the truth about deception. (romaniel)

The truth doesn't cost anything,
but a lie could cost you everything.

Fronçant les sourcils tant elle était concentrée, Romy faisait lentement dérouler le document sur son écran d’ordinateur. Elle relisait et recorrigeait, pour la cinquième fois au moins, la proposition de fusionnement que l’entreprise qu’elle représentait souhait envoyer à un groupe d’actionnaires. Il s’agissait, depuis ses débuts à Adler & Colvin, du plus gros dossier dont elle avait été nommée la responsable, et comptait bien sur l’occasion pour démontrer à ses collègues toute sa compétence. Finalement satisfaite d’une clause qui demeurait ambiguë malgré ses multiples reformulations, Romy jeta un rapide coup d’œil à l’heure. Il serait midi dans une quinzaine de minutes, et Nate lui avait promis de venir la rejoindre pendant sa pause dîner, afin qu’ils puissent manger ensemble. Ils étaient passés à travers les fêtes de fin d’année un peu à la manière de robots; ils étaient comme deux acteurs qui maîtrisaient parfaitement le rôle de ‘’couple qui célèbre Noël ensemble’’. Après tout, il s’agissait de leur cinquième Noël ensemble, ils avaient l’habitude. Quelque chose manquait cependant cette année. Nate et elle étaient déconnectés depuis de nombreux mois, et si la féerie des fêtes auraient pu leur permettre de se retrouver, il n’en avait pas été le cas. Ils ne s’étaient pas chicanés, et Nate avait toujours été aussi adorable avec sa famille, parlant gaiement avec ses parents, jouant à cache-cache avec Liv pendant des heures sans laisser paraître son ennui et prêtant main forte à Miles pour laver toute la vaisselle de l’annuel festin des Whitaker. Mais Romy sentait bien que quelque chose clochait. Il eut été un peu utopique de penser que quelques soirées de célébrations, arrosées de bons vins et accompagnées de fous rires, eussent suffies à chasser les ennuis qui les guettaient depuis des mois. À vrai dire, Romy savait pertinemment qu’elle ne retrouverait pas pleinement sa relation avec Nathaniel, leur intimé, leur tendresse, tant qu’elle ne lui aurait pas avoué ce qui se passait à son travail. Mais la honte faisait figer les mots dans sa bouche dès qu’elle se sentait prête à se confier et l’obligeait au mutisme. Les semaines s’écoulant, il lui apparaissait dorénavant insurmontable de tout avouer à son amoureux. Comment pourrait-elle lui dire que, depuis des mois, elle était sujette à des avances, à des compliments ? Bien que ceux-ci n’étaient pas le moindre du monde voulus ou réciproqués, Nate penserait sans aucun doute que son silence signifiait quelque chose, et Romy savait qu’elle ne saurait pas chasser ses tracas. Elle avouerait tout à Nate lorsqu’elle trouverait finalement le courage de tenir tête à son patron. Mais le courage lui manquait sans cesse.

Avec un soupir, Romy se remit à son travail, souhaitant terminer sa relecture avant de quitter pour sa pause repas. C’est alors qu’un cognement à sa porte la tira de ses pensées. Elle sourit en se levant, croyant voir Nate dans le cadre de porte, mais son sourire se crispa lorsqu’elle y aperçu plutôt son patron. « Mademoiselle Whitaker ! » dit-il de sa voix croissante, alors qu’il entrait sans y être invité. « Mais quel beau sourire, je suis également bien heureux de vous voir de retour au travail ! » Baissant les yeux, Romy se rassit d’un geste maladroit. « J’aurais terminé le dossier Alphazer d’ici la fin de la journée, j’enverrais une copie à votre secrétaire… » dit-elle d’une voix basse, tentant de changer le sujet. M. Engel ne se lassa pas berner par sa tentative. « Voyons, voyons, ne parlons donc pas immédiatement du travail. Et si vous me racontiez vos vacances un peu, qu’avez-vous donc fait loin de moi pendant tout ce temps ? » Romy grimaça pour elle-même, et alors qu’elle peinait à trouver une réponse qui signifierait à la fois son manque d’intérêt sans pour autant être impolie, Nate franchit la porte de son bureau sans s’annoncer. « Bonjour ma… » Il s’interrompit alors qu’il croisa le regard affolé de Romy. Cette dernière senti le rouge lui monter aux joues, et jeta un regard inquiet sur son patron, qui était presqu’assis à son bureau, très près d’elle. Romy réalisa à quel point il était urgent de faire disparaître Nate avant que son patron ait le temps de l’aborder. Elle n’osait pas imaginer ce qu’il lui dirait.

