Let me learn from you ft Richard

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Richard Ҩ Janine

« Tech me. Let me learn. I need to be more prepared to live. »

Tu cours. Tu cours aussi vite que tu le peux, évitant autant que possible de bousculer quelqu'un. Tu es en retard et tu as horreur de ça. Encore une fois tu t'es laissée emporter par un de tes élans artistiques. Tu n'as pas vu l'heure défiler, perdue à essayer de capturer le parfait instant. Aujourd'hui tu as jeté ton dévolu sur une sortie d'école, sans trop savoir pourquoi. Tu as simplement trouvé le mélange d'émotions pur. Ces petits partagés entre l'empressement de retrouver leur parent et l'envie de montrer à leur camarades qu'ils sont grands et débrouillards. Ces grands sourires parfois édentés, pas toujours très droits mais pourtant si francs. Rieurs. Et il y a les larmes d'une chute, les doigts sales, les cartables colorés. Alors discrètement tu t'étais immiscée dans ce moment que tu n'es pas prête de connaître. Ce n'est que lorsque tu as décollé ton œil de l'appareil photo et regardé l'heure que ta course a commencé. Sauter rapidement dans le bus pour l'université, reprendre son souffle, descendre, courir encore, manquer de faire tomber la précieuse boîte noire. Entre les bâtiments, les salles, dans le grand campus tu t'égares demandant ton chemin à des jeunes bien loin de ton stress.

Enfin la porte de l'amphithéâtre grince. Ton retard ne passera donc pas inaperçu. Vingt minutes, un drame pour toi. Silencieusement tu t'installes sur le premier strapontin que tu vois. En tailleur, sans le moindre stylo ou bout de papier pour écrire, on peut dire que tu es loin de l'étudiante studieuse. Rien de nouveau si on regarde ta scolarité. Après tout tu n'es pas là pour obtenir un diplôme ou quoique ce soit du genre. C'est une de tes collègues qui t'a donné l'idée. Alice, elle suit des cours magistraux sur la gestion d'entreprise et le marketing parce que son rêve c'est d'ouvrir sa boutique de prêt à porter. En attendant elle est ouvreuse au théâtre. Bref, encore une fois ton cerveau s'égare. Il n'y a pas autant de gens que ce que tu t'étais imaginé. En même temps, la philosophie n'est pas vraiment la discipline la plus parlante. Elle a cette image inaccessible et très intellectuelle, sauf pour toi rêveuse romantique et déchirée que tu es. Les deux heures - une heure quarante en réalité - passent trop rapidement et tu bois littéralement les paroles du professeur, fascinée. Beaucoup de choses t'échappent mais le concept, la tournure des phrases, les questions te parlent. Ca ne te parait pas inconnu.

Finalement tout le monde finit par se lever, dans un brouhaha impressionnant après le silence respectueux. Tu te dis qu'il serait plus polie d'aller te présenter et sûrement de lui demander l'autorisation de participer. C'est donc timidement que tu descends l'allée centrale jusqu'à l'estrade. " Bonjour, je suis désolée de vous retarder. Je voulais savoir si cela vous dérangerait que j'assiste à vos cours en tant qu'auditeur libre ? " Tu n'es pas des plus à l'aise. Première fois que tu mets un pied dans une faculté et tu ne te sens clairement pas à ta place. Et cet homme devant toi, dégage quelque chose d'assez impressionnant. Chaleureux mais intimidant. T'as l'impression face à lui d'avoir raté ta courte ta vie.

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Janine & Richard

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Après avoir embrassé sa femme et dit au revoir à sa fille, Richard avait quitté la maison pour se rendre sur le campus, le premier cours de sa journée étant l'un des premiers niveau horaire, il voulait arriver en avance histoire de pouvoir déposer à son bureau les copies qu'il avait corrigés chez lui avant de se rendre à l'amphithéâtre. Se trimballer tout ça n'était pas pratique et mine de rien c'était volumineux toutes ces pages de papier. En passant il attrapa aussi un café à la machine. Un vrai jus de chaussette mais il le buvait plus par réflexe qu'autre chose en vérité. Une fois débarrassé des copies gênantes, il repris son chemin pour quitter le département de philo, croisant certains de ses collègues au détour d'un couloir. Ça l'amusait toujours de se dire que tout ça était une belle allégorie de la vie et du savoir: en débarquant ici, dans ce dédale de corridors et d'allées, difficile de se repérer, comme dans la vie lorsque l'on le découvre mais à force de tâtonnement et d'expérience on finit par prendre ses marques. Et oui, monsieur n'était pas devenu prof de philosophie sans raison, rappelons-le. Après une dizaine de minutes, il arrivait donc à l'amphi, entrant en saluant les quelques élèves déjà présents avant de rejoindre l'estrade et de déposer sa sacoche sur le bureau qui y trônait au centre. Une dizaine de minutes plus tard, le cours étant officiellement entamé, il commença donc à discuter du chapitre qu'il allait évoquer aujourd'hui avec eux, comme il le faisait toujours. La philo, pour beaucoup c'était pompeux, trop abstrait et sans intérêt mais même si pour ce cours les rangs étaient dispersés, Richard parvenait toujours à rendre son cours vivant. Il n'était pas devenu l'un des profs les plus appréciés par ici sans raison après tout.

