événement #1 (festival de musique)

☆ en ville depuis le : 11/06/2016

festival de musique de san francisco

Quelques semaines plus tôt, lorsque les affiches annonçant le retour du festival de musique ont commencé à apparaître dans la ville, vos amis vous avaient proposé de réitérer l'aventure de l'année précédente, et les folles soirées que vous aviez passées sur la plage. Sauf que vous, le sable qui colle entre les orteils, c'est pas votre truc. Et puis, ils sont bien gentils avec leur musique pop mais ce qui vous plaît vraiment à vous, c'est le rock. Celui qui vous prend aux tripes. Celui qui vous casse le voix à force d'en chanter les paroles à tue-tête. Alors tant pis, quitte à vous y rendre seul, c'est au Golden Gate Park que vous passerez votre festival cette année. De toute façon, vous êtes persuadé que vous y ferez des rencontres, et parmi des gens qui partagent les mêmes goûts musicaux que vous. Et puis, peut-être que vous en profiterez pour aller faire un tour sur la grande roue installée dans le parc pour l'occasion. Vous verrez peut-être même votre maison, de là-haut. Mais vous éviterez cependant de manger trop de burgers ou de barbes à papa avant d'y monter. Ce serait dommage de devoir écourter votre journée parce que vous avez été trop gourmand...

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En voyant les annonces pour le festival en ville, je m'étais promise d'y passer au moins un moment si j'avais du temps. Par contre, l'idée d'aller m'enterrer dans le sable et d'en retrouver partout dans l'appartement pendant des semaines après. Il me restait donc deux possibilités – les bars ou le parc. Au vu de la météo, le parc me tentait beaucoup plus que les bars fermés et sûrement en manque d'aération. Les jours avaient passé et je ne m'étais pas rendue compte que le festival était déjà là avant le matin même. J'avais rapidement envoyé un sms à certains de mes amis pour savoir s'ils voulaient me rejoindre sur place pour profiter de la musique et j'avais décidé d'y aller de toute façon. J'avais donc quitté le bureau dès que j'avais pu et j'avais filé à la maison. Une fois changée, j'avais pris le bus pour rejoindre le festival plutôt que de perdre des heures à chercher une place de parc. Au vu du monde qui était attendu sur place, trouver une place de parc semblait impossible. Même les bus étaient bondés, ce qui était finalement une très bonne chose. Heureusement que les événements organisés en ville attiraient du monde, sinon cela aurait pu décourager les autorités. J'avais fini par arriver sur place où énormément de personnes étaient déjà en train de profiter de la musique. La file pour la grande-roue était conséquente, mais ce n'était pas ce qui m'intéressait. Ce que je voulais, c'était mettre quelque chose dans mon estomac. Je me déplaçai donc vers les stands de nourriture pour regarder ce qu'ils proposaient. Je voyais déjà plusieurs menus alléchants et la décision serait difficile à prendre. Il y avait de nombreuses personnes partout et je pris quelques secondes pour regarder si je connaissais les gens autour de moi. Il me sembla voir quelques visages familiers, mais mes amis n'avaient visiblement pas décidé de venir.