« Nate ! » dit-elle, un peu trop fort. Elle se leva vivement de sa chaise, et se rendit vers lui. « Tu es en avance ! » continua-t-elle, trop occupée à parler pour éviter de donner l’opportunité à son patron de profiter du silence pour aborder son copain. Elle ne réalisa pas immédiatement qu’il était exactement l’heure à laquelle ils avaient convenus de se rencontrer. « Je dois juste terminer une proposition avant d’aller manger, j’en ai pour cinq minutes, même pas… » Elle réalisa rapidement que son copain lui proposerait tout naturellement de l’attendre. « Et si tu allais au restaurant nous réserver une place ? Je te retrouve tout de suite ! » Elle se força à sourire, mais sentait bien que son sourire était figé. Elle savait que Nathaniel réaliserait qu’elle tentait de le chasser bien vite, elle espérait seulement qu’il ne poserait pas trop de question et qu’il accepterait de l’attendre au restaurant. Comme pour insister, Romy se rendit à la porte de bureau. « Allez, file, je te retrouve tout de suite… » dit-elle, sans grande conviction, sans oser jeter à regard ni à Nate, ni à son patron, qui observait la scène, toujours assis à son bureau.

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Je voyais bien que quelque chose n’allait pas et cela ne remontait pas à hier. Malheureusement, j’avais mis beaucoup de temps avant de le comprendre. En effet, au départ, je croyais que le problème était notre déménagement. C’était la seule chose que j’avais en tête qui avait changé après tout. Pourtant, cela faisait quelques années que nous étions ensemble et je ne considérais pas cela comme trop tôt. Mais qui sait, peut-être qu’au final, elle n’était pas prête à cela. C’est certain qu’habiter ensemble change beaucoup la dynamique de couple. La jeune femme était la première avec qui je me rendais à cette étape et j’avais eu en tête que cela ne fasse que nous rapprocher. Après tout, nous n’aurions plus à évaluer chacun de nos horaires pour se voir, nous allions simplement tous les soirs revenir à notre appartement et être ensemble. Se lever aux côtés de l’autre tous les matins, quoi demander de plus? J’avais tellement eu hâte. J’aimais cette fille comme un fou et je ne voulais que notre relation avance. J’avais toujours été prêt mais j’avoue qu’à 28 ans, je ne voulais pas trop trainer. Pour ma part, j’étais enfant unique et ce n’est pas ce que je voulais avoir comme famille. En effet, en voyant cella de Romy, j’avais eu envie d’avoir une très grande famille. Peut-être que cette idée changera lorsque j’aurai mon premier, mais pour l’instant, c’est mon désir. Sauf qu’avant cela, traditionnellement, il faut se marier et j’ai bien l’intention de le faire. Je ne suis peut-être pas le plus croyant, mais j’y crois tout de même. Je veux faire de ma copine ma femme et même si dans les dernières semaines j’ai beaucoup douté, j’ai confiance que cela va venir. Mais d’ici là, il faudra régler plusieurs choses. J’ai longtemps cru que c’était cela la raison de notre éloignement, mais récemment, j’ai compris que j’avais complètement raté. Il faut dire que la demoiselle ne me parle pas beaucoup et ne m’aide donc aucunement à comprendre sa situation. Je l’avais vu par hasard en réalité. Je n’aurais pas cru que ça pouvait être autre chose, mais j’en avais oublié qu’en même temps que nous avions déménagé, Romy était arrivée dans le monde du travail. Pour ma part, même pendant mes études, j’avais commencé à faire en parti ce que je faisais aujourd’hui à l’université. Cependant, la demoiselle se lançait pour la première fois dans ce monde et cela pouvait être un choc parfois. J’aurais dû y penser. Je le regrette aujourd’hui, mais comment aurais-je pu deviner? Il fallait bien un indice et c’est ce que j’ai eu un soir… J’étais au salon devant la