You won't leave me alone {ft. Lizzie

I’m on the highway to hell. On the highway to hell. Je grognais, me levant de mon fauteuil, ou je m’étais affalé comme une grosse merde, allant chercher mon téléphone qui gueulait à l’autre bout de la pièce. Kyle. Je pris l’appel, et je n’eus même pas le temps d’en placer une.  « Hey Bro ! Y a la fête du siècle ce soir chez Mike, tu viens ? » Je grimaçais, des images passant comme un mauvais film dans ma tête, de la dernière soirée passée chez Mike. « Non ». Ni plus, ni moins. C’avait au moins le mérite d’être clair. « … Merde Landon. Qu’est-ce qui t’arrives ? » Je soupirais. « Rien Kyle, t’inquiète. J’suis juste pas chaud pour sortir ce soir ». Je sentais bien qu’il ne me croyait pas. Tant pis pour lui. Je n’avais pas envie d’en dire plus. « Mec, tu ne peux pas me faire ça. J’suis à sec. J’comptais sur toi moi ». Je fermais les yeux, serrant les poings. Il avait choisi le bon moment lui. « Bon, 21 heures. A l’endroit habituel. Je fais juste que passer, et c’est bien parce que c’est toi ». Je raccrochais. Dix-neuf heures. Je partis me doucher, avant de prendre les premiers habits qui me passaient sous la main. La maison de Mike se trouvant à l’autre bout de la ville, à la lisière de la plage, il fallait que je parte le plus tôt possible, n’ayant pas le permis de conduire.

20h30. Je me tenais à notre endroit habituel, sur la plage, à l’abris des regards. Les mains dans les poches, je scrutais les alentours, à l’affût du moindre bruit. J’étais en avance, et donc, n’attendant pas la venue de Kyle avant une demi-heure, je me laissais tomber par terre, jouant avec le sable, le laissant glisser entre mes doigts. Comme ma vie en ce moment. Tout m’échappait. Je m’allumais une cigarette, regardant les étoiles. Tiens, voilà la fameuse Bellatrix. Je fermais les yeux, recueillant avec mon coude une larme qui voulait couler. Il était hors de question que je craque maintenant. Je n’étais pas faible. Et ne voulant pas faire de bêtise, je resterais sobre jusqu’à mon retour. Connaissant Kyle, je savais qu’il allait déployer de grands moyens pour m’entraîner à sa suite, et je n’en avais nullement envie. Pas envie de la revoir, elle. C’était encore trop douloureux. Des bruits de pas se firent entendre, et une grande silhouette élancée apparut. Je me levai, et, une fois à la même hauteur, une accolade fraternelle s’ensuivit. Ça fait plaisir de te voir vieux ». Je souris sincèrement. « De même». Nous nous dirigeâmes encore un peu plus à l’écart. Parano, quand tu nous tiens, surtout que j’avais déjà été bouclé pour la même raison. Je faisais deux fois attention dorénavant. Je sortis un petit paquet en plastique contenant de la poudre blanche, et l’échange se fit dans le noir. Je rangeais l’argent dans mon porte-monnaie, et, une fois fait, nous retournâmes ou nous étions avant. Un peu plus à la lumière. Assis l’un à côté de l’autre, nous restâmes silencieux. La présence de l’autre suffisait amplement. Contrairement à moi qui pouvait attendre, Kyle sortit de suite son attirait avant de se faire un petit rail. Je levai les yeux au ciel. Effectivement, il comptait vraiment sur moi là. Nous rîmes encore quelques instants ensembles, avant que l’heure de la séparation ne vienne. Autre accolade, et le voilà parti. Direction la méga fête. Je le regardais s’éloigner, la tête perdue dans les pensées. Une partie de moi avait envie d’y aller, mais ce n’était pas réellement une bonne idée. Pas du tout même. Une autre fois, peut-être. Restant assis à ma place, contemplant les vagues devant moi, écoutant le clafoutis de l’eau, je me sentais vivant, en quelque sorte. Quand un autre bruit vint s’y incruster. Des pas. Encore. Je tournais mon visage dans cette direction. « T’es pas sûr d’avoir pris assez pour que tu revienne aussi rapidement ? », dis-je, rigolant. La forme se fit plus distincte. Ce n’était pas celle de Kyle. Elle était plus … féminine. Je déglutis. Voilà, il ne manquait plus que ça. Moi qui ne voulait déjà pas venir, mais qui avait voulu aider un ami, voilà que maintenant, j’allais devoir me taper tous les toxicos présents chez Mike. Je soupirais. Je serai les poings, espérant que ça ne soit pas elle, même si, elle ne se droguait pas. Pas vraiment. C'était bien la dernière personne que j'avais envie de voir.
 

Il y avait un avantage à être célibataire – il fallait le reconnaître – et c’était celui de pouvoir sortir un peu plus souvent. Pas que je ne pouvais pas sortir avant, mais je me retenais un peu pour mon homme, pour être avec lui. Avec le boulot, j’ai toujours été très prise – on ne pouvait se rendre compte à quel point être architecte était très chronophage avant de l’être vraiment – donc je faisais des efforts – et ils en avaient valu le coup je vous assure, jusqu’à ce que notre couple part en sucette… Enfin bref. Le fait était que maintenant, je passais beaucoup plus de temps avec les nombreux amis et connaissances que j’avais pu accumuler avec les années.
Après avoir mangé au centre-ville, nous avions décidé de faire un petit tour par la plage. Il y faisait un petit plus frais que prévu mais il ne faisait pas vraiment froid non plus. Sinon on aurait sûrement changé d’avis bien vite. Au lieu de ça, nous continuions notre promenade en racontant nos petites mésaventures au boulot… ou même à la maison. On rigolait entre amis quoi. Rien de plus ordinaire. Puis tout le monde se disait pour diverses raisons qu’il valait mieux rentrer : une journée de travail bien éreintante, le désir de retrouver un être cher à la maison…. Pendant un instant, je me sentis même un peu seule. Personne ne m’attendait à la maison, personne ne s’inquiéterait de ne pas me voir rentrer et je n’avais de toute façon pas envie de rentrer. Sauf que je n’allais pas non plus pouvoir traîner seule à cette heure – la plage était déserte et il ne faudrait pas que je fasse une mauvaise rencontre – toutefois, je décidais de faire une rapide promenade avant de retourner à la voiture.
La plage n’était pas si déserte que ça. Il valait peut-être mieux que je fasse demi-tour et que je rentre pour de vrai. Je ne voulais pas tenter le diable et me chercher des ennuis : il y avait des mecs louches qui traînaient dans les rues après tout. Sauf qu’étrangement, l’une des silhouettes me semblaient familières… Je pensais distinguer deux hommes, et vraiment l’un d’entre eux me faisaient malheureusement penser à ce crétin de Landon – que je n’avais pas beaucoup envie de revoir après notre dernière rencontre un peu… curieuse… Enfin bref. Toutefois, je ne savais pas trop pourquoi mais la curiosité – un vilain défaut je sais – me poussa à les suivre de très loin. Il se passait quelque chose de pas nette, je le sentais. Un échange des plus discrets. Et cet homme – sa silhouette, sa façon de marcher, de se tenir – c’était Landon tout craché. Alors forcément s’il échangeait des trucs comme ça en toute discrétion sur une plage déserte ça voulait dire qu’une chose : il n’avait jamais arrêté de dealer. Pas que je m’en soucie vraiment. Mais il était censé avoir arrêté… Espionne du dimanche, j’observais la scène avec une grande attention. Je fus disons satisfaite en voyant qu’il s’agissait bien de mon « cousin ». Et quelque chose me disait que son ami à côté ne sniffait pas de la farine… Pris la main dans le sac. J’allais m’amuser moi… Quand son ami daigna enfin s’en aller, je me dirigeai vers mon cousin. Il aimait m’embêter lui ; cette fois-ci c’était mon tour…
« T’es pas sûr d’avoir pris assez pour que tu revienne aussi rapidement ? » Mes lèvres dessinèrent un sourire machiavélique sur mon visage tandis que je me rapprochais encore plus de lui, suffisamment pour qu’il puisse mieux distinguer à qui il s’adressait réellement. « Non, moi je suis juste venue voir si tu vendais bien de la… MARCHANDISE. » Je gloussais, tout heureuse de découvrir son petit secret et surtout en pensant toutes les réprimandes qu’il pourrait essuyer avec ma mère – ce serait presque tentant de le lui dire... – qui avait été très offusquée de son petit séjour en prison déjà. « Je pensais pas que je dirais ça un jour du coup mais… je suis bien heureuse de voir. Te prendre sur le fait comme ça c’est tellement amusant. Tellement réjouissant. » Toute fière, je le méprisais du regard, le prenant de haut – ce qui était d’autant plus facile puisqu’il était toujours tranquillement assis sur le sable. Rares étaient les occasions où je pouvais le dominer de ma hauteur – il avait toujours été plus grand – alors j’en profitais un peu.
 