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party hard

« Rhodes, Livingston, le parc. ». C’était un ordre. Je pris mon arme et mon insigne avant de me diriger vers la sortie suivi de près par ma supérieur, le lieutenant Rhodes. Cela faisait maintenant presque une semaine que je travaillais à ses côtés, mais ni l’un ni l’autre n’avait réussi à briser la glace. En même temps, il n’y a pas eu de réels efforts de sa part, ni de la mienne. Nous n’avions échangé que de simples politesses, rien de plus. Le strict minimum va-t-on dire. Le trajet jusqu’au parc si fit donc en silence. Nous étions chargés de surveiller le festival de musique qui se tenait à San Francisco. Un tel évènement ramené tellement de monde qu’il fallait s’assurer du bon déroulement des animations pour éviter tout débordement. Bien entendu, nous ne portions aucun uniforme, il fallait se fondre dans la masse du mieux possible.
Cela faisait maintenant plusieurs heures que nous étions en place. Poppy et moi n’avions pas échangé un seul mot. Nous marchions à travers la foule, vérifiant que tout se passait pour le mieux. Soudain, je ressentis un petit gargouillis dans mon ventre. J’avais faim. Cependant, je ne bronchai pas. Le regard sérieux sous mes lunettes d’aviateurs. Nous nous arrêtâmes finalement sous un arbre afin de nous reposer. On pouvait bien voir les stands de nourritures de là où nous étions. Un endroit parfait pour surveiller que personne n’allait tenter d’enfreindre la loi. Je fixais avec envie les stands dont l’odeur alléchante venait me chatouiller les narines. Un deuxième gargouillis se fit entendre, un peu plus insistant que le premier. Je portai ma main à mon ventre avant de lâcher un petit rire gêné. « Je pense que je vais aller me prendre un truc pour calmer tout ça, tu viens ? ».
C’était un exploit. Sans doute la phrase non professionnelle la plus longue jamais dites à Rhodes. Je lui souris afin de rendre ma demande légèrement plus chaleureuse. Je n’étais pas du genre méchant, mais il est vrai que mon sérieux militaire pouvait parfois se montrer un peu trop froid. Sans réellement attendre la réponse de ma collègue, je commençai à me diriger vers la baraque à frites la plus proche.

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J'étais en train de regarder les stands de nourriture en me disant que mes amis ne s'étaient visiblement pas joints à moi pour la soirée, quand je fus prise par la surprise. Premièrement parce que je venais de voir la longueur de la file qui s'étendait devant le stand de paella. J'avais beau aimer la nourriture espagnole, j'avais bien trop faim pour faire cette file ridicule et ne pas avoir de quoi manger avant une bonne demie-heure. Visiblement les responsables du stand étaient débordés par le succès et n'arrivaient pas à suivre. La seconde surprise fut beaucoup plus grande et me donna l'impression de ne plus pouvoir respirer. Un policier venait de passer devant moi et je fus étonnée de reconnaître son profil. Jusqu'à deux ans auparavant, ce profil était synonyme du bonheur de ma soeur, qu'il appartienne à son fiancé Théo ou à son meilleur ami Austin. Entre temps, les choses avaient beaucoup changé. Théo était décédé des suites d'un accident de voiture et, alors que je comptais sur lui pour m'aider à réconforter ma soeur, Austin avait décidé de disparaître. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là ? Est-ce que ma petite soeur était au courant qu'il était de retour en ville ? Si Ivy croisait Austin, elle allait faire un arrêt cardiaque et ne pas s'en remettre. Je ne comptais pas le laisser tomber sur ma soeur et ruiner sa vie alors qu'elle était enfin en rémission. Je pris donc mon courage à deux main, cherchai à me calmer un peu et franchis les quelques mètres qui me séparaient du seul jumeau Livingston étant encore en vie. « Austin.. De retour en ville après toutes ces années ? » Il était complètement inutile que je cherche à cacher la colère qui transpirait dans le ton de ma voix. Je n'avais jamais fait semblant avec lui et je n'allais pas commencer maintenant. Après son départ de San Francisco, je lui avais laissé quelques messages incendiaires sur son répondeur, donc il savait parfaitement quels étaient mes sentiments pour lui.

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festival de musique.
(événement #1)