télévision, attendant que ma copine me rejoigne après sa douche. J’entendis une sonnerie, signalant des messages et mes yeux ont naturellement tourné sur la table, où se trouvait son téléphone. Je vis alors le nom de son patron que je connaissais de par des discussions précédentes avec elle. Encore là, cela pourrait être normal. Elle pouvait bien échanger des messages avec celui-ci, je ne m’en plaignais aucunement. Ce qui m’avait dérangé, c’était le message de celui-ci. Je trouvais plutôt étrange qu’il lui écrive, le soir, pour la complimenter. C’était totalement déplacé et dans l’instant, je n’avais pu me retenir dans l’instant d’avoir en tête que… qu’ils avaient peut-être une histoire entre eux. Sauf que rapidement, j’avais chassé cette idée de ma tête. Je ne pouvais pas y croire, je ne voulais pas y croire à vrai dire. Je voulais bien croire que Romy était distante, mais si elle ne voulait plus de moi, si elle préférait cet homme, elle m’aurait quitté tout simplement. Enfin de mon côté, c’est ainsi que je vois les choses si on est plus attiré par quelqu’un d’autre que notre partenaire. Depuis ce temps, je n’avais que ses mots de cet homme envers ma copine en tête. Déplacé. Jamais je ne dirais cela à une collègue. Jamais je ne les penserais de toute façon. Je veux bien croire que je suis vieux jeu, mais il y a une limite qu’il a dépassée. J’essayais donc de la faire parler depuis, mais elle changeait de sujet à chaque fois que je tenais de l’aborder. Je ne voulais pas lui dire directement que j’avais lu de ses messages. Je ne voulais pas qu’elle croit que je n’avais pas confiance en elle, que je doutais d’elle. Voilà pourquoi je voulais la faire parler, mais apparemment, je devrais trouver un autre moyen. Comme la demoiselle ne voulait pas m’en parler, j’avais alors décidé d’aller directement à la source : son travail. C’était le seul moyen que j’avais de pouvoir voir comment ça se déroulait et si cet homme était trop proche d’elle. J’avoue que je lui laissais toujours le bénéfice du doute. Peut-être que c’était une blague entre eux! Peut-être que toute l’équipe le faisait, et que c’était simplement leur truc ensemble, qui sait. Il avait donc prévu un repas sur l’heure du midi avec ma copine, pour aller la chercher à son bureau. J’avais personnellement bien du temps libre, mais je savais que la demoiselle était plus serrée sur son horaire, voilà pourquoi j’avais proposé de directement venir la chercher. Je travaillais de l’appartement aujourd’hui, n’ayant pas de cours à donner, je travaillais plutôt sur mes prochains à donner et un peu avant l’heure, j’allai m’habiller et quittai en directement du son cabinet. Je fus accueilli par la secrétaire qui me donnait les indications pour me rendre au bureau de Romy. La porte était entrouverte alors je la croyais seule, entrant directement. « Bonjour ma… » Je m’arrêtai alors en voyant un homme aux côtés de ma copine, mais surtout son regard qui semblait affolé. Il se passe quelque chose, cela est certain. Je la connais par cœur tout de même. C’est alors que je remarque la proximité qu’ils ont et fronce les sourcils. C’est sûrement lui et je serrai alors les poings, je dois rester calme. « Nate! Tu es d’avance! » Je fronce les sourcils et regarde rapidement l’heure. Je ne suis pas d’avance, je suis pile à l’heure pourtant, mais je remarque facilement que ma copine semble mal à l’aise. Elle ne me laisse cependant pas le temps de prendre la parole et je ne la coupe pas. « Je dois juste terminer une proposition avant d’aller manger, j’en ai pour cinq minutes, même pas… Et si tu allais au restaurant nous réserver une place ? Je te retrouve tout de suite! » Je sentais qu’elle cherchait à me faire partir le plus rapidement possible et je ne pouvais que penser que cela était dû au fait qu’elle était