bad habit (holden)

☆ en ville depuis le : 18/02/2019

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holden & jenna

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Revenir à San Francisco est une source intarissable de surprises. Des bonnes, comme l’opportunité de passer un peu de temps avec Ella, des moins bonnes, comme des retrouvailles empreintes de malaise avec Miles. Puis il y a celles que tu attends, mais surtout que tu redoutes. Tomber sur Holden par exemple. Tu essaies de ne pas y penser, mais en même temps de préparer quelque chose à dire si jamais ça devait arriver avant que tu ne sois prête. Le serais-tu seulement un jour ? Peut-être pas, surtout considérant le fait que du lot, il semblait être celui qui avait le moins bien vécu ton départ - ou du moins la fin du band. Tu te dis que San Francisco est une grande ville, que les chances que tu le rencontres au hasard sont assez minces. Il suffit que tu évites les endroits où il pourrait logiquement aller. Ça ne peut être si compliqué, non ?
En principe, parce qu’évidemment, est venu le temps de promener Baptiste et la nostalgie t’a poussé à aller pile dans ce type d’endroit. Les Twin Peaks ? Dieu sait pourquoi tu as décidé de traverser la moitié de la ville pour aller exactement là où Holden pourrait se trouver. Parce que c’est lieu qui a une valeur à tes yeux, aux siens aussi normalement. Tu n’y penses pas, essayant de te dire que ta chance suffira à t’éviter le pire. Ton chiot, lui, est enchanté à l’idée de pouvoir courir sur de la verdure et peut-être que pour voir sa petite tête réjouie, ça vaut la peine de courir le le risque.

En haut des Twin Peaks, tu sens un calme t’envahir. Tu soupires doucement en laissant Baptiste courir au bout de sa laisse. Ce n’est pas au niveau du lac ou l’étendue d’eau a un effet réparateur sur toi, mais tu te rappelles aisément des bons moments passés sur le haut de cette colline. C’est d’ailleurs pour cette raison que tu as pris soin d’amener avec toi ton fidèle carnet où sont déposées toutes tes idées de chansons. Carnet que tu as négligé pendant tes années au MIT, mais que tu comptes bien reprendre avec un peu plus de rigueur. Ce pourquoi tu comptes le sortir et t’y atteler à cet endroit précis, comme si l’inspiration divine allait te venir du seul lieu où tu te trouvais. Tu t’es donc installée sur un banc, Baptiste couché à tes pieds en train de mâchouiller un bâton qu’il avait ramassé un peu plus tôt. Tu replaces ton manteau et ton foulard pour être relativement au chaud - tu remercies d’ailleurs les années passées sur la côte est pour un minimum de résistance au froid. Tu commences à écrire les idées, les mots qui te viennent sans vraiment chercher une bonne association d’idée. Tu te sens rouillée, préoccupées par des pensées qui ne t’aide pas à t’écrire. Ça te pousse à fredonner des chansons plutôt que les écrire. T’as surement l’air un peu étrange, mais combien de fois t’es tu pratiquée à cet endroit précis ? Ça te parait donc naturel et c’est suffisant pour que tu te concentres pleinement. Assez pour que tu en oublies les alentours.

Tu aurais pu rester bien longtemps ainsi, mais Baptiste attire ton attention en se relevant, attiré par la présence de quelqu’un. S’il n’y a rien d’étonnant dans ce comportement, sachant qu’il le fait pour toute personne s’approchant un minimum, l’identité de la personne est tout de suite plus problématique. « Merde. » Voilà ce que tu marmonnes dans une barbe inexistante. Cette fois, tu ne peux pas te pousser, il n’y a pas vraiment moyen de te cacher sur le haut d’une colline et il est fort probable qu’Holden t’as déjà vu. Tu apprends donc - par obligation - de tes erreurs et te relèves pour faire face à cette personne que tu connais un peu trop bien. « Salut Holden… » Tu fourres ton calepin dans ton sac avant de passer une main dans tes cheveux, visiblement mal à l’aise. « Ça fait un bail. » Tu as envie de disparaitre, parce que c’est tout ce que tu trouves à lui dire. Tu ne peux donc que redouter sa réaction en silence et en priant pour éviter le pire.