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Poppy n'avait aucune envie de passer la journée au parc, encore moins si il s'agissait de surveiller des gens entrain de s'amuser et de profiter de l'insouciance de leur vie. Mais on ne lui donnait pas le choix. Le seul point positif qu'elle voyait là dedans était qu'elle faisait équipe avec Austin Livingston. Tout comme elle, et contrairement à la plupart de ses autres collègues, il ne semblait pas spécialement avoir envie de se faire des amis à tout prix au commissariat. En tout cas, c'était l'impression qu'il lui donnait depuis son arrivée, une semaine plus tôt. Au moins, elle n'aurait pas à se forcer pour lui faire la conversation. Ils prirent donc tous deux la direction du Golden Gate Park, où la fête battait son plein. À peine étaient-ils arrivés d'une demi-heure que Poppy manqua de ramasser un verre de bière sur elle, ce qui n'améliora pas son humeur. Au contraire, elle se renfrogna davantage encore, enfonçant ses mains dans les poches de sa veste en cuir léger, celle qu'elle ne quittait presque jamais. Celle qui aurait pu crier « police » haut et fort, si vous portiez un minimum attention à sa tenue et à la bosse qui apparaissait de temps en temps dans son dos, là où se trouvait son arme, selon la posture qu'elle adoptait. Seulement voilà, Poppy n'avait nullement à craindre qu'on la remarque car personne ne faisait attention à personne, bien trop occupés que les gens étaient à se déhancher au rythme de la musique. Et puis, elle était à l'aise dans cette tenue, donc plus apte à réagir rapidement, et celle-ci ne lui avait jamais fait défaut.

Soudainement, un gargouillis se fit entendre et Poppy tourna la tête vers son partenaire, persuadée que c'était de son ventre que ce bruit provenait. Il sembla pourtant ignorer le cri de son estomac mais ce dernier se manifesta une seconde fois. Poppy ne pouvait nier qu'elle aussi avait faim et qu'elle ne dirait pas non à un hamburger. « Je crois que le monde ne va pas s'arrêter de tourner si on s'accorde une pause. » répondit-elle en tentant d'esquisser un sourire peu convaincant. Ils marchaient en direction du stand de nourriture le plus proche lorsqu'une jeune femme s'arrêta juste devant eux, s'adressant directement à Austin. Visiblement, elle semblait bien le connaître mais ne paraissait pas beaucoup l'apprécier. Restant un peu en retrait de cet échange, Poppy gardait un œil sur les alentours tout en jetant de temps en temps un regard à la jeune femme, soudainement curieuse de savoir pourquoi elle semblait tant en vouloir à son partenaire.

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« Je crois que le monde ne va pas s'arrêter de tourner si on s'accorde une pause. ». Je souris à ma collègue avant d’acquiescer. Il était vrai que notre job était de surveiller toute celle foule excitée, mais nous ne pouvions faire notre job correctement le ventre vide, non ? Je me faufilai à travers la foule en jouant des épaules et pris place dans la ligne qui s’était formé devant la baraque à frites. J’allais me retourner vers Poppy pour lui demander ce qu’elle voulait quand je fus interrompu par une voix familière. « Austin.. De retour en ville après toutes ces années ? ». Lexie Wellington. Ma gorge se serra lorsque je fis face à la jeune femme. Je déglutis difficilement. Je pouvais ressentir toute la colère dans sa voix. En même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir. J’avais abandonné sa petite sœur, Ivy, deux ans plus tôt, la laissant seule avec son deuil. Mes mains étaient moites. Cette situation était plus qu’inconfortable. Si j’avais été seul, peut-être que je n’aurais pas était aussi tétanisé de surprise. Malheureusement pour moi, ma supérieure se trouvait juste derrière moi et elle ne manquait pas une miette de la conversation. « Je… Hum… » bredouillai-je. Je me raclai la gorge afin de gagner du temps. Je n’avais pas forcément envie de m’expliquer devant Poppy. Je passai ma main dans mes cheveux avant de lâcher un petit rire nerveux. J’étais dans un sale merdier. Je tentai de garder un air neutre bien qu’au fond de moi, le souvenir de Lexie avait remué quelque chose. « J’ai été muté à San Francisco donc oui, je pense qu'on peut dire que je suis de retour en ville » finis-je par déclarer d’un ton assuré malgré mon mal être interne. Le visage de Lexie me remémora toutes les raisons pour lesquelles j’étais parti deux ans plus tôt. Je me tournai vers Poppy afin de guetter sa réaction. Elle avait l’air détachée de cette conversation, mais je pouvais voir par ces petits regards furtifs en direction de Lexie que ce n’était qu’une façade. Elle avait piqué sa curiosité de flic. La file avança et je fis un pas vers l’avant. Je savais que la conversation n’allait pas s’en arrêter là, mais je préférais ne rien rajouter. Espérant secrètement que ma réponse simple suffirait à Lexie et que je pourrai continuer ma journée comme si rien ne s’était produit. J’avais peu d’espoir. Même si Lexie partait maintenant, Poppy allait forcément me poser quelques questions.

