … retourner mon coucher. Quoique, vu mon humeur, je n’étais pas sûr que le sommeil sera de la partie. Il fallait que je trouve autre chose. En temps normal, et selon la situation, j’aurais très bien pu lui proposer tout gentiment de partager le trajet. Mais non. Vu son agression dès son arrivée dans l’habitacle, elle pouvait toujours courir que je réitère cette proposition. « Ce n’est pas parce que vous avez des seins et un vagin que cela vous donne tous les droits ! » Okay, je cherchais peut-être un peu là. Beaucoup même. Secrètement, je priais pour ne pas être tombé sur une féministe. Sinon, s’en était fini de ma courte vie. Au revoir monde cruel. Je tournais un court instant la tête vers l’extérieur, ou le temps se déchaînait de plus en plus. Il fallait coûte que coûte que je reste à l’intérieur. Je pris une grande inspiration, avant de plonger à nouveau mon regard dans le sien. « Alors, maintenant, comme une gentille petite fille à son papa, vous allez me faire le plaisir de déguerpir d’ici et d’aller vous chercher un autre taxi. En espérant que cette fois-ci vous en trouverez un qui sera vide ». J’imitais sa gestuelle, lui faisant comprendre de sortir avec mes mains, à la façon de Jack Sparrow « Zou ».
 

Elle en était au point de fantasmer d'un pyjama chaud, d'une robe de chambre douillette, d'une couverture et d'un chocolat chaud devant la télévision. Mais chaque seconde passée, coincée dans ce taxi avec un inconnu, repoussait un peu plus encore ce doux rêve. Elle le maudissait. La galanterie aurait voulu qu'il lui laisse la place, mais Charlotte avait le sentiment qu'elle pouvait se mettre le doigt dans l’œil. Et le pire dans tout ça c'est qu'il la tenait pour seule responsable, rien ne semblait dire à ce jeune homme qu'il était en tort. « M'incruster! C'est vous qui vous incrustez! » S'écria-t-elle à bout de nerfs. De toute évidence, ils étaient aussi bornés l'un que l'autre, mais ils étaient de parfaits étrangers l'un pour l'autre et si il avait aussi eu une dure journée et qu'il avait envie de rentrer chez lui, c'était pareil pour elle. Elle n'avait aucune raison de lui céder sa place! Surtout que ce type était plutôt brut de décoffrage et la laissa bouche bée par les paroles qu'il vint à utiliser. « Super, il fallait que je tombe sur un misogyne sans classe pour conclure ma fabuleuse journée. » Grogna-t-elle, une fois le choc passé. Elle n'en revenait pas qu'à son époque, des personnes de sa génération, puisse parler d'une femme de cette manière. C'était plus que dégradant, même sans être féministe jusqu'au bout des ongles, elle ne supportait pas ce genre de dires. La suite fut encore plus choquant. Petite fille à papa? Ce type ne manquait franchement pas de culot. Non seulement il pensait lui souffler son taxi mais en plus il l'insultait. Elle secoua la tête. Si elle avait été certaine de ne pas avoir des problèmes elle lui aurait asséné quelques coups mais au lieu de ça, puisqu'il la jugeait ainsi, elle allait se comporter exactement comme il l'attendait. « Vous ne me connaissez pas et vous me jugez un peu trop vite à mon goût. Alors je ne sortirais pas d'ici. » Il la traitait de petite fille à papa... et bien il n'avait encore rien vu. Elle croisa les bras sur sa poitrine, rageant intérieurement contre l'eau qui coulait dans sa nuque et les gouttes qui stagnaient sur ses lunettes. La journée ne pouvait clairement pas être pire à ce point là et si ça continuait le chauffeur leur ferait payer l'attente. Elle jeta un coup d'oeil dans le rétroviseur, le chauffeur de taxi lui lançant un clin d'oeil à ce moment. Elle ignorait si c'était un signe salace ou un signe d'encouragement mais pour sa santé mentale, Carlie préféra penser à la seconde option.  
 

A ce rythme-là, nous n’étions pas sortis de l’auberge. Je soupirais, alors qu’elle ne voulait pas lâcher le morceau. « Il ne me semblait pourtant pas que vous étiez déjà dans ce taxi avant que j’arrive » Je secouais la tête, exaspéré. Sur ce coup, elle n’était pas mieux que moi tout à l’heure, en lui disant qu’elle s’incrustait dans mon taxi. Nous étions sur la même longueur d’onde. Aucun de nous n’avait raison, et je n’étais pas prêt à me laisser faire. J’arquais un sourcil ?  Un misogyne moi ? Je dus me mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire. Certes, je l’avais bien cherché avec ma remarque, mais de là à me traiter directement de misogyne … Je pris une grande inspiration, tandis que tout mon corps frissonnait de froid, les gouttes d’eau s’écoulant lentement le long de mon cou, finissant leur course dans mon dos. Bonjour la crève. « Misogyne ? Tut tut tut, vous ne me connaissez pas. Je suis loin de l’être, c’était juste pour vous avertir que ce n’était pas parce que vous êtes une fille que tout vous est dû » Et puis quoi encore ? Elles veulent de l’égalité ? Et bien en voilà. Elles ne peuvent que s’en prendre à elles-mêmes. Sa dernière remarque me fit bien rire aussi, ce qui eut pour conséquence de refaire revenir mon rictus narquois au coin de mes lèvres. Et voilà qu’elle se mettait à bouder la petite. A croire que je me retrouvais avec la jumelle de Lizzie. Vraiment, comme dis avant, toutes les femmes. Pas une pour rattraper l’autre. « Ohhh, la pauvre petiteee. Elle va nous faire un petit caprice ? » dis-je d’un ton sarcastique. Déprimant.

Je sentis – une simple impression – un regard. Un bruit, comme quelqu’un qui frappe sur une vitre, me fit me retourner, et justement, le chauffeur taper sur la vitre en plexiglas qui nous séparait, nous lançant un regard noir. Je l’avais presque oublié celui-là. Je déglutis. L’instant de vérité n’était pas loin. Il nous fit signe d’ouvrir cette petite fenêtre, et je m’exécutais, souriant, essayant de faire passer la pilule. « Ce n'est pas bientôt fini ce cirque ?! Je n’ai pas que ça à faire moi. Déjà cinq minutes que je suis l’arrêt, au milieu d’une rue. Alors si vous voulez vous chamailler, vous sortez immédiatement de ma voiture. En tout cas comptez sur moi pour vous faire payer un supplément. » Il s’interrompit, son regard passant du mien à celui de la jeune femme. « Aucun de vous deux n’a raison, mon taxi était vide avant votre arrivé, et malheureusement, vous avez eu la bonne idée de vous y engouffrez au même moment. Soit. Maintenant, soit vous sortez les deux et vous affrontez cette tempête, soit vous décidez de vous comporter gentiment et, je ferais une exception, vous partagez mon taxi. A vous de voir ». Je pris mon visage entre mes mains, fermant un court instant les yeux. Réfléchissant. Quoique, la tempête redoublant encore d’effort, je n’allais pas mettre un seul pied dehors. Le seul moment où je sortirais de cette voiture, ce sera une fois devant chez moi. De porte à porte. Que ça lui plaise ou non. Je me tournais vers elle, résigné. De toute façon, à ce tarif, nous n’avions pas vraiment le choix. Je soupirais encore une fois, posant mon regard sur elle. « Je … Bon, je crois qu’on n’a pas trop le choix, nan ? A moins que vous préféreriez continuer votre chemin à pieds », ricanais-je. Mauvaise habitude.