avec cet homme, son fameux patron. Je ne voulais cependant pas la confronter ici, pas devant lui en plus, alors je me soumis. « Allez, file, je te retrouve tout de suite… » Autant me chasser. D’ailleurs, c’est presque ce qu’elle fait en se dirigeant vers la porte, comme si je ne savais pas où elle était. Ma copine n’était pas dans son état habituel et cela m’inquiétait d’autant plus. « Oui oui bien sûr, prend ton temps, je vais aller nous réserver cela à l’instant, comme cela on sera certain d’avoir une place! » Je souriais pour ma part, pour ne pas avoir l’air totalement déstabilisé et inquiet alors que je l’étais. Je ne voulais pas que son patron le perçoit, surtout pas. D’ailleurs, je voulais que celui-ci sache qui j’étais et que Romy était prise, au cas où il ne le savait pas déjà. « À plus tard mon cœur, écris moi s’il y a quoi que ce soit. » Je m’approche alors d’elle et rapidement, je viens lui voler un baiser avant de me retourner et sortir de son bureau. Puis-je être plus clair que cela. Je marche directement vers la sortie et retourne dans ma voiture. Je suis énervé, mais également totalement perdu. Qu’est-ce que je viens de vivre? Il y avait un malaise mais le pire, c’était le comportement de ma copine. Je ne la reconnais pas. Je roulai vers notre restaurant préféré du quartier, que nous avions bien sûr convenu auparavant et y entrai, étant accueilli par une serveuse. « Une table pour deux, enfin je l’espère… » J’avais murmuré la seconde partie de sa phrase. Je me retrouvai alors assis seul à une table et posai son téléphone devant moi, soupirant. Comment allais-je aborder tout cela avec elle à présent

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Romy figea dans le cadre de porte un bref instant, surprise de la réaction de Nate. Elle ne savait pas à quoi elle s’était attendue, comment elle aurait souhaité qu’il réagisse alors qu’elle le chassait carrément de son bureau, mais certainement pas comme ça. Il avait agi comme s’il était normal de se voir expulsé de la sorte alors qu’ils avaient pourtant convenu de se retrouver. Il n’avait pas semblé déstabilisé le moindre du monde et cela l’inquiétait. Cette brève apparition de Nathaniel laissa chez elle une inconfortable sensation, et son cœur se serra douloureusement. Perdue dans ses pensées, Romy porta sans y penser sa main à ses lèvres, là où son amoureux avait planté un baiser quelques instants plus tôt. « C’est donc lui que je devrais blâmer pour vos manières... restreintes ? » Sursautant, la jeune femme se rappela la présence de son patron à son bureau. Il l’observait avec un sourire, comme s’ils discutaient tout simplement et qu’ils ne venaient pas de se faire interrompre par son copain. Elle le fixa, l’air hébété, alors que son sourire charmeur ne flanchait pas. Cette fois, Romy ne put retenir la colère qui gonfla dans sa poitrine, et elle fronça les sourcils. Elle parvenait à ignorer ses remarques lorsqu’il s’adressait à elle, et n’avait pas le courage de lui faire remarquer le caractère absolument déplacé de ses propos, mais elle n’appréciait pas du tout qu’il parle de Nate de la sorte. Avec des gestes brusques qui laissaient transparaître son mécontentement, Romy attrapa son manteau, qu’elle enfila vivement, et s’installa à son bureau pour ranger ses effets dans son sac à main. « Monsieur Engel », dit-elle, mais elle est fut déçue de constater que son ton n’était pas aussi menaçant qu’elle l’avait espéré. Elle se racla la gorge pour éviter de laisser paraître son malaise. « Je suis attendue à quelque part. Je vous prierais de fermer la porte en quittant. » Elle déglutit avec difficulté. Il n’était pas du tout son genre de parler de la sorte à quelqu’un qui a autorité sur elle, et elle prit fuite avant que son maigre courage la quitte complétement.