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JENNA & HOLDEN

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San Francisco, c’est ta ville, ta maison. Tu l’as jamais vraiment quitté, t’es partit quelques fois en vacances, t’as rêvé des îles, des grandes métropoles, t’as rêvé d’un tour du monde et d’un dépaysement total mais t’as jamais franchit le pas. Du coup, t’es toujours resté ici. Mais d’un côté, tant mieux, parce que t’es le genre de personnes qui détestent le changement et qui tient à ses habitudes -t’es sûrement vieux avant l’heure mais t’y peux rien. T’as ton Starbucks habituel avec ta commande habituelle, t’as ce petit endroit en bord de mer que t’affectionnes particulièrement et qui te fait te sentir vraiment chez toi, t’as toujours ce même itinéraire quand tu cours, ça te permet de pouvoir penser à autre qu’à ce que tu fais et t’as les Twin Peaks. Ces collines, elles te font du bien autant qu’elles te font mal, c’est un mélange de douleur et de nostalgie mais tu continues d’y venir. T’es peut-être un peu masochiste dans le fond, mais venir ici c’est comme faire un saut dans le passé, c’est agréable mais en même temps ça te déchire de l’intérieur. T’as vécu tes plus beaux moments ici avec Jenna. Vous avez jamais été très proches elle et toi, mais ici, vous étiez quelqu’un d’autre, vous étiez en osmose parfaite, elle fredonnait, tu jouais quelques notes et tout s’assemblait, c’était tellement facile. Puis elle est partie, et tu t’es retrouvé tout seul. Au début t’espérais, tu venais ici, souriant, tu jouais quelques notes, tu fredonnais et si tu te concentrais assez fort, t’arrivais à entendre sa voix t’accompagner et te donner des conseils. Puis les mois ont passé, et t’as réalisé que plus rien ne sera jamais comme avant. Alors ce lieu que tu affectionnais tant, celui qui te faisait te sentir vivant est devenu un endroit lointain, qui appartiendrait pour toujours à un douloureux passé.

Étrangement, ça t’empêche pas de continuer à venir. Tu viens moins souvent c’est sûr, et quand tu viens, t’as la tête baissée, les mains dans les poches et l’humeur dans les chaussettes. C’est pas facile de faire le chemin, t’alternes entre colère et peine, rage et lamentations, tachycardie et bradycardie, nostalgie et chagrin. Ça te retourne l’estomac de venir ici, ça te remplit la tête de mauvaises pensées et de souvenirs autrefois heureux mais t’en as plus rien à faire, t’es plus le même, t’as changé. Bien-sûr que ça te fera toujours mal de venir te perdre ici, mais c’est par le mal qu’on soigne le mal, non ?

Sur le chemin menant au sommet de la colline, tu croises quelques joggeurs et tu les félicites maintenant d’avoir eu le courage de sortir courir par ces températures hivernales. Toi, t’es resté bien au chaud, emmitouflé dans ton manteau, ton bonnet sur la tête. Tu galères un peu à gravir la colline. Tu sais pas trop si c’est le manque de sport, la clope ou tout simplement ton corps qui refuse de t’emmener plus loin. Et quand enfin tu penses être bien tranquille au sommet de ce qui fut un jour ton refuge, un chien aboie dans ta direction et vient te courir dans les jambes. Salut mon pote. T’as toujours aimé les animaux, t’es persuadé que c’est parce que t’as grandi entouré de quatre frères et d’une sœur que t’apprécies la compagnie des animaux. Beaucoup ne comprennent pas ton résonnement, mais toi, tu comprends la logique. Un coup d’oeil vers son maître pour découvrir une maîtresse, belle brune au regard bleu comme rarement t’en as vu dans ta vie. Ses yeux tu les connais pour les avoir croisé des milliers de fois, pour t’être perdu dedans quand vous chantiez elle et toi. Jenna. T’as le cœur qui s’arrête et qui repart de plus belle. Elle se lève pour te saluer et tu sais pas quoi lui répondre. T’as l’air d’un con avec ton bonnet alors tu l’arraches d’un geste un peu rageur. Un bail ouais. T’as presque craché ces mots, t’en avais pas l’intention mais c’est sortit du cœur. T’as envie de lui demander depuis quand elle est rentrée mais tu t’abstiens, la réponse risquerait de ne pas te plaire. T’es même pas sûr que son retour te plaise. T’as l’air en forme. Phrase bateau que l’on ne prononce que dans les moments gênants lors de retrouvailles impromptues et pas toujours attendues. Enfin j’veux dire t’es… Vivante ? Non. T’as pas changé. Compliment ou non, c’est tout ce qu’elle pourra obtenir de toi à cet instant précis.

