Here's what happens when two shopalics meet. x feat. Cooper

Si pour X raison je devais mentionner une chose que j’appréciais tout particulièrement de faire dans la vie, je répondrais certainement « faire du shopping ». Certes, j’étais une passionnée d’architecture – j’en avais même fait le domaine de mes études, de mon travail même – mais la principale activité que je pratiquais pendant mes moments de loisirs, c’était bien de parcourir en long et en large le centre commercial d’Union Square. Je ne manquais d’ailleurs jamais de préciser qu’il s’agissait de mon endroit favori dans tout San Francisco, et je ne le répéterais sûrement jamais suffisamment. Ainsi, vous avez une idée très précise de mon amour pour l’achat compulsif de biens matériels en tout genre – vêtements, chaussures, accessoires en tout genre, objets déco, etc – toutefois vous ignorez encore une chose : il s’agit d’à quel point il m’était agréable de ne point le faire seule. Il fallait l’avouer, mes petites escapades au centre commercial n’étaient que la plupart du temps synonyme de solitude ; je n’étais jamais accompagnée. Je pourrais demander à ma meilleure amie Lexie de m’accompagner, me diriez vous. Eh bien oui, en effet, je le pourrais très bien. Sauf que, premièrement, son emploi du temps était surchargé en raison de son travail et, deuxièmement, elle détestait par-dessus tout faire les magasins ! Voyez-vous maintenant où réside le problème ? Et ce n’était sûrement pas à mon mari Teddy – ex-mari maintenant – que j’allais demander de m’accompagner non plus. Heureusement, je n’étais pas condamnée à toujours parcourir seule les magasins à la recherche de mon bonheur. Au fil des années, j’avais été amenée à rencontrer une multitude de gens, à me lier d’amitié avec certains d’entre eux même. Eh bien, j’avais entre autres réussi à me faire un ami – non pas une amie – qui partageait mon amour pour le shopping et le centre commercial. Vous vous demandez sûrement de qui je peux parler… Il s’agit de Cooper, un jeune homme tout à fait apte à dénicher des merveilles, et avec une classe vestimentaire sans pareil – on trouvait rarement des hommes qui s’amusaient autant à bien s’habiller.
Justement, Cooper et moi, nous nous étions donné rendez-vous à Union Square, histoire de se revoir et de se faire une parfaite petite virée shopping  pour tous shopaholics qui se respectent. Et j’étais en retard. Le plus marrant dans tout ça, c’était que mon retard n’était non pas dû à la circulation ou quoi que ce soit, j’avais juste mis un peu trop de temps à m’habiller. Imaginez si j’avais eu un rendez-vous… Enfin bref. Le jeune homme devait certainement m’attendre et même peut-être commencer à perdre patience. Pas tant que ça au final vu qu’il ne m’avait toujours pas envoyé de messages. Je marchais donc à pas rapides pour le rejoindre – au moins, faisais-je un minimum de cardio – au point de rendez-vous, une boutique que nous appréciions beaucoup tous les deux. « Je suis là Cooper ! » criai-je pour attirer son attention alors que je me rapprochais de lui à grande vitesse. « Pardon pour le retard, j’ai eu un petit souci de choix vestimentaire aujourd’hui… » déclarai-je, quelque peu essoufflée mais un sourire en soin dessinée sur le visage. « Et toi ça va ? » finis-je par demander alors que je l’enlaçais pour le saluer.