La silhouette se rapprochait de plus en plus. Gentiment. Comme une lente torture qui était adressée à moi seul. Je soupirais, mon cœur se remettant à battre normalement. Je n’avais même pas remarqué que ma respiration s’était fait plus irrégulière. Ce n’était pas elle. C’était déjà un bon point. Puis, la silhouette se mit dans la lumière. J’avais tourné la tête, ne distinguant pas la personne qui se trouvait là, trop soulagé par autre chose. C’est sa voix qui me fit tressaillir. « Non, moi je suis juste venue voir si tu vendais bien de la … MARCHANDISE ». Je déglutis, mon visage devenant livide. Merde. Merde et encore merde. Tout compte fait, je préférais encore m’expliquer avec Janine mais pas ma cousine. Toujours assis, je posais les yeux sur elle, tellement fière de m’avoir pris la main dans le sac. Pire qu’une gamine. Je levai les yeux au ciel, lui laissant, un court instant, l’impression de supériorité. « Je ne pensais pas que je dirais ça un jour du coup mais … je suis bien heureuse de te voir. Te prendre sur le fait comme ça, c’est tellement amusant. Tellement réjouissant ». Je la contemplais de la tête au pied, un mauvais rictus accroché aux lèvres. Je réfléchissais à une stratégie, mais il ne fallait surtout pas que je rentre dans son jeu, ou du moins, que j’essaie de me justifier. J’étais majeur et vacciné, et oui, j’avais déjà fait trois ans de taule pour deal, mais c’était mon problème, pas le sien.

Finalement, je me levai, m’approchant d’elle, laissant une courte distance entre nos deux corps. Mon sourire mauvais ne m’avait toujours pas quitté. Je pris la parole pour la première fois. « Et t’en es fière ? J’espère pour toi que tu as des pantalons de rechange, Saunders. Tu risques de mouiller un peu trop tellement tu te réjouis. Je ne pensais pas que je te faisais autant d'effet, sans rien faire ... » Je reculais, pour éviter la gifle qui n’allait certainement pas tarder à venir, quoique, après tout, j’en avais l’habitude. « Et si mes souvenirs sont bons … », je ne répondis pas, lui faisant un clin d’œil à la place, repensant à la soirée au Mr Smith’s, qui n'avait pas abouti. Je m’éloignais encore un peu, commençant à gesticuler dans tous les sens, lui tournant autour, et en prenant une voix geignarde. « Mamaaan, tu ne saurais jamais ce que j’ai découvert ?! », hochement de tête frénétique. « Tu sais, ce cher cousiiiin Landooon, bien sur tout rapport, baah, il deale toujours. Oui oui, je l’ai pris la main dans le sac ». Je redevins sérieux, levant les yeux au ciel. M’approchant, d’un air menaçant.

Je sortis une cigarette, avant de l’allumer et de souffler la fumée contre elle. Je voulais rester calme, ne pas chercher la bagarre, mais quand j’étais en sa compagnie, ça en devenait presque vital. Surtout que je pensais être tranquille, ici, dans ce coin de plage, et même pas. Il fallait qu’elle empiète dans mon petit jardin secret. Mon espace vital. Elle me le paiera. A la limite, niveau drogue, tant que rien n’était prouvé, j’étais à l’abri, mais … « Merde Lizzie. De quoi je me mêle ? Ta petite vie n’est pas assez intéressante pour que tu viennes pourrir celle des autres ? Ha mais oui, j’avais failli oublier. T’es divorcée et tu n’arrives même pas à trouver quelqu’un avec qui passer la soirée. Pitoyable ». Je m’approchais encore plus, nos visages étant presque collés l’un à l’autre. « Tu n’arrives donc pas à me foutre la paix ? » Je reculais, avant que ça ne soit trop tard, serrant les poings. « A croire que je ne peux bientôt plus me déplacer sans avoir ton ombre qui me suit partout. Tu te lance dans un nouveau métier ? Nounou ? Là aussi tu serais médiocre ».

Je savais que j’aurais dû refuser l’offre de Kyle. Comme quoi …. Comme si j’avais eu un sixième sens, mais je m’étais tout de même déplacé. Je retournais là où j’étais avant, me laissant tomber, croisant les jambes. « Tiens, elles sont nouvelles ces chaussures ? C’est bizarre, elles n’ont pas de talons … » Je t’irais sur ma cigarette, priant que quelqu’un viendrait au même moment, tout en me contredisant, ne voulant voir personne. Je ne voulais pas lui donner le plaisir de lui donner raison. Jamais. Oui, j’avais de la came sur moi. Rien de prouvait que j’en avait vendue. D’un geste, je lui fis signe de déguerpir. « Bonne soirée, Elizabeth ». Tout en pensant tout bas qu’elle fallait qu’elle arrête de faire sa prude, sa petite sainte-nitouche, fifille à sa maman, capricieuse.
 