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C’est bien Holden qui se tient devant toi et qui s’adresse à Baptiste. Ça t’arrangerait bien qu’il continue en ce sens, qu’il n’accorde de l’attention qu’à ton chien plutôt qu’à toi, mais tu doutes avoir cette chance. Tu regrettes presque de l’avoir amené avec toi, ne serait-ce que pour la possibilité que tu serais restée ignorée sans sa présence. Ça ne sert à rien d’y penser, parce qu’Holden ne manque pas de relever la tête dans ta direction. Tu n’as même pas le temps de réfléchir à un échappatoire, même si l’idée de relever ton foulard par-dessus la tête te traverse l’esprit. Ou peut-être te pousser derrière le banc ? Tu ne fais rien de tout ça, optant plutôt pour prendre le taureau par les cornes. Tu te lances plutôt dans une discussion qui s’annonce déjà particulière, houleuse même. Les gestes du jeune homme, le ton de sa voix, tout te dit qu’il n’est pas particulièrement content de te voix. C’est sans doute mérité et au moins, cette fois, tu sais à quoi t’en tenir. D’entrée de jeu, tu sais que ce n’est pas une discussion qui sera facile. Contrairement à tes retrouvailles avec Miles ou les premiers instants n’ont pas été aussi révélateurs, cette fois, tu ne peux pas te tromper. Ça te fait un pincement au coeur, parce que c’est Holden quand même et que malgré ta décision de partir à l’autre bout des États-Unis - et aussi malgré vos nombreux désaccords - il est une personne importante à tes yeux. Ou était. Tu n’en sais trop rien à présent.

Tu attends donc un bref instant, comme si tu avais espoir qu’Holden fasse un premier pas. Un espoir idiot considérant que tu es celle qui devrait, devra, le faire. Tu retiens un rire jaune lorsqu’il te dit que tu as l’air en forme. Tu ne sais pas si tu veux rire parce que c’est tellement bateau ou parce que c’est tellement faux que s’en est drôle. Tu pourrais dire qu’une fine couche de maquillage et les anxiolytiques font des miracles, mais non. Il n’a pas besoin de savoir ça alors dans tout le malaise de l’existence, tu ne sais pas du tout quoi répondre. Tu pourrais lui dire que lui aussi à l’air en forme, mais tu ne sais pas si ce serait être honnête. Et tu regrettes d’avoir perdu cette facilité avec Holden - avec Miles aussi d’ailleurs. Avec Holden ça a toujours été toi qui lui répétait de prendre tout avec plus de sérieux et des petites disputes débiles, mais en toute honnêteté, tu aurais pris ça plutôt que la présente situation. « Merci ? » Tu ne sais pas exactement comment prendre l’affirmation selon laquelle tu n’aurais pas changé. Peut-être que c’est un compliment, peut-être pas. Franchement, tu sais que ça aussi c’est faux, mais tu retiens le commentaire. Tu te contentes d’un soupir, un autre. « Tu veux t’assoir ? » Tu espères à moitié qu’il refuse, mais bizarrement, tu doutes que repousser ces retrouvailles te serait d’une quelconque utilité.

Le problème reste de savoir par où tu devais commencer. La même question qu’avec Miles, seulement en plus épineuse. Parce que tu sais bien qu’Holden t’en veux, tu peux le sentir dans sa façon d’être. « Je pensais pas que tu viendrais ici… » Et en disant ces quelques mots, tu réalises que tu es en train de lui dire exactement la même chose que ce que tu as sorti à Miles. « Enfin. Non. » Tu ne sais pas quoi dire. Alors tu optes pour l’évidence. « Je suis désolée. » D’être partie ? D’être revenue ? Qui sait. Tu regrettes les deux. Oh bien sur, tu ne t’attends pas à ce que ça suffise, à ce qu’Holden change soudainement de comportement parce que tu as lâché ces quelques mots, mais ça te fait tout de même un poids de moins sur le coeur. C’est égoïste de ta part de penser ainsi et tu pousses la chose : « Si tu veux, je peux te laisser tranquille. » Et quitter le haut de cette colline, tu sais qu’il y aura au moins un déçu si ça arrivait, mais tu achèterais la bonne humeur de Baptiste s’il le faut. Pour ce qui est d’Holden, tu préfères lui donner la garde symbolique de ce lieu si important plutôt que de devoir lui imposer ta présence plus longtemps. Puis, on va se le dire, tu es douée pour te pousser sans demander ton reste.