Je ne pouvais être plus fidèle à moi-même qu’à cet instant précis. Qui d’autre que Lizzie Saunders ne pourrait avoir aucune autre excuse pour expliquer son retard que celle d’avoir eu beaucoup de peine à choisir ses vêtements ? Personne. Ou peut-être bien y avait-il d’autres personnes mais nous ne devions pas êtres aussi nombreuses que cela puisque je n’avais rencontré l’une d’entre elles jusqu’à maintenant. Ce jour viendrait peut-être… Cela ne changeait rien au fait que c’était moi et personne d’autre qui se faisait désirer, faisant attendre Cooper. Alors évidemment, je ne perdis pas de temps à me confondre en excuses lorsque je le retrouvai, lui demandant par la même occasion de ses nouvelles. Je fus heureuse d’entendre qu’il allait bien ; je n’en doutais d’ailleurs pas puisqu’il avait visiblement très bonne mine. Comme toujours. Je pouvais très facilement lui retourner son compliment. « Bah écoute, je crois que ça va bien aussi, handsome. » Beau et élégant, il l’avait toujours été. Je ne pouvais rêver mieux comme partenaire de shopping. Généralement, c’était plutôt le genre de choses qu’on faisait entre filles mais… disons que je jouais dans l’originalité. En tous cas, ma meilleure amie, Lexie, ne pourrait jamais m’accuser de la harceler pour qu’on fasse les boutiques ensemble. Pour être honnête, ce fut exactement ce que j’avais fait lorsque nous étions encore au lycée. Depuis, j’avais accepté le fait qu’elle ne partageait pas mon amour pour le lèche-vitrine. Encore plus maintenant que j’avais trouvé le meilleur shopping buddy de tout San Francisco, le seul avec qui je pouvais débattre pendant une éternité sur la qualité d’un vêtement en termes de tissus, de coupe ou encore de motifs et couleurs, etc…
« Encore désolée. » m’excusai-je de nouveau, tandis que je prêtais enfin attention à la vitrine du magasin devant laquelle nous nous trouvions. Mon regard s’arrêta d’ailleurs sur la chemise bleue qu’exposait un des mannequins. Un sourire amusée, je lui lançais quelque chose de ce genre : « Quoique, quelque chose me dit que tu n’as pas du t’ennuyer tant que ça… Cela m’étonnerait que tu n’aies pas examiné cette chemise en détail en m’attendant… » Je me tournai de nouveau vers mon ami, ne manquant pas de lui faire un petit clin d’œil complice au passage. « Ai-je tort ? » Depuis le temps que nous parcourions les magasins ensemble à la recherche de ce que j’aimais appeler le « bonheur vestimentaire », j’avais une idée très précise de ce qui pouvait lui plaire ou pas. A 99%. (Je vais me montrer modeste en n’utilisant pas le pourcentage maximal, après tout les goûts et les couleurs…) « Et quelque chose me dit aussi qu’on pourrait arriver à une tenue te seyant à merveille en partant de cette magnifique chemise. » Et il serait amusant qu’on le fasse ensemble. J’aimais non seulement m’habiller, mais j’aimais aussi habiller les autres bien qu’ayant abandonné l’idée de dessiner des vêtements par moi-même pour me consacrer à mon autre passion pour l’architecture.

Quelle ne fut pas du tout ma surprise quand Cooper me confirma en plaisantant qu’il avait eu un crush pour cette fameuse chemise bleue exposée en vitrine.  Je vous l’avais bien dit que je connaissais très bien ses goûts vestimentaires depuis le temps ; je n’avais pas exagéré ! «J’hésite entre être fière d’aussi bien te connaître ou d’en être effrayée… » annonçai-je sur le ton de la plaisanterie. A bien réfléchir, il était de toute façon inévitable qu’on se connaisse si bien après toutes ces virées shopping, bien que nous n’étions pas non plus les plus proches amis. Notre lien amical était tout de même suffisamment tissé lorsqu’il s’agissait d’auser l’autre. Mon ami avait eu cette idée de me proposer un petit défi, concernant cette tenue que l’on pourrait possiblement créer selon moi. Et ce défi, je n’aurais jamais su le refuser ! « Tu sais parler aux femmes toi… » Petit clin d’œil complice. Décidément, j’étais vraiment d’humeur plaisantin ce jour-là. Mais je savais très bien qu’il comprendrait très bien que ma plaisanterie signifierait un OUI. « Alors qu’est-ce qu’on attend ? J’ai hâte de m’amuser. » le pressai-je pendant qu’il consommait son café.