Ainsi, je le toisais, en attente d’une réponse qui serait certainement très belliqueuse. Même pas peur ; j’étais venue lui chercher des noises en connaissance de cause. Je ne pouvais juste pas laisser passer l’occasion ; quand il s’agissait de mon cousin Landon, tout était bon pour le faire chier. Et là pour le coup, j’avais très bien réussi mon coup. Alors oui, j’étais offusquée qu’il mette sur le tapis d’office ce qui s’était passé l’autre soir, oui je le détestais d’autant plus à cause de ses mots crus et grossiers – et de ce petit clin d’œil ô combien agaçant – mais il n’empêchait que j’étais satisfaite de l’avoir bien énervé. Mais aujourd’hui c’était mon tour, il avait déjà joué le sien l’autre fois. Un petit sourire bien je-m’en-foutiste sur le visage je répondais alors à sa première attaque. « Pour que tu joues cette carte d’entrée, c’est que je dois avoir vraiment vu ce que j’ai cru voir. Et surtout que ça te fait bien chier. » Non, je ne lui ferais plus le plaisir de le laisser croire qu’il était le seul à savoir jouer de mes nerfs.  Et non je ne lui ferais pas non plus le plaisir de me rabaisser à le frapper encore. Je ne me laisserais pas emporter aussi facilement ; il aimait beaucoup trop ça. Et puis ça valait bien le coup pour lui voir jouer cette petite scénette de la soi-disant moi qui raconterait tout à maman. C’était bien tentant, juste pour qu’elle lui fasse une scène, mais on ne pouvait dire non plus que j’étais la gentille petite fille à maman comme il voulait bien le faire croire. D’ailleurs, je devais bien lui accorder une chose. « J’ignorais que tu avais un tel talent de comédien. Je crois que tu t’es trompé de domaine mon coco, il aurait mieux fallu que tu fasses du théâtre au lieu de dealer. » J’articulais bien le dernier mot. « Tu pourras d’ailleurs noter que tu as été le premier à parler de deal proprement dit alors je ne peux qu’en supposer ta culpabilité. » Je lui retournai alors son petit clin d’œil, espérant bien qu’il en serait encore plus agacé que je ne l’avais été par le sien. Il n’y avait malheureusement pas d’instruments de mesure existant pour me le confirmer. Toutefois, il n’était pas nécessaire d’en avoir sous la main pour comprendre qu’il était fou de rage. Il fallait avouer que je n’en étais pas moins que lui. Pas pour rien que je tentais de l’emmerder bien comme il faut. C’était ma petite vengeance personnelle. Du moins, ce n’en était qu’une partie parce que tout son petit discours là passait un peu beaucoup au travers de ma gorge. Mais chaque chose en son temps. Je me vengerais pour la dernière fois en lui gâchant sa soirée. Œil pour œil, dent pour dent. Le reste je verrais plus tard.
Je tentais alors de garder contenance face à lui. Hors de question que je réagisse comme il l’entendait, comme il le prévoyait. Non, je voulais garder ce sentiment d’être en position dominante – bien que physiquement je ne l’étais vraiment plus – et il pouvait bien me cracher ses autant de fumée de cigarette qu’il le voulait. C’était tellement inoffensif. Et voilà qu’il m’attaquait de nouveau avec mon statut de divorcée, de femme éternellement seule. (Il me semble bien avoir déjà dit l’autre fois que j’en pouvais plus de cette manie des gens à ma définir par mon statut civil, non ?) Alors pour le coup, je ne retins pas un hoquet d’offuscation. J’étais d’ailleurs sur le point de craquer, à m’emporter. Parce que lui plus que tout autre était la dernière personne à avoir le droit de me juger à propos de mon récent divorce. Mais je ne pus me mettre à hurler comme j’étais sur le point de le faire. Non. Au lieu de cela, je retrouvais cette proximité dérangeante entre nos deux visages ; je me mis à déglutir à l’idée que la dernière fois les choses n’avaient que trop dérapé. « Tu n’arrives donc pas à me foutre la paix ? » Ces mots me furent étrangement salvateurs – surtout qu’il recula après les avoir prononcé – aussi j’en profitais pour revenir dans la course. « Alors là tu vois, si tu veux que je te foute la paix t’as qu’à en faire de même avec moi ! Tu vas voir comme c’est magique ! » Autrement, je n’aurais pas perdue mon temps à m’embêter à… l’embêter. Oui parce que l’embêter me mettait autant sur les nerfs que si c’était lui qui le faisait exprès. En fait, du moment que ça avait un rapport avec lui, je ne pouvais qu’être esclave de la colère. « A croire que je ne peux bientôt plus me déplacer sans avoir ton ombre qui me suit partout. Tu te lance dans un nouveau métier ? Nounou ? Là aussi tu serais médiocre » Attendez pour voir… Ne viendrait-il pas de me qualifier de « médiocre » ? « Comment ça là aussi ? Et d’abord, j’ai pas le temps de m’occuper de tes affaires. Je suis juste là pour admirer à quel point mon cousin est bien bas. Lui qui se permet de critiquer ouvertement la vie des autres pourtant comme si la sienne était bien meilleure.  » Médiocre… Pfff.
Puis voilà qu’il se rassoit, genre je n’existe pas. Quoiqu’en fait il n’ait pas réussi à oublier longtemps mon existence, les yeux fixés sur mes pieds. Enfin, plutôt sur mes chaussures. « Ose te moquer moi avec mes chaussures de la dernière fois, et je te fais bouffer celles-ci.  » Une menace qui était sortie tout droit du cœur. En fait, j’aurais du le faire plutôt. Maintenant j’avais peur qu’il ne m’en donne pas l’occasion. C’était toujours un plaisir de s’occuper des mauvaises graines. En parlant de ça… il essayait de me faire déguerpir comme si j’en étais une, faussement poli avec son « Bonne soirée Elizabeth. » Pour la peine, il ne se débarrasserait pas de moi aussi facilement ; je serais la mauvaise herbe qui envahit son jardin. « Je ne partirai que lorsque je le voudrais bien d’abord. » Une nouvelle fois, j’allais commencer avec mes gamineries. Mais tant pis… « Et puis tiens j’aimerais bien m’asseoir moi aussi.  » En fait non. Pas vraiment. Je voulais juste faire chier mon monde. Je m’asseyais donc sur le sable, dans exactement la même position – je l’ai dit que je me fichais des gamineries non ? – histoire de bien pousser son agacement au maximum. « Mais qu’est-ce qu’on est pas bien ici…  » C'était presque cool de jouer à la chieuse pour une fois. 
 

Et moi qui ne voulait pas m’énerver. C’était raté, sur toute la ligne. « Pour que tu joues cette carte d’entrée, c’est que je dois avoir vraiment vu ce que j’ai cru voir. Et surtout, que ça te fait bien chier ». Elle marquait un point, mais hors de question de le lui faire comprendre. Et puis merde, de quoi se mêlait-elle aussi ? C’était de notoriété publique que je dealais, alors je ne voyais pas ce qu’elle venait foutre là. Ce n’était pas non plus un secret. Certes, je faisais plus attention, mais tout de même. Elle avait vraiment le don de me les casser ces derniers temps. Dans un sens, je l’avais bien mérité après tout ce que je lui avais fait subir. Toutefois, je continuais à penser ce que je lui avais dit la dernière fois qu’on s’était vu. Fallait qu’elle grandisse dans sa tête et qu’elle se comporte enfin comme une fille de son âge et non plus comme une adolescence écervelée. A croire qu’elle était restée bloquée à cette époque. Je serais les dents, fourrant les mains dans les poches. J’avais trop peur de savoir de quoi j’étais capable. Il valait mieux les mettre à l’abri avant qu’elles ne me démangent trop. « J’ignorais que tu avais un tel talent de comédien. Je crois que tu t’es trompé de domaine mon coco. Il aurait mieux fallu que tu fasses du théâtre au lieu de dealer. Tu pourras d’ailleurs noter que tu as été le premier à parler de deal proprement dit alors je ne peux qu’en supposer ta culpabilité ». Je m’approchais d’elle. « Ha, ha, très drôle. T’as mangé un clown ce midi ? » Je soupirais, avant de prendre une grande inspiration. « Tu veux tout savoir ? Oui, je deale, et alors ? Ce ne sont pas tes affaires. A moins que … toi aussi tu te nourris de la misère des gens ? Tu t’abreuves de ceux qui ont une vie plus pathétique que la tienne pour te sentir mieux dans ton corps et dans ton esprit ? » C’était sorti tout seul. Je ne voulais en rien la comparer à Janine, mais son ombre planait toujours au-dessus de moi, et je n’arrivais pas à l’oublier. Encore moins ses mots. Il fallait que ça sorte. Je n’étais vraiment pas en état de me battre ni de lui tenir tête, mais y avait des limites. C’était la colère qui parlait là. D’ailleurs, je ne cherchais même plus à prendre le dessus ou à l’enfoncer davantage. « Au fait non, pas besoin de répondre. Je doute fortement que ma vie t’intéresse. Alors, si tu veux bien, laisse-moi tranquille ».