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JENNA & HOLDEN

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Maintenant que la surprise est passée et que ton cœur a retrouvé un rythme cardiaque à peu près normal, tu te sens plus à même de réfléchir. Jenna est devant toi. T’as souvent rêvé de ce moment, t’avais même préparé ce que tu pourrais lui dire, des petites phrases bien senties : courtes, concises mais assez cinglantes pour qu’elle puisse imaginer tout l’envers de ce que tu ressens. Et maintenant qu’elle est devant toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de chuchoter son prénom comme un abruti. Jenna est devant toi. Ça s’imprime lentement dans ton cerveau encore un peu embrumé. Et t’enfonces le clou en lui disant qu’elle a l’air en forme. T’as merdé, t’as paniqué et t’as foiré. Ça t’arrive rarement mais il faut croire que personne n’est parfait.

T’as des tonnes de choses à lui dire, tu voudrais savoir pourquoi elle est partie comme une voleuse, pourquoi elle a pas cherché à te contacter aussi. C’est égoïste et tu le sais puisque toi-même, tu n’as jamais tenté de communiquer avec elle après son départ. Faut croire que t’as la rancune facile, pire qu’une meuf. Une partie de toi voudrait savoir ce qu’elle a fait de sa vie, ce qu’elle est devenue et l’autre s’en fout totalement, parce que t’es censé avoir tourné la page. Cette putain de page qui refuse de se tourner. T’es en colère et lorsqu’elle te propose de s’asseoir tu secoues poliment la tête, t’es pas en état de rester assis à rien faire, t’as besoin de bouger. C’est drôle parce que ça t’arrive jamais, t’es plutôt du genre flemmard d’habitude mais là tu te sens limite hyperactif. L’heure est grave, t’en as conscience. Ça va aller, je préfère rester debout. C’est pas contre elle mais tu préfères t’accroupir et caresser le petit chien plutôt que de te retrouver assis à la regarder dans le blanc des yeux. Il est avec toi ? Tu détestes dire qu’un animal appartient à une personne, pour toi, les animaux sont des êtres vivants libres de penser par eux-même. Tu lui grattes le sommet du crâne avant de te relever et de fourrer tes mains au fond de tes poches.

Tu ressens beaucoup de rancœur envers elle, ton ancienne amie, celle sur qui tu as du tirer un trait parce qu’elle a brisé tous tes rêves, et pourtant, tu te surprends à lui répondre le plus naturellement du monde. Je viens souvent ici, ça m’aide à réfléchir et à me détendre. C’est calme et paisible, ça me plaît. Tu hausses les épaules puis te renfrognes. Elle est désolée ? Tu serres les mâchoires et inspires calmement. T’as envie de lui hurler dessus, de savoir pourquoi elle est désolée, pourquoi elle est partie, pourquoi elle a gâché ta vie, pourquoi t’es tombé dans la dépression et pourquoi t’as failli tomber dans l’alcool aussi. C’est vague, dis-tu. Tu refuses de la regarder mais elle doit bien sentir son malaise car elle se propose de partir et de te laisser seul. Tu serais pas contre cette idée mais tu sais que Miles te botterait probablement le cul si tu laissais passer une chance de discuter enfin avec Jenna et d’obtenir les réponses à tes questions.

Alors même si tu prétends n’en avoir rien à faire de ton meilleur ami et de ses opinions, tu finis par soupirer et enfin poser tes yeux sur elle. Je t’écoute. Tu croises les bras sur ton torse. Pourquoi t’es partie ? Tu réfléchis une seconde et fronces les sourcils. Non encore mieux, dis-moi surtout pourquoi t’es revenue. Tu finis par te passer une main dans les cheveux. Non tu sais quoi, laisses tomber. J’veux pas savoir ce qui t’a poussé à te faire la malle comme ça, j’veux juste savoir comment tu te sens, ce que ça fait de briser des vies comme ça sans une once de culpabilité. T’as jamais eu beaucoup de tact, mais là, tu fais fort, t’en es conscient. Heureusement pour toi que Miles n’est pas là, il t’aurait probablement adressé l’un de ces regards qui t’aident à rester dans le droit chemin. De nouveau avec le besoin de t’occuper l’esprit ou les mains, tu te retrouves accroupi à donner ton attention au chien qui la réclame. Ton regard va accrocher celui de la brune et tu sais que le moment est venu de crever l’abcès entre vous.