Une vingtaine de minutes après qu'il ai commencé à donner son cours, on entendit les gonds de la porte de l'amphithéâtre tourner sur eux-mêmes et il releva son regard sur la personne qui venait de faire son entrée. Un visage inconnu. Il était plutôt physionomiste et ce visage là ne lui disait rien mais il n'allait pas faire une scène pour autant, il avait son cours à poursuivre et les imprévus ça pouvait arriver, il n'allait pas l'embarrasser devant les autres, leurs regards suffisants déjà de ce côté là. Reprenant donc son discours, il circulait comme à son habitude en bas des marches, s'aventurant dans les rangs même. Les cours statiques où le prof restait à sa place à débiter son cours, ça n'était pas pour lui. Il aimait aussi laisser les étudiants interagir avec lui, surtout que sa matière était propice à ce genre d'échanges. Et comme toujours, lorsque le cours toucha à sa fin, il n'avait pas vu les deux heures passées. Un des avantages de faire un métier qui vous passionne, on a jamais vraiment l'impression de travailler. « Bon, ça sera tout pour cette fois, pour le prochain cours, essayez de lire quelques chapitres de Nietzsche pour me repérer les bases de la pensée nihiliste. Bonne journée à tous. » lança-t-il pour conclure le cours, laissant les étudiants remballer leurs affaires afin d'aller à leur prochain cours ou ailleurs. Lui regagnait son estrade pour aller récupérer ses affaires. Il se retournait lorsqu'une voix retentit derrière lui. La jeune femme qui était arrivée en retard. La laissant s'expliquer après lui avoir retourné son bonjour, il conservait un léger sourire et haussa un sourcil lorsqu'elle formula sa question. « Les auditeurs libres sont toujours les bienvenus dans mes cours. Là aucun problème mais je ne crois pas vous avoir vu sur la liste. » rétorqua-t-il alors. En effet, tous les profs recevaient un trombinoscope des élèves mais il ne pensait pas avoir vu la photo de la jeune femme dans celui qu'on lui avait fourni. Étrange... surtout qu'il n'y avait que quelques élèves en auditeur libre dans son année. Une erreur de l'administration peut-être ? C'était déjà arrivé par le passé après tout, alors il ne serait pas surpris que ça soit le cas.

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Tu te sens un peu ridicule. Beaucoup en réalité. Tu tords tes doigts comme une gamine nerveuse et timide. Tu jettes un coup d'oeil à l'amphithéâtre maintenant vide. Cette salle est d'autant plus impressionnante lorsque qu'il n'y a plus personne. Il y règne une atmosphère étrange. Pourtant tu as l'habitude. Tu en as vu des théâtres ou encore des salles de concert. Il y avait un aspect légèrement sacré mais aussi de l'excitation ainsi qu'un brin de sérénité. Tu pouvais y être seule dans le silence le plus religieux tu n'y étais jamais mal à l'aise contrairement à ici. Le léger sourire de l'homme devant toi te mets quelque peu en confiance. Tout le monde peut apprendre, alors tu y as bien droit également. " Je ne savais pas qu'il fallait s'inscrire. Je suis venue sur un coup de tête pour tout avouer... Euh comment dois-je procéder ? " Ta collègue ne t'avait jamais parlé d'une quelconque liste. Ou bien peut être que si et tu devais être perdue dans tes rêves. Cette seconde option est tout de même plus probable. C'est bien ton genre, te pointer comme une fleure sans penser à quoi, où, comment. Une partie de toi te souffle de partir en courant avant que tu ne puisses te ridiculiser encore plus. T'as peur encore une fois, tant tu te dévalorises dans ton esprit.