Je m’éloignais, avant de me rapprocher. Je ne savais plus quoi faire. J’essayais de la faire sortir de ses gonds, pour au moins avoir une petite victoire, mais même ça, ça ne marchait pas. Elle avait décidé de faire barrage. Elle gâchait vraiment tout. Nous y revoilà. « Alors là, tu vois, si tu veux que je te foute la paix, t’as qu’à en faire de même avec moi ! Tu vas voir comme c’est magique ». Je levais les yeux au ciel. Encore et toujours la même rengaine. Décidément, elle n’allait jamais changer. Je croisais les bras. « Faut vraiment que t’aille voir un psy pour arrêter de vivre dans le passé toi. Et arrête de toujours tout vouloir me mettre sur le dos. On était adolescents à la fin. Il me semble que ça fait un bail qu’on a dépassé ce cap, non ? Apparemment, toi pas. Et la semaine passée, oui, je conçois … mais ce n’est nullement une raison de se comporter d’une façon si puérile. Tu es tombée bien bas Ellizabeth ». Je reculais encore une fois, après avoir été trop près d’elle. Nos visages à seulement à quelques centimètres l’un de l’autre. « Comment ça, là aussi ? Et d’abord, je n’ai pas le temps de m’occuper de tes affaires. Je suis juste là pour admirer à quel point mon cousin est bien bas. Lui qui se permet de critiquer ouvertement la vie des autres pourtant comme si la sienne était bien meilleure ». Je me laissais tomber. Las. N’ayant même pas envie d’y répondre. Voulant la laisse mariner, mais là aussi, c’était plus fort que moi. Elle avait dit une chose que je n’avais pas réellement appréciée. Et il faut bien le dire, ce n’était pas dans mon habitude de fermer ma gueule. Même si l’envie n’y était vraiment pas. « Répète vois ce que tu as dit là ? Tu n’as pas le temps de t’occuper de mes affaires ? Casse-toi alors. Je ne demande que ça, te voir partir. Je ne t’ai rien demandé moi ». Je sortis une nouvelle cigarette de ma poche, ayant complètement oublié celle d’avant, qui s’était consumée un peu trop rapidement. Je l’allumais, regardant dans le vague. « Ha, si je comprends bien, seulement parce que je deale, ma vie serait … merdique ? C’est ça que tu insinues ? » Je secouais la tête. « C’est mon choix de vie, et oui, je pense avoir une bien meilleure vie que certain. Je suis libre de faire ce que je veux, je n’ai aucun engagement à tenir, et je vais t’épargner de parler de divorce et tout ce charabia. Et oui, désolé de te décevoir, chère cousine, ma vie me plaît comme elle est. Si toi elle ne te convient pas, ce n’est pas mon problème ». Mon regard se posa sur ses chaussures, et je dus me forcer pour faire une remarque désobligeante. Pour simple réponse, j’haussais les épaules. Tout comme quand elle s’assis à mes côtés. « Mais qu’est-ce qu’on n’est pas bien ici … » Je soupirais, il ne manquait plus que ça. La voilà scotché à moi maintenant. Tout en regardant toujours droit devant moi – en n’ayant aucune envie de changer de place, après tout, ce n’était pas à moi de bouger – j’éteignis ma cigarette dans le sable, avant de me laisser tomber de tout mon long, la tête se posant sur une de mes vestes. « Soit. Après tout, tu fais ce que tu veux, je ne peux pas t’empêcher de rester. La plage de ne m’appartient pas ». Je contemplais les étoiles, toujours ces fameuses étoiles, en fermant les yeux, essayant d’oublier la présence de ma cousine. Je ne saurais dire pourquoi, mais je sentais qu’elle n’en avait pas encore fini avec moi. Ce qui était sûr, c’est qu’à partir de maintenant, j’allais me murer dans le silence.
 

A me demander si j’avais mangé un clown à midi, j’étais très tentée à lui retourner la question ; il se pensait bien drôle aussi alors qu’il ne l’était pas. Je préférais ignorer sa question. Et ça a valu le coup. Parce qu’était venu le moment de ses aveux. Là j’en avais le cœur net, il dealait encore ; je n’étais pas une folle paranoïaque en train de divaguer. N’empêche je le connaissais quand même bien mon cousin au final. Quel comble ! A l’évocation que ce n’était pas du tout mes affaires, je haussais les épaules. Oui certes mais je ne pensais pas qu’il pouvait être aussi têtu pour continuer même après son séjour en prison. Il fallait croire que mon estime pour lui était encore bien trop haute – alors qu’elle était déjà bien basse. Je n’eus toutefois pas le loisir de m’en soucier plus longtemps parce que son discours me parut soudainement un peu étrange, un peu à côté de la plaque – dans le sens où les paroles qu’il débitait ne paraissaient pas vraiment m’être adressées. Une moue d’incompréhension sur le visage, je me demandais intérieurement d’où sa venait cette histoire de « se nourrir de la misère des gens ». Depuis le temps quand même, je ne connaissais que trop les reproches qu’il me faisait, et là c’était vraiment étrange. « Mais de quoi tu… » Parles. Il m’avait coupé la parole – ce que je n’appréciais pas beaucoup – mentionnant que je me fichais bien de sa vie, me demandant de le laisser tranquille si je le voulais bien. « J’en ai pas trop envie non. »
J’avais rarement vu Landon aussi… agité ? Je voulais dire, je l’avais déjà vu maintes fois sur les nerfs – à toutes nos rencontres en fait – mais là ça avait l’air différent. Satisfaite de ma petite vengeance par rapport à la dernière fois, je n’en prêtais guère attention. Et j’étais beaucoup trop occupée à l’écouter me donner une leçon de vie. « Tu peux bien parler toi. Moi au moins je ne suis pas noyée dans la drogue et je n’ai jamais été en prison. » Non mais… J’en avais marre qu’il se prenne pour le sage de la famille ; il était bien loin d’être un modèle. (Et je sais bien que je viens tout juste de le lui faire comprendre à ma façon…)
Je vous épargnerais  les détails de ce qui fut dit ensuite mais je vous rappellerai quand même que nous en étions au moment où on évoquait sa « vie merdique » - ses mots, pas les miens, je n’avais jamais rien de tel. J’avais eu encore droit à un grand discours – à se demander depuis quand il pouvait se montrer aussi éloquent – si éloquent était le mot à utiliser dans ce cas-là du moins…  « Tant mieux pour toi si ça te convient. C’est ta vie après tout, oui effectivement ! Je trouve juste un peu con sur ce coup-là c’est tout. » Pas la peine de préciser « parce que tu as déjà fait de la prison à cause de ça « crétin» ; il était censé être intelligent pour comprendre non ?
S’ensuit sa remarque bien désagréable sur mes chaussures et je n’en ratai pas l’occasion de le menacer de le les lui faire bouffer si jamais il continuait sur ce terrain, j’en avais bien eu assez ma claque comme ça la dernière fois – je n’aurais pas cassé le talon s’il n’était pas venu me faire chier chez Mr Smith… Ce fut alors que je ne manquai pas de lui imposer ma désagréable compagnie. « Soit. Après tout, tu fais ce que tu veux, je ne peux pas t’empêcher de rester. La plage de ne m’appartient pas » Petit sourire victorieux de ma part.  C’était presque trop facile…  Mais bon il n’avait eu pas tort un peu plus tôt, j’avais rien de mieux à faire de ma soirée. Je commençais à me rendre compte que j’étais peut-être un peu plus désespérée que je voulais bien le faire croire. Et je ne lui donnerais pas le malin plaisir à le savoir. Au lieu de cela, je regardais à mon tour les étoiles, silencieuse un tout petit instant – juste le temps de me dire que je ne m’étais pas posée comme ça pour admirer le ciel depuis… un bout de temps, je ne savais pas trop au juste. « T’es tellement plus agréable quand tu la fermes,. » Mais en même temps que je lui disais ça sur un ton un peu moqueur, je réalisais que depuis tout à l’heure il n’était pas vraiment le même crétin cousin avec lequel je me disputais habituellement. Et là je repensais à ce s choses étranges dont il avait fait mention un peu plus tôt, comme quoi je ferais peut-être partie de ces gens qui « s’abreuvent de la misère de gens pathétiques «  ou un truc du genre. Plus j’y pensais, plus je me disais que que quelqu’un – qui aucune puisque de toute façon je suis TRES LOIN de le fréquenter lui et donc encore moins ses soi-disant potes. « Je ne sais pas qui t’as mis dans un état pareil mais il faudrait vraiment que je rencontre cette personne, histoire qu’elle me dise comment elle fait tiens. » Quoi ? Vous aviez cru pendant u moment que j’allais dire un truc gentil ? Raté. J’avais encore besoin de me défouler sur lui moi.
 

