hands in the air like we don’t care. (ml)

À peine installé dans la voiture de Milan, vous n'avez même pas encore quitté le stationnement de ton bloc appartement que tu appuies sur tous les boutons du tableau de bord. L'air climatisé démarre, la radio s'allume et tu branches déjà ton fil reliant le système de son à ton téléphone avant même de passer ta ceinture. Tu peux déjà entendre la voix râleuse de Milan maugréer contre le moindre de tes choix, mais tu t'en fiches et balances du Miley Cyrus à plein régime en tournant la tête dans la direction du blond, sourire bien large cousu sur tes lèvres. Tu as une semaine de vacances et une longue route avant d'arriver à Las Vegas, alors tu ne comptes pas la débuter du mauvais pied - même si ton premier choix musical peut laisser à désirer tandis que tu commences à chanter les paroles de we can't stop. « Regrettes-tu ton choix de partir en road trip ? » À défaut de diminuer le son de la musique, tu préfères crier par-dessus le bruit tout en gardant une mine réjouie malgré le regard noir de ton ami. Jouant avec le feu, tu oses tendre la main pour aller pincer sa joue en riant et décide d'abréger ses souffrances en changeant la chanson qui tombe aléatoirement sur Animals de Martin Garrix. Ambiance de débauche, la fin de semaine s'annonce palpitante surtout considérant le fait que Milan, lui, n'a que trois jours de congé. Ramenant ta main dans ta moitié d’habitacle, tu en profites pour baisser le son de la musique avant de rendre Milan à moitié sourd en plus d'être déjà un brin aveugle d'un oeil. « Tu tires la gueule, mais je suis convaincu que tu veux juste qu'on aille là-bas pour boire jusqu'à être assez out pour se marier devant Elvis. »

Tu fronces le bout de ton nez. Parfois, tu te demandes comment tu fais pour supporter cet énergumène qui passe déjà sa tête par la portière de ta précieuse voiture. Tu balances tes bagages sur le siège arrière, prenant toutefois ton fidèle téléphone, que tu mets en mode GPS. Tu connais le chemin presque sur le bout de tes doigts, mais tu ne veux pas prendre de chances. Si quoi que ce soit se produit sur la route, tu veux être en mesure de prendre un autre chemin pour vous rendre à bons ports. Dès que tes fesses se posent sur le cuir de la banquette et que tu mets les clés dans le contact, tu serres les dents. Ton visage se tourne en direction de ton passager, que tu foudroies d’un regard bien plus que meurtrier. « Combien de fois vais-je devoir le dire : PAS de Miley Cyrus dans la voiture! » C’est peut-être ton accent qui faisait que cette phrase ne semblait absolument pas entrer dans le crâne de ton meilleur ami. Il comprit toutefois assez rapidement et changea la chanson, ce qui te calme presque directement, reposant tes prunelles sur la route devant toi. Un fin sourire vient orner tes lèvres alors que tu tends ta main droite pour la poser contre la cuisse de ton aîné. « Avoue, c’est toi qui meure d’envie que je te passe la bague au doigt. Qu’est-ce que tu ferais sans moi? » Ta vie serait certainement différente si le grand brun n’en faisait pas partie. Tu baisses les yeux un moment pour fixer ton GPS et fronce le bout de ton nez. « J’espère que t’es patient parce que t’es pris avec moi pour AU MOINS les 9 prochaines heures! » Parce que rendu à LA, Jo’ pouvait bien faire ce qu’il voulait. Il avait une semaine de congé, lui, ce que toi tu n’avais pas.

Tu es presque fier de toi et tes choix musicaux parfait pour énerver Milan. C'est toujours un spectacle agréable de voir son regard bleu glacial te dévisager comme si son seul désir du moment est de te poignarder à vingt-neuf répétitions. « À râler comme ça, on va croire que tu approches les quatre-vingt-dix ans. Tu vas rider avant l'âge aussi. » Tu imites son expression meurtrière avant d'éclater de rire tout seul, étant ton meilleur public. Le décor se met à bouger et vous êtes enfin partis pour ce long voyage dans lequel vous aurez amplement le temps de vous taper sur les nerfs dans un endroit aussi restreint. Sa main se pose contre ta cuisse suite à ta remarque et tu te prêtes au jeu en déposant la tienne par-dessus. « Tu sais lire en moi comme dans un livre ouvert. Comment as-tu deviné ? Je me vois prendre ma retraite aux côtés de ton air aigri. Tu es la sauce barbecue à ma McNugget. » Sur ces paroles poétiques, tu libères ses doigts, puis jettes à ton tour un coup d'oeil en direction de l'écran du GPS et échappes un sifflement faussement surpris par la durée du trajet. « Je sais pas. Autant de temps avec toi, je vais peut-être me faire contaminer par ton âme de vieillard grincheux. On pourra finir nos jours ensemble à râler sur les enfants qui marchent sur notre gazon. » Deux bonnes minutes que vous êtes en route et Milan n'a pas encore engueulé personne depuis son volant ou même klaxonné avec violence : tu es plutôt impressionné par le calme qui ne saura durer encore bien longtemps. « Qui devait réserver la chambre, déjà ? » Ça te reviens soudainement à l'esprit, un peu apeuré à l'idée que c'était ta tâche puisque tu n'as rien fait de tout ça et tu tiens ton téléphone prêt à devoir chercher à la dernière minute, au cas où.