Enfin, on entrait dans la boutique et je ne pus m’empêcher de montrer une certaine surexcitation – et pourtant je traînais très très souvent au centre commercial ces derniers mois, depuis mon divorce pour être précise. Je ne manquai pas d’ailleurs de voir que mon compagnon de shopping se recoiffa vite fait bien fait devant le premier miroir sur notre passage. Amusée, je me gardais quand même de tout commentaire ; après tout, je n’avais pas fait mieux en chemin jusqu’ici et j’avais même appliqué de nouveau un peu de rouge à lèvres… Je le savais que je pouvais paraître superficielle mais je ne faisais juste que soigner mon apparence sans aucune vraie arrière-pensée. Tout comme, lorsque je prenais autant soin de ma garde-robe, juste par pur plaisir. Pas pour rien que cela m’amusait tout autant de parcourir les rayons non pas pour m’habiller moi mais Cooper. J’avais en plus un défi à relever en ce jour ! Je le fis alors avec une attention des plus particulières, réalisant à peine qu’il avait disparu pour un petit essayage du « saint graal ». Par chance, je passais près des cabines lorsqu’il en ressortit, portant la chemise bleue en question ; on aurait pu croire que je l’avais attendu. Je l’observais des pieds à la tête, lui demandais même de se retourner histoire que je puisse le voir sous tous les profils. « De dos, elle est juste parfait pour toi cette chemise. De face, par contre,… » Je l’examinai un peu plus longuement. « On dirait qu’il manque un petit quelque chose. Ou peut-être aurait-il fallu que ce soit un peu plu près du corps. » dis-je sur un ton tout à fait sérieux – un peu plus et on aurait dit une vraie styliste en me voyant… Et soudainement, j’eus une idée. Je levai alors l’index avant de l’énoncer ; on aurait presque pu réellement voir une ampoule s’éclairer au-dessus de ma tête. « Avec un gilet ce serait parfait ! Et j’ai cru voir exactement ce qu’il fallait tout à l’heure… » Ma voix s’évanouit alors que je me dirigeai de nouveau vers un rayon, sachant très précisément où j’allais. «  Essaie ça pour voir ! » lui proposai-je, en lui tendant le gilet en question. Si jamais ça n'allait pas, j'abandonnai le défi qu'il m'avait lancé.

J’étais contente que Cooper me mette au défi ; il n’y avait rien de mieux pour me remonter le moral. Et il me plaisait de savoir que mes humbles compétences en mode étaient tout à fait satisfaisantes pour une autre que personne de moi mais surtout que quelqu’un puisse m’accorder sa confiance. Ce n’était certes un rien du tout dans ces circonstances ; et je m’en contentais très bien. C’était donc avec beaucoup de sérieux que je menais ma mission, ne baissant pas les bras au premier obstacle. Au contraire. Je trouvai peut-être le moyen de le surmonter : un simple gilet à manches courts. J’attendais de voir ce qu’il donnerait sur mon ami et une bouffée de fierté m’envahit quand je le vis enfin sortir de la cabine le portant. « Sans me vanter… » Je marquai une légère pause. « J’ai été géniale sur ce coup là, tu ne trouves pas ? En plus ça irait très bien pour ton concert ! » Petit clin d’œil. Et encore une fois… Sans me vanter, ça avait du être le cas puisqu’il allait acquérir et la chemise et le gilet. J’avais alors ce grand sourire de satisfaction sur les lèvres ; je ne l’avais d’ailleurs pas encore abandonné ce sourire lorsque Cooper m’interrogea sur notre prochaine destination. « Je suis plus du genre à improviser sur le moment, n’oublie pas. » Je me pinçai les lèvres. « En vrai, j’avoue avoir ma petit idée. Il y a ce petit prêt-à-porter homme qu’il serait intéressant d’aller voir. Celui qui est à côté de Tiffany, tu sais ? » Nous sortions alors du magasin.