Toute cette histoire entre nous commençait légèrement et gentiment à me porter sur les nerfs. A me fatiguer aussi. A la longue, ça en était devenu même barbant. C’était toujours la même chose, un cercle vicieux, dont nous étions les personnages principaux. Impossible d’y échapper. A chaque fois qu’on se voyait c’était la même rengaine, à n’en plus finir. Et pourtant, je continuais à lui répondre, alors que je savais que j’aurais dû me taire. Arrêter ces gamineries. C’était toutefois plus fort que moi. Je n’y pouvais rien. « Tu peux bien parler toi. Moi, au moins, je ne suis pas noyée dans la drogue et je n’ai jamais été en prison ». Je l’écoutais qu’à moitié. Des reproches, encore et toujours, mais jamais, au grand jamais, elle ne se mettait à ma place. Si je m’étais noyé dans la drogue, comme elle le disait si bien, c’est qu’il y avait une raison. Et je n’étais ni le premier et certainement pas le dernier. Pour la prison, c’était juste un malheureux concours de circonstances. Voilà tout. Mais à quoi bon le lui répéter ? Elle était du genre à comprendre que ce qui l’arrangeait, quitte à déformer la réalité. Je ne la relançais pas, baissant les armes. « Tant mieux pour toi si ça te convient. C’est ta vie après tout, oui effectivement ! Je trouve juste un peu con sur ce coup-là, c’est tout ». Je levai les yeux au ciel, ne répondant pas non plus. A quoi bon ? Sans dire un mot de plus, je retournais à ma place de tout à l’heure, et je me laissais tomber, posant ma veste à même le sol pour y déposer ma tête, contemplant le ciel qui s’étendait à l’infini. Je la sentis venir s’installer non loin de moi et je fermais les yeux. Elle n’était pas prête de me ficher la paix.

Le silence. Enfin. Je me faisais bercer juste par la légère brise du soir, ainsi que le bruit des vagues, au loin. C’était paisible. Gardant toujours les yeux fermés, je me revis, à mes quatre ans, entourés de mes parents, assis sur une plage quelconque. Nous étions heureux, nous étions réunis, et à cette époque, tout se passait bien. Mon père était sorti de prison et ma mère avait commencé une cure de désintoxication. Pour fêter les retrouvailles, nous étions partis en vacances à la plage, avec nos maigres économies. Je me vois encore courir comme un fou dans le sable, ou derrière une vague, avant de me faire littéralement asperger de la tête au pied. De rire aux éclats. Le bonheur, pur et simple. Rien ne prédisait qu’à peine une année plus tard, tout allait voler en éclat. J’en avais presque oublié la présence de l’autre harpie, jusqu’au moment où elle gâcha tout. « T’es tellement plus agréable quand tu la fermes … » Je me levai, ou plutôt je me surélevai m’appuyant sur mes coudes, lui lançant un regard noir. « Putain, tu ne pouvais pas te taire pour une fois ? » Je chassais une larme prête à déborder dû à mes souvenirs, avant de l’ignorer. Sérieusement quoi ! Si c’était si agréable qu’elle le disait – ce qui était vrai – elle pouvait très bien se taire et en profiter. Mais non, fallait qu’elle gâche tout. « T’as un sérieux problème toi » Je secouais la tête. Voilà, j’étais à nouveau énervé. Et elle ne s’arrêta pas sur la lancée. « Je ne sais pas qui t’as mis dans un état pareil mais il faudrait vraiment que je rencontre cette personne, histoire qu’elle me dise comment elle fait, tiens ». Je la fusillais de nouveau du regard, en étant presque choqué qu’elle ait pu remarquer qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez moi. M’empêche, sa remarque me donna l’impression de recevoir un poignard dans le ventre. Tout ce que je demandais – ce n’était pas grand-chose – c’était oublier, et même là, dans une histoire dont elle ne connaissait rien, elle y fourrait son nez. Elle était plus que toxique. Je pris une grande inspiration, fermant les yeux, l’imaginant la tête enfouie dans le sable, étouffant, avant de les rouvrir, plus calme. Il ne fallait pas que la colère prenne le dessus. « Même pas dans tes rêves. Cours toujours pour que je te dise quoique ce soit ».

Je me recouchais, ne poursuivant pas la conversation. Je sortis mon téléphone portable de la poche, pour y composer un texto : Kyle, est-ce que tu pourrais me rendre un service ? Je n’ai nullement envie de mettre les pieds à la fête et … j’aurais besoin d’un petit remontant. Tu peux m’amener quelque chose ? Je le rangeais, en mode vibreur, avant de passer mes bras sous ma tête. Environ une quinzaine de minutes plus tard, Kyle était à ma hauteur, un pack de bière dans la main, qu’il posa à mes côtés. Je le remerciais d’un signe de tête avant qu’il reparte dans la direction inverse. Je m’assis, décapsulant une bouteille avec mon briquet, avant de porter le goulot à ma bouche et d’en boire une longue gorgée. Avec une de mes mains, je jouais avec le sable, le laissant glisser entre mes doigts, comme un enfant. Enfance que je n’avais pas même pas eu. Pas comme les autres du moins. Je me tournais vers ma cousine – impossible de l’oublier complètement « J’imagine que tu ne comptes pas me laisser tranquille, à ce que je vois. Qu’est-ce que tu veux ? » Tant qu’à faire. Plus tôt elle obtiendra ce qu’elle voulait, mieux ça sera pour tout le monde, et je pouvais enfin poursuivre ma soirée en solitaire, dans la tranquillité.  
 