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Devant lui, tu perds un peu tes moyens. Parce que tu ne sais pas quoi lui dire et que franchement, même si ce moment était inévitable, tu aurais préféré le repousser un maximum. Au moins comme ça tu aurais pu te préparer et savoir ce que tu voulais vraiment dire. T’excuser d’être partie sans doute, mais pas uniquement, mais tout ça devient terriblement flou dans ton esprit, comme si rien de brillant ne te venait en tête. Le fait que tu le sentes hostile n’aide pas à ce que tu trouves les bons mots. Enfin, qu’il refuse de s’assoir est presque arrangeant, ça te permet de mettre un peu de distance physique, comme si ça suffirait à te mettre plus à l’aise. Parler de Baptiste est en revanche plus facile. On peut même voir un mince sourire s’étirer sur tes lèvres lorsque ton regard se concentre sur le chiot. « Oui. Je l’ai adopté il n’y a pas si longtemps. » Quand tu te sentais trop seule à la fin de tes études, lorsque tu n’avais plus mille et un travaux à faire pour occuper tes temps libres, le moment où tu as réalisé que tu étais encore plus seule à Boston que tu l’étais à San Francisco. La petite boule de poils avaient été d’une grande aide pour te remontrer le moral.

Il pourrait sans doute faire le même travail à cet instant précis, en venant se coucher à tes pieds comme une présence rassurante, mais tu oses espérer que l’interaction avec Baptiste aiderait peut-être à adoucir l’humeur d’Holden. Ce serait bien utile et tu ne pourrais être que reconnaissante à l’égard de la petite boule de poil. Tu hoches distraitement la tête lorsqu’il explique la raison de sa présence sur les Twin Peaks. Tu es surprise, mais au final, n’est-ce pas la même raison qui t’a poussé à y aller de ton côté ? Un peu de calme, de bons souvenirs, un peu de bonheur. Bon, les choses tournaient rapidement du fait de sa présence et du malaise que ça fait naitre en toi, mais il faut bien faire avec. Tu essaies de rattraper le coup un peu, de faire ce que tu aurais du faire il y a de ça bien des années : t’excuser. Forcément, ça ne suffit pas et tu fronces les sourcils lorsque Holden souligne que tes mots sont vagues. Il n’a pas tord, mais tu es réticente à t’épandre en excuses. Peut-être pour une question de fierté, peut-être simplement parce qu’il y a trop de chose pour lesquelles il te faudrait demander pardon.

Au fond, tu voudrais arrêter là, demander pardon et te pousser sans demander ton reste. Sauf que ce n’est pas vraiment une possibilité pour l’instant. Holden a beau ne pas te regarder - un bien comme un mal - il ne t’indique aucunement qu’il préférerait que tu disparaisses. Au contraire, il commence à te poser une question, qu’il corrige à deux reprises. Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi es-tu revenue ? Comment tu te sens ? Trois questions auxquelles tu n’as pas envie de répondre, particulièrement la dernière. Parce que ses mots te frappent. Pense-t-il vraiment que tu as décidé de partir pour briser des vies sans une once de culpabilité ? Tes sourcils se froncent davantage alors que tu cherches les bons mots pour lui répondre. Et ça ne te vient pas, mais pas du tout. Tu croises le regard d’Holden et tu dois prendre sur toi pour ne pas détourner les yeux. « Sans une once de culpabilité ? Tu penses sérieusement que je ne m’en suis pas voulu ? » Dans d’autres circonstances, tu aurais sans doute été un brin vexée par la présomption qu’il a fait. « Je pensais pas que ça se terminerait comme ça. » Ou plutôt tu n’y as pas pensé. Tu as écouté ton anxiété, tu as succombé aux pressions parentales alors que tu père t’a rappelé pour la énième fois que musicienne n’est pas un métier digne de ce nom. « J’ai eu l’opportunité d’étudier à Boston et j’ai sauté dessus. » Littéralement, t’as pratiquement pris le premier avion pour partir loin de San Francisco. « C’était peut-être merdique de ma part, mais je pensais que ça irait sans moi. » Holden et Miles ont toujours été talentueux, Clyde aussi même si t’as jamais voulu l’admettre. Bon t’avais pas prévu que Clyde se pousse aussi et que tout s’écroulerait. « Donc je suis désolée. » C’est toujours aussi vague, mais t’essaies de te tenir loin du creux du problème : de la peur qui t’a poussé à faire ce choix en premier lieu.

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