Nous étions loin d’être les seuls à avoir choisi de faire quelques petites emplettes aujourd’hui puisque nous nous retrouvâmes dans une foule de gens. Mon shopping buddy se mit à en plaisanter. Je rigolai. « Et dire que ce sera cent fois pire pour Black Friday en réalité… » Disait celle qui ne manquait jamais de venir faire les magasins ce jour-là : il serait idiot de ne pas profiter des grosses promotions après tout. Maintenant, parfaitement intégrés à la cohue, nous avancions en discutant. « Tiens ! Je ne te l’ai pas dit mais l’autre fois en venant ici. J’ai trouvé le moyen de me battre pour une paire de chaussures ! Tu te rends compte ? » Je grimaçai en repensant à ce petit moment humiliant : je n’avais pas été du tout adulte ce jour-là, il fallait bien le reconnaître... « Jamais de la vie j’aurais cru avoir à littéralement me battre pour faire mon shopping. Faut dire que je ne l’aurais pas fait si elle n’avait pas commencé la vieille bique… » Je continuai alors le récit de mes péripéties. Et lorsque nous arrivions au prêt-à-porter, je réalisai que j’avais quasiment parlé toute seule tout du long. Avant qu’il ne puisse entrer dans la boutique, je me mettais face à lui, l’arrêtant net dans sa progression. « C’est moi ou t’es pas très bavard aujourd’hui ? » Je le dévisageai avant d’ajouter. « Je sais que mes histoires ne sont pas les plus intéressantes mais je me serais attendue à un peu plus de réaction de ta part. » Je haussai alors les épaules avant de finalement lui sourire, amusée par ce que je m’apprêtais à lui dire. «Je te pardonne ton silence à la seule condition que tu penses à une autre jolie fille que moi. » Je rigolai à ma petite plaisanterie.

Quand je vis une expression très enjouée sur le visage de mon ami, je sus immédiatement que le choix d’un prêt-à-porter était très judicieux. « Il y a plutôt intérêt à ce sue ça te mette l’eau à la bouche !  Il faut ce qu’il y a de mieux pour un fashion lover comme toi ! » Je lui fis un petit coup de coude amical. Et lorsqu’il m’invita à se mettre en route, je lui pris le bras pour l’entraîner jusqu’au lieu de notre prochaine escale. En chemin, je lui racontais la mésaventure des chaussures quand je me rendis compte qu’il avait l’esprit ailleurs. Je l’interrogeai en plaisantant sur le sujet de ses rêveries. En tous cas, si j’ignorais ce qu’il en était précisément, j’avais mis le doigt sur une chose : ses pensées se tournaient vers une fille. Il m’apprit alors qui s’agissait de son ex. Une certaine… Non ? Je rêvais ou il avait bien dit Janine. Confuse, je penchai la tête, prise dans une soudaine réflexion. Peut-être avais-je mal entendu son prénom ? Ou même si j’avais très bien compris, peut-être s’agissait-il d’une autre Janine ? Le prénom n’étant pas très courant, ce serait vraiment une belle coïncidence. Surtout que la Janine que je connaissais revenait tout juste à San Francisco elle aussi… Je devais en avoir le cœur net. « Comment as-tu dit qu’elle s’appelait déjà ? » Quand il eut répondu, il m’invitai à reprendre le défi suite à son petit retour sur Terre. Je l’arrêtai net quand il voulut entrer dans la boutique. « Non mais attends une seconde ! Tu sais je connais quelqu’un qui s’appelle ainsi. » Je marquai une pause, histoire qu’il comprenne où je voulais en venir. « Du coup je me demande s’il ne s’agit pas de la même personne. Ce serait une sacrée coïncidence quand même ! » Je clignai des yeux, attendant qu’il m’en dise plus.  