Landon ne répondant même pas à une insulte, j’aurais tout vu… Je l’avais pourtant bien traité de « con » me semblait-il. Il n’y avait rien de mieux qu’une petite insulte bien placée pour le faire démarrer aux quatre tours habituellement. Et là, rien. Aucune réaction. Il se contentait d’aller s’asseoir sur la sable. Vu que je n’allais pas non plus droit à une dispute apparemment, j’aurais très bien pu le laisser là tout seul et rentrer. Mais rentrer pour quoi faire ? Dessiner des plans, siroter un verre de vin devant une série TV, écouter la radio jusqu’à pas d’heures jusqu’à ce que le sommeil me prenne. Je n’avais pas envie de rentrer ; rien ni personne ne m’y attendait de toute façon. Alors je restai là, je m’installai même sur le sable moi aussi, l’imitant parfaitement. Et je le maudissais intérieurement d’avoir raison en disant que ma petite vie n’est pas intéressante. Je passais donc mes nerfs sur lui comme à mon habitude. « Putain, tu ne pouvais pas te taire pour une fois ? » avait-il dit entre autres. Et je répondais donc : « Je fais ce que je veux ! »  ou même encore « Oui bah toi aussi t’as un gros problème ! » A cette dernière exclamation, j’avais surtout fait référence à ses petites activités commerciales. Sauf que je me disais aussi qu’il avait aussi littéralement un problème. Il était trop… calme – dans le sens où il ne réagissait pas tant que ça parce qu’il était quand même très énervé. Et je le lui avais donc fait remarqué que je m’en étais rendue compte. De la façon la plus désagréable possible bien évidemment. Pourquoi serais-je sympa avec lui après tout ? « Même pas dans tes rêves. Cours toujours pour que je te dise quoique ce soit » Je haussais les épaules et répondait d’un ton marquant l’évidence. « Je ne t’ai pas demandé non plus ! J’espère juste la rencontrer bien malgré toi, que je vois ce qui peut rendre mon cousin encore plus ronchon que ce que j’en suis capable. C’est plutôt intéressant. » A ce moment-là, une brise souffla dans mes cheveux qui recouvrirent mon visage avec quelques mèches rebelles. Agacée, je nouai mes cheveux en une parfaite queue de cheval avec un petit élastique que je portais toujours au poignet au cas où. Je sortais ensuite mon téléphone, j’y vérifiai l’heure qu’il était. Pfff… Il était encore trop tôt pour rentrer à mon goût. Je jetai un œil à mon cousin qui, maintenant allongé sur le sable, avait sorti son téléphone portable lui aussi, écrivant visiblement un message. J’en aurais fait de même mais je n’allais tout de même pas déranger Lexie ou encore Erin. J’usai alors plutôt un peu de ma batterie pour vérifier mes mails mais excepté quelques newsletters rien de bien important. Mais qu’est-ce que je m’ennuyais…
Mon ennui s’en alla quelque peu quand le mec que je supposais être celui de tout à l’heure – en tous cas la silhouette correspondait bien à mes souvenirs – se pointa avec un pack de bière. Aaaaaahhhhh, c’était ça le message alors… Je ne cachai pas ma curiosité en observant toute la scène, en silence. Lorsque nous fûmes de nouveau seuls, je l’observais toujours, tandis qu’il buvait une des bières. Je finis par rompre le silence. Encore. « Et tu comptes tout boire tout seul ?  » lui demandai-je sur un ton de reproche. « Toujours aussi raisonnable à ce que je vois. » Oui, voilà om je voulais en venir. Pas que je lui demandais la bière comme la dernière fois où je lui avais demandé une clope. De toute façon, la bière c’était vraiment pas mon truc. Je réussis à ne plus me faire snober suite à ma remarque. Il finit même par me demander ce que je voulais. J’avais pris une dizaine de secondes pour y réfléchir quand je lui répondis enfin. « Rien ! » hurlai-je d’abord. « Je veux juste pas rentrer chez moi. » Sur un ton boudeur, c’était tout ce que j’avais trouvé à dire. Je n’avais même plus envie de l’embêter non plus ; ce soir, il n’était juste pas dans l’humeur idéale pour que je le fasse, il manquait de mordant. « Et j’aime pas dire ça, mais t’es la seule compagnie que je puisse avoir là maintenant. » déclarai-je, dégoûtée que j’en arrive au point de l’avouer. « Tu peux te moquer de moi si tu veux j’en ai rien à faire. » En fait, si un peu mais au point où j’en étais ces derniers temps…Ce n’était plus qu’un pauvre détail.
 

A bien y réfléchir, c’était une soirée parfaite. La température était idéale, il ne faisait ni trop froid, ni trop chaud, et le paysage qui s’étalait devant moi était juste magnifique. Le seul bruit présent était celui des vagues. Toutefois, c’était sans compter la présence d’Elizabeth, qui avait eu la bonne idée de s’incruster, et de tout gâcher par la même occasion. Soupirant, je portais la bouteille de bière à mes lèvres, sans même lui en proposer une. De toute façon, je la connaissais trop bien. Elle était plutôt du genre à boire du vin, tenant le verre d’une manière sophistiquée, plutôt que de se ruer sur une boisson purement masculine. D’ailleurs sa remarque me fit bien sourire, et pour le prouver, un rictus moqueur se dessina sur mes lèvres. « Dit-elle celle qui ne boit pas de bière » Je levai les yeux au ciel, avant de la fusiller du regard. « Tu insinues quoi là ? Tut tut tut, je t’arrête tout de suite. Je sais très bien à quoi tu faisais allusion, et je ne vois pas en quoi le fait de boire une bière, UNE, fait de moi une personne pas raisonnable. Ni en quoi ça change que j’en boive une ici, ou dans un bar avec des amis ». Non mais vraiment, elle se prenait pour qui là ? Ma mère ? Et encore, elle était pire. Me semblait que j’avais encore le droit de faire ce que je voulais de ma vie, et si mon envie du moment était de boire tranquillement une bière sur plage, je n’allais pas me gêner. Ce n’était pas comme si j’en buvais à longueur de journée, et que mon seul était de me saouler non plus. Non mais vraiment. Je soupirais. Si seulement elle pouvait se taire et se mêler de ses affaires. Je me tournais vers elle, un rictus mauvais cette fois-ci dessiné sur mes lèvres, remplaçant celui moqueur de tout à l'heure « Parce que boire plus que de raison dans une boîte pour se faire sauter par le premier venu, c’est plus raisonnable tu penses ? »

Sans trop savoir, certainement pendant un moment de faiblesse de ma part, je lui proposais donc de me demander ce qu’elle voulait, et que j’y allais y répondre. Ça, c’était avant. Je m’étais ressaisi et il était hors de question que je me refasse avoir. Sa réponse m’étonna. C’est ça, et puis mon cul, c’est du poulet peut-être ? Je savais très bien qu’elle crèvera d’envie d’en savoir plus. De savoir qui réussissait à me mettre dans des états pareils. Juste pour m’enfoncer encore plus. Au moins, elle ne posa aucune question. Etonnamment. « C’est cela oui ». Je levai les yeux au ciel. Désespérant. « Ce n’est pas ce que tu disais y a peine deux minutes. Tu frétillais d’impatience de connaître la source de tous mes malheurs, juste pour te dire que ta vie est meilleure. Mais je dois t’avouer que pour une fois,t'es sympa. Tu ne t’acharnes pas. De toute façon, je ne comptais pas te répondre ». Le mot sympa avait failli m’écorcher la gorge, et je portais de suite la bouteille à mes lèvres. N’ajoutant rien du tout, continuant à l’écouter blablater. Puis je m’immobilisais, comme pétrifié. Je tournai lentement, très lentement même, la tête vers elle, les sourcils froncés. Je failli m’étouffer à ses mots. Je n’arrivais plus à parler, tellement j’étais abasourdi par ce que je venais d’entendre. A se demander presque si je n’avais pas halluciné. Surtout venant de sa part … et connaissant tout l’amour qu’elle avait pour moi.