Une fois dehors, le vent la frappa de plein fouet, et Romy ne put retenir ses larmes. Elle se maudissait de laisser quelqu’un d’aussi signifiant affecter autant sa vie. Certes, il s’agissait de son patron, mais Romy savait qu’elle était une avocate compétente et que de lui tenir tête ne lui risquerait pas son emploi, ou ses chances. Ou le savait-elle vraiment ? Elle était complétement désemparée, elle ne savait pas quoi faire. Lui tenir tête à l’instant lui avait demandé chaque once de vaillance qu’elle avait en elle et elle savait qu’elle n’avait pas eu sur son patron l’effet intimidant qu’elle aurait souhaité. Elle savait qu’il entrerait dans son bureau le lendemain, ou le jour suivant, et la complimenterait de son ton croissant comme si de rien n’était. S’entourant de ses bras, Romy prit un instant pour pleurer. Pleurer son désarroi, sa fatigue, ses peurs. Elle était tannée de cette situation, et n’y voyait pas de dénouement. Puis d’un geste maladroit, elle essuya ses larmes et prit la direction de sa voiture. Elle ne souhaitait pas faire attendre Nate plus longtemps. Prenant place derrière son volant, la jeune femme soupira, et s’observa un instant dans son miroir. Tentant de cacher la rougeur de ses yeux, elle se demanda ce qu’elle pourrait bien dire à son amoureux pour justifier son attitude plus tôt. Elle avait agi d’une manière tout simplement inexcusable, et ne parviendrait pas à se justifier à Nathaniel. Elle savait que toute tentative serait infructueuse, mais elle n’avait pas le choix d’essayer. Avec un nouveau soupir, elle prit la direction du restaurant.

« Coucou Nate », dit-elle, du ton le plus normal qu’elle pouvait composer. Il était assis à leur table habituelle, le nez plongé dans le menu, bien qu’il le connaissait probablement par cœur. Cette vision la réconforta un brin, il y avait quelque chose chez Nate qui lui permettait toujours de croire au meilleur. N’hésitant qu’un bref instant, elle se pencha pour déposer ses lèvres sur les siennes, et se permis un sourire. Elle prit place en face de lui, et se racla doucement la gorge. « Je suis désolée pour tout à l’heure… » commença-t-elle, bien qu’elle ne savait toujours pas ce qu’elle dirait pour commencer à justifier son comportement. « Les choses au travail sont… tendues… depuis quelque temps. » Romy savait pertinemment qu’elle parlait pour ne rien dire, et que Nathaniel ne la croirait pas, mais pendant un instant, elle espéra qu’il hocherait la tête et passerait à autre chose. Qu’il enchaînerait sur une anecdote de l’université, sur un travail horrible qu’il venait de corriger ou d’une idée sur laquelle il désirait écrire. Elle s’ennuyait d’à quel point les choses avaient été simples entre eux. En cinq années de relation, c’était la première fois qu’il passait à travers une période plus difficile, et il était évident que ni un ni l’autre ne savait comment agir dans cette situation. Surtout Romy, qui se blâmait pour absolument tout.