Je ne le savais très bien que j’étais la cause de la présente frustration de Cooper – et j’en étais réellement désolée – sauf que cela m’intriguait beaucoup que l’ex de mon copain de shopping soit en fait Janine. Janine que j’avais à plusieurs reprises rencontré jusqu’au point de tisser une relation amicale là aussi spéciale puisque cette dernière se montrait assez souvent élogieuse à mon égard tandis que de mon côté je n’hésitais pas à l’aider quand cela était dans mes cordes. Enfin… je n’étais pas encore certaine qu’il parlait vraiment de cette Janine là alors… J’ignorais royalement la moue enfantine et boudeuse de Cooper et je faisais des gros yeux en attendant qu’il m’en dise plus. Et… je le savais ! Janine Harwell. Parce qu’il s’agissait vraiment d’elle ! « Wahouh ! Si je m’y attendais. J’étais loin d’imaginer que toi et Janine vous… enfin que vous pourriez avoir été ensemble un jour. » D’ailleurs la concernée devait également ignorer que je connaissais son ex après tout. Pas le temps de digérer l’information, cette fois-ci ce serait Cooper qui m’entraînerait dans le magasin avec une hâte incommensurable. L’appel du bonheur vestimentaire, avais-je deviné. « Mais attend ! J’apprends que je connais ton ex et toi tu n’en as rien à faire. T’es pas plus curieux que ça ? » Je jetai un œil à sa trouvaille. « Quoique… je te comprends finalement… » Je secouai la tête. « Mais quand même… Si je l’avais su… »

Je me retins de ne pas me taper sur le front lorsque je réalisai que mes paroles pouvaient être mal interprétées. Comme à mon habitude, je fonçais sans réfléchir au point de ne pas me rendre compte qu’on pouvait mal les prendre. Fort heureusement Cooper me connaissait bien sinon il aurait très bien pu se fâcher. « Ne le prends pas mal hein ! Je voulais juste dire que j’étais loin de me douter ne serait-ce que vous vous connaissiez. Comment j’aurais pu imaginer que vous ayee même été ensemble un jour ? » Quoique, plus j’y réfléchissais, plus j’avais du mal à me faire à l’idée. Pourtant, ils avaient des points communs plutôt évidents à bien y réfléchir… Sûrement me fallait-il un peu de temps pour m’approprier la nouvelle. En attendant, j’allais sûrement me montrer un peu curieuse. Encore plus que je le pensais puisqu’il déclarait sans l’ombre d’une hésitation qu’il aimait beaucoup parler de Janine. Je lui fis un léger coup de coude dans les côtes. « Mais dis donc, il faudrait croire qu’elle te fait encore pincer la petite Janine ! » J’avais dit ça pour l’embêter mais j’eux tout à coup un doute. « C’est pas le cas ? Si ?» J’accompagnai mes paroles d’une légère grimace, ayant l’impression d’encore avoir dit une bêtise sans y avoir plus pensé au préalable. Pour rattraper ma maladresse, j’en revenais à notre sujet initial, en affichant un sourire. « Et oui, bien évidemment qu’on peut toujours parcourir le magasin en discutant. Je ne vais pas me permettre de te fruster plus longtemps. Je sais ce que ça fait. » Je pris de visu un des ces pulls mauve, pensant avoir repéré sa taille. « Si tu achètes ce pull, ce ne sera évidemment pas pour le concert, on est d’accord ? » Petit clin d’œil.