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J'avais été extrêmement étonnée de voir Austin, au beau milieu du parc où se tenait le festival. En plus il était habillé en tenue de policier et était visiblement chargé de la sécurité. Je n'allais pas prétendre connaître tous les policiers de la ville, loin de là, mais au vu de mes contacts je pensais quand même que j'aurais entendu parler du retour d'Austin en ville s'il portait l'uniforme. Sa présence en ville après une si longue absence me faisait non seulement questionner les motifs de son retour et me faire du souci pour ma soeur, mais cela me poussait aussi à me demander comment il avait occupé ces deux ans passé loin de San Francisco. J'avais toujours été curieuse. C'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'étais profiler et pas psychologue; je ne voulais pas aider les gens, je voulais pouvoir deviner leurs intentions. Les choses n'allaient pas changer parce que j'étais confrontée à une personne que je connaissais personnellement, ou plutôt que j'avais connu, et qui portait l'uniforme. C'était donc avec l'idée d'éclaircir les raisons du retour d'Austin et de le décourager d'approcher ma petite soeur Ivy qui s'était enfin remise de son départ et de la mort du deuxième jumeau Livingston. Je l'avais abordé sans même me rendre compte qu'il n'était pas seul mais que le lieutenant Rhodes, que je connaissais très vaguement de vue était avec lui. Je n'étais pas désolée de l'apostropher devant la personne qui était très probablement sa cheffe et je ne serais pas non plus désolée si notre conversation contenait des éléments négatifs à son sujet. Je fus contente de voir qu'il ne s'attendait pas à me voir et qu'il n'était pas très à l'aise. Cela ne fut pas flagrant, mais son hésitation me parut un signe clair de son embarras. Il m'indiqua qu'il avait été muté et n'ajouta rien d'autre. J'envisageai une seconde de le laisser s'en tirer ainsi, mais le visage de ma soeur en pleurs après son départ me revint en tête et je ne pus m'empêcher d'ajouter. « Dommage, tu avais enfin réussi à te faire oublier. » Je lui lançai un regard appuyé tout en disant cela pour qu'il comprenne à qui je faisais référence. Je n'allais tout de même pas lui dire 't'approches pas de ma soeur' devant le lieutenant Rhodes... pas par respect pour lui, mais parce qu'elle avait peut-être une idée de qui j'étais et je ne voulais pas obtenir une salle réputation à cause de cela.

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Le fait que Lexie reste planter face à moi ne me surprenait pas plus que ça. J’avais côtoyé la jeune femme pendant des années et je savais qu’elle n’allait pas lâcher l’affaire de sitôt. Je voyais bien que ma réponse ne l’intéressait guère. Elle avait un but précis, celui de me faire comprendre que je n’étais plus le bienvenu auprès des Wellington. « Dommage, tu avais enfin réussi à te faire oublier. ». Je n’avais pas eu besoin de voir son regard appuyé pour comprendre le message subliminal qui se cacher derrière cette phrase. Et je voyais bien qu’elle ne parlait pas directement et franchement comme elle aurait voulu le faire. Cela était sans doute dû à la présence du lieutenant Rhodes à mes côtés. Pour la première fois, j’étais presque soulagé qu’elle soit ici. Je souris tout en lâchant un petit rire. Le malaise de tout à l’heure avait presque disparu. Je savais que je n’avais rien à me reprocher et même si cette situation ne m’enchantait guère je décidai de jouer le jeu. En revenant ici je savais que tôt ou tard j’allais devoir faire face à mes actes passés. Pourquoi pas maintenant. Pourquoi pas avec Lexie. Surtout qu’elle et moi étions dans le même camp sans qu’elle s’en rende compte. Nous voulions tous les deux le bonheur d’Ivy. Malheureusement, je savais que mon départ avait causé beaucoup de dégâts pour que cela se remarque et je ne pouvais donc pas en vouloir à Lexie de ne pas comprendre. « Si tu parles d’Ivy, ne t’en fais pas, c’était bien le but. Me faire oublier. C’est pour ça que je suis parti. Pour qu’elle efface mon visage de son esprit. Je l’ai pas fait de gaité de cœur et tu sais aussi bien que moi que c’était la meilleure chose à faire. ». déclarai-je tout en continuant de regarder droit devant moi. Mon ton s’était un peu durci, mais l’on pouvait ressentir ma sincérité dans ma voix. Je savais que cette conversation n'échappait pas aux oreilles de Poppy qui se trouvait toujours derrière moi, mais cela ne me dérangeait plus. Je devais faire face au passé. Je devais assumer mes actes.