Il me fallut un petit moment avant de reprendre mes esprits, et comme elle l’avait si bien dit, je n’allais pas me gêner. Elle me tendait une perche, je la saisissais. « Ohhhh, c’est que ça me toucherais presque ce que tu viens de dire là ». Je fis semblant de sécher des larmes inexistantes. « Je savais que tu étais déjà bien bas, mais pas que tu avais touché le fond. Continue de creuser, t’arriveras bientôt de l’autre côté à la vitesse à laquelle tu t’enfonces » Cette fois-ci, mon rictus mi mauvais, mi moqueur ne quitta plus mon visage. Je lui donnais une petite tape sur l’épaule. « Je savais bien que tu ne pouvais pas te passer de moi », raillais-je. J’haussais les épaules. « Tu vois, ça ne me vexe même pas que tu insinue que je ne suis qu’une roue de secours pour toi, et avoue-le, ce n’est pas le cas, mais le fait de savoir que tu te trouves toute seule ... Tu ne sais pas à quel point ça me fait jubiler ! J’ai peut-être une vie merdique comparé à la tienne, mais au moins, j’ai des amis moi ! et je ne me sens pas obligé d’aller emmerder mon monde pour rompre la solitude ». Je finis d’un trait ma bière, enfonçant la bouteille dans le sable, pour ne pas que je l’oublie en partant. Je restais silencieux un court instant, regardant droit devant moi, avant de revenir vers elle, une cigarette à la main. « Mais vois-tu, ma très chère, tu as juste oublié quelque chose. Je n’ai pas envie de toi. Ce n’est pas très poli pourtant de m’imposer ta présence, pour un simple caprice de gamine pleurnicharde. Retourne donc au Mr Smith, ça te fera le plus grand bien », ricanais-je, avant de la toiser de la tête au pied. « Quoique non, n’y vas pas. Vu t’as dégaine … tu vas plus les faire fuir que les attirer. Personne ne voudra jamais de toi. Estime toi heureuse que malgré tout, je t'accepte encore. Pauvre petite fille qui a peur de se retrouver toute seule.  ». Moi enfoncer les gens ? Non, jamais.
 

Je ne pouvais m’empêcher de remarquer à quel point les sujets de nos petites – et grosses – disputes étaient souvent très futiles. Pour vous dire, avec mon cousin, nous en étions à débattre sur un pack de bières que son pote lui avait ramené… « Parce que les autres bières sont juste là pour la déco peut-être ? » demandai-je en roulant des yeux. J’aurais très bien pu également m’attarder sur le sujet auquel il avait cru que j’avais fait allusion mais je n’en avais pas particulièrement la patience ce soir-là. Néanmoins, Landon en avait encore bien suffisamment pour s’attarder sur les sujets qui fâchent – même si, à bien y réfléchir, il n’y avait jamais eu de sujets qui ne fâchent pas quand il s’agissait de nous deux… « Là c’est moi qui t’arrête ! Je n’ai jamais eu l’intention d’être bourrée ce soir-là, et je n’allais sûrement pas coucher avec le premier venu ; Parce que tu crois que l’autre idiot qui s’est enfui ça avait été le premier de la soirée peut-être ? » Mon ton se montra un peu plus… sec que prévu et je m’en serais sûrement excusée si je m’étais adressée à quelqu’un d’autre que mon cousin. Tant pis pour lui. Moi coucher avec le premier venu ? J’avais une estime assez haute estime de moi-même pour quand même avoir quelques critères. Si ce que Landon avant dit ce soir-là était vrai – et je pense que c’était probablement le cas – et que le mec en question n’allait me considérer que comme un trophée ; je n’en avais rien à faire, du moment qu’il restait correct et respectueux envers une femme lorsqu’il passait du temps avec elle… Et puis pourquoi encore penser à ça puisque de toute façon, la soirée s’était très mal terminée – et surtout avait pris des tournants très curieux et interdits…
Je ne mentirais pas… Je mourais d’envie de savoir la raison et surtout le personne responsable du comportement quelque peu inhabituel de mon cousin. Toutefois, lorsqu’il me demandait ce que je souhaitais – espérant se débarrasser de moi en le sachant – je ne lui partageais pas ce désir de tout savoir. Mon esprit était quand même plus occupé ailleurs. Et surtout je voulais tout faire sauf rentrer. Faute de mieux, j’allais rester là avec lui. J’aurais été mieux seule. Cependant, il y avait ces avantages lorsque l’on était une femme, seule, à la tombée de la nuit, de rester tout près d’un homme que l’on connaissait : cela découragerait quelques pervers et psychopathes de venir m’embêter. Même si depuis la soirée au Mr Smith, je pouvais très bien me questionner des intentions de mon cousin… J’aimais à croire que ce n’avait été qu’une simple bévue. Enfin bref… Je fus quand même étonnée d’apprendre qu’il me trouve « sympa » de ne pas chercher à en savoir plus. « De toute façon, je le sais très bien que tu ne m’aurais jamais répondu. » me moquai-je, en imitant le ton qu’il avait employé. Puis, c’était vrai… J’aurais perdu mon temps à insister… On ne faisait pas dans la confidence tous les deux. Du moins, normalement. Parce que, au final, j’en avais fait des confidences d’un sens. Et il ne manqua pas l’occasion de se moquer. « Je savais bien que tu ne pouvais pas te passer de moi » avait-il même dit avant de se lancer dans un discours tout à fait outrant. C’était du Landon tout craché : de l’amertume, de la moquerie, de la cruauté.  « Mais j’ai des amis ! » hurlai-je. « Mais ils ont une vie, et ce n’est pas juste parce que je me sens un peu seule que je vais leur demander de rester à ma disposition à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Parce que contrairement à ce que tu dis je ne me suis jamais considérée comme une reine ! » Alors oui, j’étais venue emmerder mon monde, enfin lui précisément parce que je n’avais rien de mieux à faire. Mais il m’avait tendu la perche sans le vouloir, il fallait le dire… Si je ne m’étais pas rendue compte qu’il dealait, j’aurais cent fois préféré passer mon chemin ! Et ça aurait été le mieux que j’avais à faire de ma soirée. Sauf que je ne l’ai pas fait et que j’avais encore droit à son cruel petit discours de pacotille. La bouche grande ouverte, à l’image de ma grande offuscation lorsque qu’il affirmait que personne ne voudrait jamais de moi, que je n’étais pas attirante, je réagissais, ma fierté de femme blessée : « Je suis très belle femme et les hommes sont nombreux à vouloir se jeter à mes pieds. » Dis comme ça, cela faisait très prétentieux, je vous l’accorde. Seulement, je pensais profondément qu’il s’agissait d’un fait établi ; je me souviens même qu’à l’époque de l’université – et encore aujourd’hui – je ne manquais jamais de faire retourner les hommes. « Ou alors si je suis laide tu devrais admettre que tes goûts en matière de femme sont à revoir parce que la dernière fois tu étais très désireux de m’embrasser et tout ça ! » Et là je grimaçai, me rendant compte que je n’avais pas réfléchi à ce que j’allais dire. Trop tard. Je me levai alors d’un bond, me disant qu’il valait mieux partir maintenant que j’avais remis le sujet sur le tapis sans le faire exprès… « Et puis c’est qu’une perte de temps ! Je serais peut-être bien mieux chez moi finalement. Merci d’avoir été ma roue de secours !  » ajoutai-je avant qu’il puisse avoir le temps de répondre quoique ce soit, jouant la carte de la provocation pour lui faire oublier mes paroles précédentes. Et là je lui tournais le dos avec désinvolture, sur le point de fuir vers ma voiture. Fuir n’était pas vraiment ce que je faisais habituellement. Je préférais assumer et faire face jusqu’au bout généralement. Sauf que je n’en avais plus la force. Pas ce soir. Pas avec lui. Mon état d’esprit actuel ne le permettait clairement pas. La confrontation, je la remettrais à plus tard. Et un peu plus je croisais les doigts pour que Landon en fasse de même. Il n’était pas dans son assiette alors qui sait ? Qui ne tente rien n’a rien…
 