Je hochai la tête à l’affirmation de Cooper. « Sûrement qu’il doit y avoir plusieurs Janine à San Francisco. Toutefois je doute que le prénom soit aussi courant que le mien, si tu vois ce que je veux dire. » Orthographié de bien des manières, mon prénom – Elizabeth – était très commun et ordinaire comme prénom tandis que Janine l’était beaucoup moins ! Pas si étonnant qu’on connaisse la même finalement ! Mais il n’était pas n’importe qui pour la petite Janine – je l’appelais souvent ainsi – il était rien de moins et rien de plus que son ex petit-ami. Et il semblait toujours en pincer pour elle. Et ses dires semblaient tout bonnement confirmer mon impression. « Confus ? Comment ça ? Tu crois l’aimer toujours ? » La curiosité était un vilain défaut… mais ne disait-on pas non plus qu’il s’agissait d’une preuve d’intelligence ? Je ne me privai d’en faire preuve en tous cas ! (Pas que j’avais vraiment réfléchi aux conséquences que ça pourrait engendrer.) Et mon compagnon de shopping ne s’en priva pas non plus, se demandant comment j’avais bien pu être amené à la connaître. « Je l’ai croisé à des nombreuses reprises dans des établissements où elle avait joué et on a fini par discuter ensemble assez souvent. Tout simplement. » avis-je répondu sur le ton de l’évidence. Cela faisait un bon moment qu’on se connaissait toutes les deux maintenant même si son départ de San Francisco me laissait l’impression du contraire. Depuis qu’elle était revenue, nous nous étions vues et parlées assez souvent quand même. Le sujet en revint ensuite un instant à son « craquage du Nouvel An » et je trouvai là une nouvelle occasion de plaisanter. « Tu t’abstiens pour Noël cette année ? » D’acheter des vêtements, bien entendu. Ce n’était pas là un mauvais jeu de mot et une quelconque référence à son célibat… D’ailleurs, j’en revenais sur le sujet de notre connaissance mutuelle. « Ce serait trop te demander de savoir ce qui a bien bu se passer entre vous deux ? Je veux dire… clairement vous avez rompu alors que toi tu l’apprécies toujours. »

« Et de la fille d’Orgueil et Préjugés…»* rajoutai-je à sa remarque sur le fait que je portais l’exact même prénom d’un personnage d’une sage Disney très connu. J’éclatai de rire en pensant au point commun existant entre les deux films que nous avions mentionné ! « C’est marrant ! C’est la même actrice qui les joue toutes les deux ! » Je continuais à rire de bon cœur avant de m’arrêter soudainement. « Bon, ce n’est peut-être pas si drôle que ça. » finis-je par admettre en guettant la réaction de mon ami.
On continuait ensuite à parcourir le magasin tandis que l’on discutait à propos de Janine, qui s’avérait bien être une connaissance commune au final. J’en appris alors un peu plus sur ce qui avait bien pu se passer entre eux. « Vous n’êtes pas restés en mauvais termes c’est déjà bien. » Ma remarque me fit alors penser à Dorian. Nous avions divorcé il y avait quelques mois, et nous nous étions jamais parlés ou même revus depuis la signature du document, vivant chacun de notre côté. Nous étions certes en mauvais termes lorsque nous avions fini par mettre fin à notre mariage, il était vrai mais je me demandais bien ce qu’il en serait aujourd’hui si jamais il arriverait qu’on se revoie. Perdue dans mes pensées, j’avais à peine entendu ce qu’il m’avait dit. « Quoi ? Ah oui… C’est effectivement le meilleur moyen de la rencontrer. » Nous faisions ensuite une petite parenthèse qui m’apprit que Cooper était plutôt impatient de partir pour les vacances de Noël. « Tu dois vraiment être pressé dis donc ! A ta place, j’aurais été incapable de prévoir quoi que ce soit d’avance. »Ce qui me fit penser une fois de plus à mon ma… ex-mari lorsqu’il avait organisé notre lune de miel au Japon. Je le chassai de mon esprit et en revint au sujet de Janine. « Oui, je comprends que tu sois en colère. La disparition de Janine m’avait moi-même interpelé alors j’imagine bien ce que tu as pu ressentir. A ta place, j’aurais sûrement été fâchée aussi. » Tandis que je l’écoutais, je jetai un œil aux différents pantalons qui se trouvait face à moi, en cherchant donc la coupe serait parfaite pour le concert de Cooper. Je crus trouver celui qui irait parfaitement et le lui montrai. « Excuse moi de t’interrompre mais… Que penses-tu de celui-ci ? » Je souriais, ne cachant pas mon enthousiasme.

