A pleasant working day x feat. Ainsley

Ma garde était terminée pour aujourd’hui et nous n’étions qu’en fin de matinée. Bon, j’avais commencé très tôt dans la matinée, mais cela en avait valu la peine. La matinée avait été vraiment bonne et le stress que certaines journées de travail pouvaient causer parfois n’avait pas été présent aujourd’hui.  J’adorais beaucoup mon travail – tout particulièrement parce que je m’occupais d’enfant – mais il n’empêchait qu’il était toujours satisfaisant d’avoir toute une après-midi de libre. Même si je devais avouer que généralement je ne faisais rien d’autre que rester chez moi généralement. A cuisiner. Et c’était certainement ce que j’aillais faire cette fois-ci, encore. J’aurais plus de temps pour préparer quelques petites douceurs pour mes jeunes patients de demain au moins. Et je savais que généralement les enfants appréciaient beaucoup les petites récompenses gourmandes que je leur faisais, parce qu’ils restaient sages. Enfin, je n’apportais pas toujours des friandises, et certains de mes patients ne pouvaient pas en profiter pour des raisons médicales,  mais j’apportais une attention particulière à chacun d’entre eux. Ces petits bouts de choux étaient bien trop adorables pour qu’on puisse s’occuper d’eux sans s’y attacher. Forcément, trop s’y attacher n’était pas conseillé, je ne pourrais travailler correctement sinon. Mais avec le peu d’expérience que j’avais, j’avais tout de même su trouver un certain équilibre.  J’arrivais à aimer ces enfants sans trop m’y attacher maintenant.
« Dr Davenport, attendez ! » Je me retournai pour me retrouver face à une des infirmières attitrées du service pédiatrique. « Je sais que vous avez terminé votre garde mais il y a une jeune patiente qui demande à vous voir. » L’infirmière me fit un clin d’œil, accompagné d’un petit sourire amusé avant de s’en aller. Murée dans l’incompréhension, je rebroussai chemin jusque la salle d’attente. Je me demandais bien pourquoi on me demandait moi. Après tout, nous étions dans un hôpital, les gens généralement ne demandait pas à voir un médecin en particulier. C’était la première fois qu’il m’arrivait une chose pareille en cinq ans de métier. Cinq ans ce n’était pas grand-chose mais j’en avais quand même beaucoup vu déjà. Et mes collègues plus expérimentées m’assuraient que j’en avais encore des choses à voir ! Et pas forcément des belles… C’était le risque quand on choisissait une carrière médicale après tout.
J’atteignis enfin la salle d’attente, m’interrogeant toujours sur l’identité de la jeune patiente qui me réclamait. Une fillette s’avança vers moi et me dit poliment bonjour. Je m’accroupis avant de lui dire bonjour à mon tour. Je reconnaissais le visage de la petite mais je n’arrivais pas à me rappeler qui c’était. Les jambes d’un adulte, peut-être sa mère, apparut derrière elle et je levai alors les yeux. Je ne pus empêcher un sourire en reconnaissant Ainsley, que j’avais connu en quelque sorte grâce à June et que j’avais pu rencontrer de nouveau à La Pignata où elle était serveuse. Je reconnaissais alors la fillete : il s’agissait de sa filleule, et effectivement, je l’avais déjà soigné auparavant. « C’est vous deux qui demandiez à me voir ? » leur demandai-je en esquissant un large sourire, la question s’adressant tant à Ainsley qu’à la petite. Si la réponse était positive, j'en serais très étonnée parce qu'en fait nous nous connaissions vraiment que très peu.

Toujours accroupie devant la fillette, je scrutai le visage de sa marraine. Elle semblait vraiment désolée. Ce que confirmèrent ses dires. « Bonjour. Oui, désolée, on nous a dit que vous veniez justement de terminer, merci d’être venue, Violette ne voulait avoir à faire qu’à vous. » Je ne pus m’empêcher de rigoler légèrement. Franchement, je ne m’étais jamais attendue à autant. Mais cela faisait plaisir de savoir que j’avais fait très bonne impression sur la fillette. Qui d’ailleurs avait une méchante toux à ce que je voyais. Je la regardai, lui adressai un petit sourire et me remis debout, afin de faire face à Ainsley. « Il ne faut pas s’excuser. Si vraiment ça me dérangeait je ne serais pas revenue. » tentai-je de la rassurer. Enfin bon je disais ça mais au fond de moi je savais très bien que je n’aurais jamais refusé sous aucun prétexte : premièrement parce que j’adorais les enfants et que je ne pouvais briser leurs petits cœurs, deuxièmement parce qu’il n’était pas un secret que j’étais beaucoup trop gentille. « Encore heureux que je n’ai pas eu le temps de partir, j’aurais été triste de décevoir une patiente ensuite. » avais-je repris, en toute sincérité.
Ensuite vint évidemment ce moment pendant lequel Ainsley, visiblement très inquiète, m’apprit la raison de leur venue. Bien que je me doutais un peu que la toux de la petite en était sûrement la raison, entre autres. « Elle tousse énormément et m’a fait quelques poussées de fièvre… Ce n’est peut-être rien et vous avez le droit de me prendre pour une folle, mais je ne m’en remettrai probablement pas s’il fallait qu’il lui arrive quelque chose… Comme on dit, mieux vaut prévenir que guérir. » Je hochai la tête en entendant cet adage bien connu. Raisonnant ainsi, l’inquiétude de la jeune femme – inquiétude que non seulement son expression faciale trahissait mais aussi le ton de sa voix – était plus que compréhensible. Évidemment, comme tout bon médecin, mon devoir fut d’abord de ne pas susciter de l’inquiétude. « Non vous n’êtes pas folle, c’est un bon état d’esprit tant que ça ne tourne pas à la paranoïa. » avais-je répondu, en rigolant. Il n’était pas rare de rencontrer des patients qui s’imaginaient le pire au moindre symptôme. Il était vrai que certaines maladies graves pouvaient se manifester tout d’abord par un petit quelque chose avant de vous détruire complètement, mais ce n’était pas si fréquent que ça. « On va vérifier ça. Mais il y a très peu de chance que ce soit si grave. » tentai-je de rassurer la serveuse. Je comprenais son inquiétude mais mon devoir était aussi de la rassurer, même si je n’avais pas encore fait de diagnostic. Et je n’avais d’ailleurs pas menti. Évidemment je ne manquerais pas de prendre en compte toutes les possibilités quant à la raison de cette toux et de la fièvre dont souffrait la fillette. J’indiquai du doigt le couloir qui nous mènerait vers une salle de consultation libre. « On ne va pas perdre plus de temps. » Je finis par regarder la fillette avant de lui poser une question. « Tu me prends la main ? On va s'occuper de toi maintenant. » Je doutais qu’elle s’y refuse. Je n’ignorais pas dorénavant que la petite m’appréciait depuis la dernière fois que je l’avais soigné.