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J’étais assis seul à cette table, notre table et totalement perdu dans mes pensées et pour ne pas avoir l’air d’un fou, je pris le menu et le fixai alors, mais je ne le lisais pas. Je n’en avais pas besoin de toute façon, je le connaissais par cœur, mais je ne pouvais chasser de ma tête ce qui venait de se passer. Certes cela avait été dans mon intention de rencontrer cet homme qui charmait ma petite amie, mais je ne croyais pas que ça serait ainsi. À vrai dire, j’avais souhaité ne rien trouver à son bureau et voir que je m’étais fait des idées pour rien! Sauf que ce n’était absolument pas cette direction que les choses avaient prises et cela m’inquiétait encore plus… J’avais retrouvé ma copine si proche de son patron et je ne pouvais que dire qu’il y avait alors une très grande tension entre eux. Avec les messages que j’avais lus, l’idée d’une histoire entre eux ne pouvait que me revenir en tête. Merde. Je ne voulais pas et d’ailleurs, je remarquai que je secouais inconsciemment de la tête, comme si j’essayais d’effacer cette possibilité. Je cherchais d’ailleurs une autre option pour expliquer la situation, mais je n’en trouvais juste pas. Je trouvais soudainement que cela avait été une très mauvaise idée d’aller la voir dans son milieu de travail. À présent, j’avais encore plus envie de savoir la vérité, malgré le fait que je sache bien que Romy ne voudrait pas en parler. À chaque fois que j’abordais le sujet de son travail, elle le déviait rapidement. Sauf que cette fois-ci, avec l’incident qui venait d’arriver, elle ne pouvait plus se défiler. Enfin je l’espérais, mon copine pouvait toujours me surprendre, et pas qu’en bien ces derniers temps malheureusement. Finalement, une voix me sortit de mes pensées et je levai alors la tête pour voir Romy devant moi. Je lui affichai un petit sourire, comme pour la rassurer, ou c’est plutôt moi que je tentais de rassurer peut-être. « Coucou Nate. » Je fus surpris lorsque je sentis ses lèvres sur les miennes. Je l’avais fait plus tôt pour que son patron sache à qui il avait affaire, mais récemment, on avait beaucoup moins de petits gestes affectifs l’un envers l’autre, à mon plus grand malheur puisque je les adorais. « Enfin là… » J’avais à vrai dire eu peur qu’elle traine pendant un plus long moment à son bureau avec son patron. On avait un rendez-vous et elle avait même osé me rapprocher d’être là trop tôt, alors j’étais pile à l’heure et que c’était toujours mieux cela que d’être en retard. Enfin, ce qui était bien, c’était que je l’avais pour moi à présent et que surtout, on allait pouvoir discuter en terrain neutre. Elle s’assit face à moi tandis que je reporte mon attention sur le menu que je ne lisais pas même avant son arrivée. Je veux voir ce qu’elle a à dire et cela ne met peu de temps. « Je suis désolée pour tout à l’heure… Les choses au travail sont… tendues… depuis quelque temps. » L’un de mes sourcils s’haussent et je lève alors la tête vers elle, la regardant. J’ai envie de gueuler cette fois-ci, pour la première fois. J’en ai marre qu’elle n’aborde pas directement le sujet et… qu’elle me mente, car oui à présent, je crois que c’est ce qu’elle fait. Jamais je n’aurais cru autant douter d’elle, ayant toujours eu totalement confiance en elle, mais plus aujourd’hui et c’est une sensation réellement désagréable. Je finis par lâcher, sans le vouloir, un petit rire. Celui-ci était nerveux ou sarcastique, mais dans tous les cas, ce n’est pas parce que je trouvais la situation drôle. « Tu m’as mis à la porte comme si je ne valais rien devant lui Romy! » Peut-être que je n’avais rien dit sur le coup, pour garder la face devant cet homme, mais bien sûr que j’avais été choqué de cela. « Tu es certaine que ce sont les choses au travail qui sont tendues et non… autre chose? » En effet, je ne voulais pas dire les choses directement. Je ne voulais pas nommer que je croyais plutôt que la tension était entre elle et son patron. Si jamais je me trompais, car je gardais encore cette possibilité, je ne voulais pas qu’elle sache que j’y avais pensé.