Je gloussai en entendant les propos de Cooper. « Je la comprends, c’est génial d’être moi ! » Ce fut donc sur un peu de vantardise de ma part que se terminait notre parenthèse cinématographique. Nous nous étions bien égarés là quand même… Tout ça pour dire que j’avais un prénom des plus ordinaires… A se demander comment nous avions fait pour en revenir à Janine… Janine qui me semblait de plus en plus ne pas laisser indifférent mon shopping buddy malgré leur rupture. Il n’y avait qu’à voir le soupir qui avait suivi sa remarque qu’il ne restait peut-être plus rien entre elle et lui. « Ça m’étonnerait ! Une relation ne se finit pas aussi facilement que ça ! » J’avais dit cela sur le ton de l’évidence. Mais j’avais étrangement pensé à mon ex-mari à ce moment-là. « Et je viens seulement de m’en rendre compte… » murmurai-je à moi-même (et peut-être que Cooper m’avait entendu, je n’en savais rien). Je venais en effet de constater que c’était exactement ce que j’avais voulu faire en divorçant… et au bout de 6 mois, je ne pouvais pas vraiment dire que c’était une réussite puisque je ne m’en sentais que plus seule ces derniers temps. Et je commençais étrangement à penser un peu trop à lui aussi… Evoquer les fêtes de fin d’année – et tout particulièrement Noël – finit pas me distraire de toute pensée à propos de Dorian. Mais par contre, je n’oubliais pas Janine aussi facilement, encore surprise d’apprendre qu’elle était la petite-amie de Cooper auparavant. « Janine peut parfois se montrer un peu maladroite mais je suis sûre qu’elle ne pensait pas à mal. Je suppose qu’elle ne veut juste pas perdre ton amitié. » Je marquai une pause. « Mais je comprends que tu sois un peu confus. » Nouvelle interruption dans notre discussion puisque je repérai au même moment un pantalon qui semblait aller parfaitement à la tenue que nous tentions de créer et il fut plus qu’évident que Cooper était emballé à l’idée de l’essayer. Je lui donnai le pantalon et le poussai jusqu’aux cabines. « Je le sens bien là ! Hâte de voir ce que ça donne ! » J’observai Copper entrer dans la cabine et attendit (im)patiemment qu’il en ressorte : j’étais plus que sûre de mon coup !

Il me tardait de voir ce que le pantalon donnait sur Cooper ; j'étais tellement impatiente que j'avais essayé de m'occuper en parcourant les réseaux sociaux sur mon téléphone. Quand il sortit enfin de la cabine, j'affichai un grand sourire, toute contente, toute fière du résultat. « Han mais j'ai trop assuré aujourd'hui. C'est qui la reine du shopping ? » J'avais fini par me vanter mais, j'étais rarement aussi fière de moi, excepté lorsqu'un de mes plans était accepté avec enthousiasme au boulot. Mais je perdis très vite le sourire en apprenant que Cooper devait y aller d'urgences, pour remplacer un collègue. « Je comprends. On se refera une petite virée une autre fois. » finis-je par lui dire, sans pouvoir cacher la déception de me retrouver seule. Je l'accompagnai ensuite à son passage en caisse. Et puis vint le moment où il devait réellement partir. « Je compte sur toi pour me montrer le résultat en photo ! A la prochaine ! » Cooper fila et, pour la première fois de ma vie, je n'avais pas très envie de continuer à faire mon shopping toute seule. Il y avait bien l'achat des cadeaux de Noël qu'il fallait assurer... Mais je reviendrais plus tard lorsque je serais d'humeur. Je préférais pour l'instant rentrer chez moi, et siroter un verre de vin - voire plus - en matant un bon film à la télévision.