J’avais complètement perdu le fil depuis plusieurs minutes déjà. J’écoute sans vraiment écouter. J’étais fatigué. Lasse. De tout ça. Non pas que le fait d’embêter ma chère cousine ne me plaisait plus, loin de là. Tout simplement, pas ce soir. Je n’étais pas d’humeur, et apparemment, elle avait dû le remarquer, vu sa question.  J’avais réussi à rester impassible, et pourtant, elle ne savait pas à quel point j’avais été brisé à l’intérieur. Comme si le fait de penser à Janine ne me faisait pas suffisamment mal, voilà qu’Elizabeth appuyait là où ça faisait mal. Dans un dernier élan, comme un dernier souffle, avant que la vie nous quitte littéralement, j’avais réussi à lui répondre. A cracher toute ma haine. Dirigée contre elle. Elle était là, c’était mon défouloir. Comme toujours. Mon punching-ball. Mon échappatoire. Manque de pot, c’était toujours tombé sur elle. Comme si, toute la misère du monde, tous les malheurs dans ma triste existence, étaient de sa faute. Et pourtant dieu sait que c’était faux. Tout simplement, je ne me voyais pas me comporter différemment avec elle. Et puis quoi ? Tout lui raconter ? Non, après tout, elle connaissait mon histoire. Alors à quoi bon ? Elle ne pourrait pas comprendre, ou alors elle ne le voudrait certainement pas. Assis sur cette plage, j’étais lessivé. J’étais là sans être là. Physiquement du moins. Mon esprit, lui, était déjà loin. C’est pour cela que, une fois qu’elle avait aussi craché sa rage contre moi, je ne répondis pas. Oui. Cette fois-ci elle avait gagné. J’étais à deux doigts de craquer, dans tous les sens du terme, et c’était préférable pour moi – et surtout pour ne pas lui donner des armes – que je m’abstienne de tout commentaire. Qu’elle jubile seulement, de mon changement de mon comportement. Qu’elle se réjouisse même. Qu’elle se pose des questions, qu’elle me nargue. Je n’en avais rien à foutre, pour parler franchement. Plus rien n’avait d’importance ce soir.

J’étais à nouveau quelques semaines en arrière. Sur cette même plage, un peu plus loin qu’à présent. Sous le rythme assourdissant de la fête qui battait son plein, alors que les gens s’envoyaient en l’air, planaient ou que sais-je encore. Avec elle. Et sa méchanceté. Je n’avais pas été mieux soit dit en passant, et, malgré tout, je regrettais les mots qui étaient sorti de ma bouche. A ce moment précis, tout ce que je voulais, c’était la blesser tout autant qu’elle avait pu me blesser, et c’est comme ça que j’avais fini dans les bras d’une autre. J’avais bien vu son regard, se poser sur nous. Et une sorte de plaisir malsain m’avait transpercé. Suivi d’un grand malheur. Je n’étais pas du genre à m’apitoyer sur mon sort, mais ce soir, je n’en pouvais tout simplement plus. Tout à l’heure, je lui avais dit que je ne changerais rien à ma vie, si misérable soit-elle. Mais c’était faux. Oui, je m’en sortais comme je le pouvais, et dans un sens, je n’étais pas à plaindre. Malgré tout, il me manquait quelque chose. Souvent, j’attaquais ma cousine de front, lui parlant de son échec considérable, son mariage, fini en divorce. Mais au moins, elle, avait eu le mérite de vivre une vraie histoire d’amour. De vivre le rêve de tout le monde, et oui, même du mien, même si, je ne voulais tout simplement pas me l’avouer. Je ne me voyais tout simplement pas encore en train de me poser. De me ranger. Alors que mon cœur criait le contraire. J’avais tout foutu en l’air. Elle ne voudra jamais de moi. J’étais donc perdu dans toutes sortes de pensées, pendant que Lizzie continuait sur sa lancée, ne comprenant qu’un mot sur deux. Puis, je fermais les yeux, espérant que, comme par magie, tout allait s’arranger. Ou que j’allais m’envoler.

Quand je les rouvris, j’étais seul, avec mon pack de bière. Un riche s’échappa de ma gorge, repensant à ce qu’elle m’avait dit, à peine quelques instants en arrière. Je vidais d’un trait celle que je tenais à la main, avant de la jeter au loin. Elle n’était plus là. Elle avait disparu. Je tournais la tête, et je vis au loin une silhouette s’élancer en direction du parking. Je me levai, époussetant mes habits. Saleté de sable. J’étais sûr qu’en rentrant à la maison, même en étant resté habillé, j’en retrouvais jusqu’à dans mon caleçon. J’allais reprendre le cadavre plus loin, avant de le jeter dans une poubelle, et mon pack de six devenu cinq sous la main, je m’élançais à mon tour en direction du parking, profitant du trajet pour profiter d’en griller une dernière. Arrivé sur place, elle était déjà près de sa voiture. Sans trop savoir pourquoi, je m’approchais d’elle. Mon regard était vide. Je me forçais tout de même à faire apparaître un sourire narquois au bout de mes lèvres. « Je cite : J’ai des amis, mais ils ont une vie ». Ce qui, voulait tout dire. Elle s’était trahie. Je lui fis un clin d’œil, qui, soyons honnête, ne ressemblait à rien, avant de m’éloigner, vers ma voiture, à deux pas de la sienne. Je m’appuyais contre la portière, le temps de finir ma cigarette. « Je suis en état de conduire, ne t’inquiète pas pour moi », je levai les yeux au ciel, tout en sachant que jamais elle ne se serait inquiété pour moi. Même elle. « Bonne nuit, Lizzie », dis-je, avant d’ouvrir la porte et de me placer derrière le volant. Je restais un moment sans bouger, avant de démarrer et sortir gentiment du parking. M’éloignant de ce lieu maudit.