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Romy figea dès qu’elle entendit le rire nerveux de Nate. Elle savait que celui-ci n’augurait rien de bon. Elle avait été idiote de croire qu’elle pourrait le retrouver au restaurant comme si de rien n’était et passer l’heure du lunch à bavarder de banalités. Qu’ils se contenteraient de commander leur plat et de rigoler tout en mangeant distraitement, comme ils l’avaient tant de fois fait dans ce même restaurant par le passé. Ils avaient des problèmes depuis des mois, et la situation survenue à son bureau n’avait fait que jeter de l’huile sur le feu. Romy avait tout fait pour éviter la confrontation qui était sur le point de survenir, mais elle savait que cette fois, elle n’y arriverait pas. Tellement habituée que son couple ne rencontre jamais de problème, qu’il n’ait jamais eu une mauvaise période à traverser, la jeune femme redoutait plus que tout la discussion à venir. Elle craignait que de finalement reconnaître leurs problèmes n’allait être que l’élément déclencheur de pires moments à venir. Elle craignait qu’en exprimant à haute voix ce qu’ils savaient depuis quelques temps déjà, leurs difficultés deviennent encore plus réelles, qu’il soit dorénavant absolument impossible de les ignorer. Romy savait néanmoins qu’elle ne pouvait plus tergiverser, il était évident que Nate avait besoin de parler.

« Tu m’as mis à la porte comme si je ne valais rien devant lui Romy! » Son cœur se serra douloureusement lorsqu’elle constata à quel point son attitude l’avait blessé. Elle avait tellement été pressée de le faire quitter pour éviter que son patron puisse lui dire quoi que ce soit qui lui ferait du mal, que finalement, elle avait été responsable de son trouble. « Nate je suis tellement désolée… » dit-elle tout bas, l’émotion lui empoignant la gorge. Elle baissa les yeux, luttant contre les larmes qui montaient déjà. « Je n’ai jamais voulu te faire sentir comme si tu ne valais rien, tu dois me croire, je m’en veux atrocement… » Elle resta silencieusement un instant, toujours incapable de rencontrer le regard de Nathaniel. S’il y avait bien une chose que Romy ne supportait pas, c’était de blesser les gens à qui elle tient le plus au monde. « Tu es certaine que ce sont les choses au travail qui sont tendues et non… autre chose? » Pendant un instant, Romy souhaita à passer aux aveux. Elle se mordit la lèvre, hésitant. Il serait tellement plus simple si elle pouvait trouver le courage d’expliquer à Nate ce qui se passait à son bureau. Sans régler tous leurs problèmes, sa confession donnerait à son amoureux une opportunité de comprendre ses humeurs des dernières semaines. Il saisirait pourquoi Romy n’avait pas été exactement elle-même ces derniers temps. Mais c’était exactement ça le problème : elle avait déjà attendu trop longtemps avant de lui dire. Elle savait qu’il serait fâché, et déçu d’avoir été aussi tardivement été mis au courant. Qu’il tenterait alors de comprendre les motifs qui l’avait poussée au secret. Qu’il questionnerait tous ses faits et gestes des derniers mois. Elle craignait trop qu’il pense qu’elle avait tût les remarques de son patron car elle y prenait plaisir pour prendre le risque de lui avouer. Surtout, la honte lui clouait le bec. Sans jamais être un véritable sujet de dispute, elle savait que son manque de confiance et sa gêne peinait Nate et il avait mainte fois abordé ce point avec elle. Qu’il souhaiterait qu’elle se tienne un peu plus sur ses deux pieds, qu’elle ose prendre sa place et qu’elle ait confiance de dire à voix haute ses opinions et ses sentiments. Romy ne pourrait pas supporter de voir la déception dans les yeux de son amoureux alors qu’elle lui avouerait avoir laissé les remarques de son patron l’atteindre aussi profondément, au point qu’elle n’était même pas en mesure d’apprécier d’être finalement une avocate dans le milieu de ses rêves. Un million de scénarios, où les réactions de Nate variaient tout en demeurant mauvaises la forçait au silence.

Réalisant qu’elle était silencieuse depuis un long moment, Romy haussa les épaules. « Non, pas vraiment… » dit-elle, sans réaliser que sa réponse vague ne ferait qu’entraîner Nathaniel dans ses craintes. Romy était vraiment loin d’imaginer l’idée que se faisait peu à peu son amoureux de toute cette situation. « Mais la situation s’arrangera très bientôt, je te le promets. » Continua-t-elle, se faisant aussi la promesse par la même occasion. Elle était tannée de faire souffrir Nate en subissant sans broncher les avances déplacées de son patron, et était bien décidée de ne pas le laisser venir entre elle et lui de nouveau.