Pourtant cette fois tu restes. Tu restes même si tu sais que les études ce n'est pas pour toi. T'as jamais été une élève brillante. Tu dépassais à peine la moyenne au lycée. Sauf en art et en musique où là, tu étais plutôt douée. " Est ce que c'est grave si on a jamais fait de grandes études ? J'ai pas le souvenir d'avoir déjà entendu parler du nihilisme... Ca peut être dérangeant pour vous je comprends. " Ta nervosité s'entend clairement dans ta voix. Tes joues rougissent quelque peu et tes yeux ne savent pas sur quoi s'arrêter. C'est un monde de grand et de sérieux ici. T'as besoin d'être convaincue d'y avoir une chance. Mais tu réalises que c'est avant tout ce professeur là que tu dois convaincre. Brusquement tu reprends, beaucoup plus enthousiaste. Confuse aussi. " Enfin non ! J'ai fais plein de formations, je suis débrouillarde et loin d'être bête. Je sais faire plein de choses mais rester assise à prendre des notes... Je suis pas venue pour être diplômée en même temps. " Après la gêne c'est l'excitation qui arrive. Si tu veux vraiment étudier, va falloir lire, aller à la bibliothèque. De la nouveauté. Ca veut aussi dire moins de temps pour la photographie. Moins de temps pour composer, jouer. Seulement tout ce savoir sur l'humanité, le monde, l'inconscient sera peut-être une nouvelle source d'inspiration. Pour créer. Pour grandir aussi Jo et prendre tes responsabilités. " Pardon, c'est juste que vous m'intimidez. Dans le bon sens évidemment ! " Redescends sur terre et arrêtes de parler.

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Janine & Richard

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Richard avait et aurait sans tout probablement toujours en mémoire la première fois qu'il était entré dans un amphi en tant que professeur, fraîchement diplômé et prêt à partager sa passion de la philosophie avec des personnes pour certaines, à peine plus âgées que lui à l'époque. Il se souvenait encore très vivement de cette impression de petitesse qu'il avait ressenti, la nervosité qui coulait dans ses veines, la peur de se planter qui s'était évanouie aussitôt qu'il avait pris la parole devant son auditoire. Oh ça oui, un tel lieu pouvait impressionner facilement, surtout vide mais elle n'avait pas de raison de l'être, il n'était pas l'un de ces professeurs qu'on ne peut pas approcher sans prendre préalablement rendez-vous. Il est d'ailleurs connu pour être ami avec certains de ses élèves et quelqu'un de très disponible -reproche que lui a même parfois fait sa femme par le passé d'ailleurs lorsqu'il débutait vu que cela empiétait parfois sur leur vie familiale-. Saluant donc la jeune femme après que celle-ci l'ai fait, il l'écouta lui exposé ce qu'elle avait à lui dire et il fut quelque peu surpris. En effet, comme il lui venait de lui dire, les auditeurs libres étaient plus que bienvenus dans son cours, il n'allait pas les traiter différemment des autres parce qu'ils ne passaient pas d'examen en fin d'année mais son visage ne lui était pas familier, or il avait la liste de ces élèves là et elle n'y figurait pas. Enfin sauf erreur de l'administration en tout cas. Souriant face à son aveu sur la raison de sa présence ici, il réfléchit un instant avant de lui répondre. « Il vous faut remplir un dossier, qui est disponible auprès de l'administration, ils vous expliqueront plus en détail la démarche, mais c'est assez simple je crois et ça ne coûte pas grand chose. » lui expliqua-t-il sans cérémonie.

Il observa la jeune femme, se demandant si c'était bel et bien de la nervosité qu'il voyait encore car elle semblait hésiter à reprendre la parole, réfléchissant sûrement à ce qu'elle allait dire ou lui demander. Il avait visé juste en l'entendant alors lui demander s'il était grave de n'avoir jamais fait de grandes études pour pouvoir suivre son cours. Inattendu comme question, il devait l'admettre. Clairement, tel que lui voyait la chose, ça n'était pas un frein, pas si elle avait envie d'étudier car toute soif d'apprendre était bonne selon lui. C'est pour cela qu'il était devenu prof après tout, pouvoir partager cette envie là avec d'autres. Mais avant qu'il ne puisse lui répondre, la jeune femme, encore plus nerveuse pendant un instant, l'en empêche et commençait alors à se vendre comme lors d'un entretien d'embauche, ce qui fit naître un léger sourire amusé au coin de ses lèvres. Il la laisse terminer et rit à ce qu'elle lui avoue en dernier lieu. « Évidemment. » reprend-il en souriant, toujours amusé. « Alors pour vous répondre, non ça n'est pas grave. Le but de l'université c'est d'apprendre, tous ne viennent pas ici en ayant déjà des connaissances sur la matière qu'ils viennent étudier. » expliqua-t-il tout en prenant appui contre le rebord de l'estrade à ses côtés, croisant les bras. « Mais je ne vais pas vous mentir, si réellement vous voulez suivre ces cours pour apprendre des choses et que vous voulez suivre, il faudra faire quelques recherches. » Pas de raison de lui cacher la vérité ou de la ménager. Il n'allait pas lui faire perdre son argent et la voir abandonner après quelques semaines en édulcorant la vérité. « Un diplôme ne définit cependant pas votre intelligence vous savez. Et si je ne me trompe pas, vous avez l'air d'avoir envie d'apprendre, pour moi c'est la seule condition pour assister à mon cours. » conclu-t-il pour la rassurer.

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