Tu vas rider avant l’âge. Jonathan n’avait peut-être pas tort, vu comment tu agissais comme un vieil homme frustré par la vie. C’est un peu ce que tu étais, en fait. Un vieillard enfermé dans le corps d’un jeune homme, vieillard qui ne demandait qu’à prendre toute la place. « Même avec des rides, je sais que je serais encore irrésistible, voyons. » Tu fais mine de repousser ta longue chevelure – qui n’est pas longue du tout – vers l’arrière et serre les dents en voyant une voiture ralentir. Toi qui pensais garder ton calme plus longtemps que seulement cinq minutes, voilà que ça tombe à l’eau assez rapidement. Pourquoi faut-il que tout soit si loin, aussi! Tu klaxonnes violemment et marmonnes quelques mots dans ta langue maternelle, épargnant ainsi les oreilles de ton passager. Tu fronces une nouvelle fois les sourcils, tournant légèrement la tête en direction de ton meilleur ami. « Tu devais t’en charger. C’était ta responsabilité. C’était ton idée de partir en road trip, hein. » Ta tête se penche légèrement sur le côté, une cloche sonnant au fond de ta tête. « T’es pas en train de me dire que t’as complètement oublié? » Tu craches ces mots comme du venin, tes doigts se serrant encore plus fort contre le volant de ta décapotable. « J’ai amené deux paires de boxer, tu penses vraiment que je vais pouvoir vivre trois jours dans ma voiture sans me doucher?! » Ta main droite quitte le volant et s’accroche au col de ton aîné, le tirant légèrement dans ta direction. « Tu sais que je te déteste présentement? » Et tu le détestes de tout ton cœur.

Considérant tes prochains choix musicaux d'avance, tu ne fais qu’acquiescer d'un son de gorge l'affirmation de ton meilleur ami afin de satisfaire son petit égo. Toutefois, tu écarquilles largement les yeux en portant une main à ton cœur lorsque le premier coup de klaxon retentit et tu crois avoir perdu quelques secondes de vie suite à cette crise cardiaque spontanée à laquelle tu n'étais pas préparé pour avoir eu le regard porté sur ton téléphone. Ton moment pour parler de la chambre est mal choisi, ton espérance de vie s'écourtant encore de quelques minutes et tu ris un brin nerveusement sous le regard foudroyant de Milan. « Techniquement, moi je voulais aller en Italie. » C'est la faute de ton ami si vous ne disposez pas d'assez de jours pour un tel voyage, alors tu as dû te rabattre sur quelque chose de plus simple. Sauf que tu as oublié de régler un détail. Tu réponds à son ton accusateur par un sourire, haussant tes larges épaules d'un geste innocent. « Peut-être ? » Ton attention se porte sur ses doigts crispés contre le volant de sa voiture et ce n'est plus qu'une question de seconde avant que tu ne subisses les conséquences de ton oubli. « J'ai un valise pleine, je pourrais toujours te prêter des vêtements. » Ta proposition s'étouffe dans le mouvement de Milan qui attrape le col de ton précieux t-shirt, mais tu conserves ton calme en agitant doucement ton téléphone à une hauteur visible même pour son regard rivé sur la route. « Réservation de dernière minute, tu connais ? Je vais tout arranger, stresse pas. » Tu te libères de son emprise, réajustant ton col, puis te lance dans des recherches d'hôtel sur ton téléphone. Ça n'a rien de bien sorcier et votre problème monstrueux aux yeux de Milan est réglé en moins de trois minutes. « Tu vois ? Une chambre, deux lits doubles avec toutes tes commodités de princesse. Dis encore que tu me détestes et je modifie pour un seul lit. » Dieu sait que tu en es capable puisque c'est toi qui dort en faisant l'étoile, pas lui, alors ce n'est pas toi qui en serait incommodé. Lush Life est la prochaine chanson qui se lance à partir de ton portable et tu tends la main pour monter un peu le volume. « I live my day as if it was the last, live my day as if there was no past. » Chantant les paroles sans remords avec une chorégraphie limitée par ta position assise et la ceinture de sécurité, tu octroies tout de même un coup de coude à ton ami pour tenter de le remettre de bonne humeur.