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Le fait de me retrouver face à Austin comme cela me faisait repenser toute la situation. Dans le fond, j'en voulais à Austin parce qu'il avait fait du mal à Ivy, mais je m'en voulais aussi parce que je n'avais pas protégé ma soeur. Malgré des études en psychologies, je n'arrivais pas à accepter que je n'aurais jamais rien pu faire pour empêcher la mort de Théo. Je me disais toujours que si j'avais été suffisamment protectrice, j'aurais tenu ma soeur à distance des jumeaux Livingston. Néanmoins j'étais parfaitement consciente que jusqu'au décès de Théo et le départ d'Austin, ils avaient fortement contribué au bonheur de ma soeur et donc cela n'aurait pas eu de sens. Et puis, Austin avait perdu son frère dans cet accident, il devait très certainement se sentir assez coupable sans que tout le monde en rajoute une couche. Il fallait que j'arrête de ne penser qu'à Ivy et de ne pas prendre en compte sa situation personnelle. J'allais bien devoir lui pardonner un jour, mais pour le moment j'étais trop inquiète par la réaction d'Ivy en le revoyant pour pouvoir le laisser revenir dans notre vie sans intervenir. Il me confirma ensuite ce que j'avais longtemps envisagé. Son départ était pour le bien de ma soeur. « Ça n'explique pas pourquoi tu as voulu revenir alors qu'elle passait enfin à autre chose.. » En effet, même si je pouvais concevoir qu'il avait une bonne raison d'avoir quitté la ville et qu'il ne voulait que le bien de ma soeur à ce moment là, cela n'expliquait pas son retour. J'avais l'impression que ma soeur avait oublié la plus grosse partie du traumatisme qu'elle avait vécu deux ans auparavant et je ne voulais pas qu'Austin ramène toute cette douleur à la surface alors que ma soeur semblait enfin avoir remonté la pente. « J'espère que t'as une bonne raison de te pointer en ville. »

HJ:

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Elle avait toutes les raisons du monde de m’en vouloir. Nous n’avions jamais été vraiment proches elle et moi, je ne pouvais donc pas attendre d’elle qu’elle m’accueille les bras ouverts. Cependant, je savais qu’elle pouvait comprendre le fait qu’Ivy n’avait pas été la seule à souffrir dans cette histoire. J’avais perdu un frère ce jour-là, j’avais tué mon frère, mon jumeau. Ce n’est pas une chose avec laquelle il est facile de vivre au quotidien. Si quelqu’un pouvait comprendre ça, c’était bien Lexie. Ivy serait trop aveuglé par son propre malheur et ma famille ne voyait pas du tout la chose comme ça. « Ça n'explique pas pourquoi tu as voulu revenir alors qu'elle passait enfin à autre chose.. ». Je préférais ne pas répondre à sa remarque. Elle ne comprendrai pas. Je ne voyais pas le but de cette conversation en réalité. J’avais pensé qu’elle pourrait comprendre, mais vu sa remarque, elle n’avait rien compris du tout ou du moins, elle le cachait bien. Je ne savais même pas moi-même pourquoi j’étais revenu ici, je dis que c’est pour le boulot, mais est-ce réellement le cas. Je veux dire, j’aurai pu détourné l’offre que l’on me proposé, mais je l’avais accepté. Au fond, peut-être que j’avais besoin de revenir ici pour faire mon deuil, peut-être avais-je espérer renouer avec Ivy. Je ne savais pas. Je gardais le regard dans le vide, refusant tout contact visuel avec Lexie. « J'espère que t'as une bonne raison de te pointer en ville. ». Elle insistait sur la raison de mon retour que je ne pouvais moi-même expliquer. Je finis par me tourner vers elle, oubliant complètement ma collègue. « Comme je te l’ai déjà dit, on m’a muté ici, je bosse ici maintenant. Alors en effet, peut-être que j’aurai pu refuser, mais je n’en avais pas envie. Je suis parti pendant deux ans loin de tout pour faire mon deuil et ça n’a jamais marché. Depuis que je suis ici, je me sens vivre à nouveau, du moins, je me sens moins mal qu’avant. J’essaie tout ce que je peux pour pas retomber en dépression comme j’ai pu l’être. Tout. Donc je suis désolé de venir chambouler tout ton petit monde, mais il y a un moment où j’ai besoin d’être égoïste si je veux survivre. ». Je ne savais pas si ma réplique était judicieuse puisque quelque peu agressive, mais je n’en avais que faire. Elle m’avait ennuyé avec toutes ces questions. Non, je ne comptais pas voir Ivy. Point final, je ne voyais pas pourquoi elle avait besoin d’en savoir plus. Enfin si, je savais, mais ce n’était que pas pure curiosité et je n’appréciais pas ça. « Mais ne t'en fais pas, je ne vais pas aller voir ta sœur adorée.» dis-je avec un sourire amer.

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Je savais qu'Ivy allait mieux depuis quelques temps. J'étais presque sure qu'elle allai enfin passer à autre chose après deux ans à faire le deuil de Théo. Elle n'en était peut-être pas consciente, mais au vu de son récit de la soirée qu'elle avait passé avec Grayson récemment, je me doutais qu'il allait se passer quelque chose entre eux. J'avais beau être l'ex de Grayson, j'étais très contente de savoir qu'ils étaient proches et que quelque chose allait potentiellement se développer. Elle avait beaucoup souffert, mais c'était bien qu'elle ose à nouveau prendre des risques. J'avais d'abord eu peur que le fait que Grayson soit lui aussi un jumeau puisse être un élément dissuasif pour ma petite soeur, mais ce n'était visiblement pas le cas. Je considérais - à tort ou à raison - que le retour de monsieur Livingtson en vile mettait en péril le potentiel d'Ivy et de son voisin. Je l'avais donc accueilli avec froideur et avait clairement marqué mon mécontentement face à sa présence en ville que je ne comprenais toujours pas. Il me dit qu'il avait choisi de ne pas refuser sa mutation puisque son départ ne lui avait pas permis d'aller mieux et qu'il ne regrettait pas sa décision car son retour avait marqué le début de son 'rétablissement'. Je ne pus m'empêcher d'être contente pour lui pendant un instant. Ayant eu plusieurs occasion d'étudier le lien entre jumeau en psychologie, je savais que surmonter la peur de son frère avait du être une vraie torture. Je n'allais tout de même pas le lui dire, puisque même si son bonheur m'importait, celui de ma soeur primait nettement. Je décidai quand même de lui signifier mon apaisement. Après tout, je n'allais pas continuer à m'énerver contre lui toute la journée. « J'espère vraiment que tu as pris la bonne décision. Enfin, seul l'avenir nous le dira. » Austin n'était pas bête et il savait très bien que la raison de ma colère n'était pas personnelle, mais liée à ma soeur. Il tenta donc de me rassurer en me disant qu'il ne comptait pas la voir. Je fus rassurée, mais en même temps cela ne voulait pas dire que la simple nouvelle de son retour par le biais d'une tierce personne n'allait pas déjà chambouler ma soeur plus qu'elle ne pouvait le supporter. « J'y compte bien et je vais te tenir au mot. » La file avait déjà bien avancé et maintenant que j'avais discuté avec Austin, je me disais que la nourriture espagnole serait parfaite pour me calmer. Je me décalai donc légèrement pour prendre place dans la file.

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