are you okay ? (miles&joan)

Cela faisait un petit moment maintenant que tu t'inquiétais pour son frère, pour son accident. Tu avais eu quelques nouvelles de sa part par message, heureusement. Il essayait de te rassurer, il te connaît bien Miles. Il sait à quel point tu peux commencer à paniquer dès qu'il s'agit de tes frères et soeurs. Tu ne veux pas faire de montagnes sur des détails, mais là il ne s'agissait pas d'un détail, il s'agissait d'un accident qui impliquait ton frère et Willow. Quelque chose d'important, pas une petite touchette de rien du tout. T'estimais avoir le droit de te faire du souci. La veille de l'accident, t'étais chez ton voisin de palier. Celui que t'es censée détester au plus haut point. Mais ce jour-là t'as fini dans son lit et t'as découvert un amant parfait. C'était une belle journée et une belle soirée. Le lendemain devait avoir lieu le mariage de Willow, tu t'étais fait belle pour l'occasion. T'étais persuadée que ce serait une belle journée. Mais c'est l'annonce de l'accident qui était venue tout gâcher. T'avais pas vraiment su quoi faire sur le moment, Miles te disait que tout allait bien. T'avais essayé de l'appeler, mais il n'avait pas répondu. T'avais paniqué. Aujourd'hui t'allais enfin lui rendre visite après l'accident, tu voulais t'assurer que tout allait bien pour lui, qu'il allait réellement bien. T'avais appris avec le temps que ce n'était pas parce que ton frère t'assurait par message qu'il allait bien que c'était le cas. Miles sait comment tu es, il sait que tu as tendance à vouloir le surprotéger et que la moindre petite chose peut te faire paniquer plus que la moyenne. Mais en même temps il pouvait s'estimer heureux que des gens s'inquiètent pour lui. C'était comme ça que tu voyais les choses en tout cas. T'arrivais à son appartement avec une pâtisserie que t'avais préparée. T'aimais bien apporté de quoi grignoter à tes frères et soeurs qui ont toujours considéré que t'étais une super bonne pâtissière. En même temps t'en as pas fait ton métier pour rien. T'arrivais devant sa porte et tu frappais trois petits coups, attendant bien sagement qu'il vienne t'ouvrir. T'abordais un grand sourire et tu montrais fièrement le petit carton dans lequel se cachait la pâtisserie favorite de ton frère. La porte finit par s'ouvrir. Wow Miles, t'as une mine affreuse. C'était la seule chose que t'avais trouvé à dire en le voyant. Alors qu'en réalité, ce n'était pas si terrible que ça, mais encore une fois tu devais toujours en rajouter. Je venais m'assurer que tout va vraiment bien pour toi et j'en ai profité pour t'apporter ça. Tu lui tendis le carton tout en continuant de sourire. T'étais quand même contente de le voir, debout et avec une plus ou moins bonne mine.

« i'll be okay »
is that what you want me to say?

Le coude sur la table, la tête reposant sur son poing fermé, Miles regardait pour la seconde fois des vidéos d'audition qu'il avait reçues la veille. Toutes plus insipides les unes que les autres, ces filles n'étaient pas faites pour être actrices. Aucune d'entre elles ne l'était. Il ne prétendait pas avoir l’œil pour repérer les futurs grands acteurs de demain, mais il était persuadé que sa petite sœur de six ans aurait été bien plus douée. Néanmoins, le réalisateur du film sur lequel il travaillait lui avait demandé de toutes les visionner et de lui faire un rapport. Il s'était en effet mis en tête d'ajouter un nouveau personnage au casting alors que la moitié du film était déjà enregistrée. Il n'y aurait que quelques scènes à refaire, avait-il dit. Lorsque son patron lui avait téléphoné la veille, Miles avait tenté d'argumenter pour s'éviter cette corvée. Mais étant incapable de faire quoique ce soit sur le plateau depuis son accident, toujours d'après les mots du réalisateur, il n'avait finalement pas eu d'autre choix que d'accepter si il voulait garder son emploi. Ce film courrait à la catastrophe et il avait de moins en moins envie de voir son nom y être associé. Mais il ne supporterait vraiment pas de perdre son emploi en ce moment...

Il était entrain de s'assoupir lorsque des coups frappés sur la porte du loft le firent sursauter. Fronçant les sourcils, il jeta un coup d’œil à sa montre, se demandant de qui cela pouvait s'agir. Ella lui avait dit qu'elle ne rentrerait que tard le soir et il était de toute façon persuadé qu'il l'avait vue prendre son trousseau de clefs en partant. Il consulta son portable, songeant que quelqu'un l'aurait peut-être prévenu de cette visite surprise mais l'écran n'affichait aucun message. Alors, péniblement, il se laissa glisser de son tabouret et alla ouvrir la porte. Découvrant l'une de ses sœurs aînées, il esquissa un sourire. Joan était rayonnante. Tout son contraire. Ce qu'elle ne manqua d'ailleurs pas de lui faire remarquer. « Wow, merci pour le compliment. » répondit-il, une pointe de sarcasme dans la voix. Son regard se posa sur la boîte qu'elle tenait fièrement sous son nez. Il avait l'habitude que sa sœur lui apporte de quoi grignoter. À vrai dire, gourmand comme il était, il avait été l'un de ses premiers fans, alors même qu'elle s'entraînait encore dans la cuisine de la maison familiale. « T'avais pas besoin de... » Découvrant des roulés à la cannelle dans la boîte qu'il était entrain d'ouvrir, il s'interrompit. Ce n'était finalement rien de compliqué, mais c'était de loin sa pâtisserie préférée. Et réalisés par Joan, ils n'en seraient que meilleurs. Il esquissa ensuite un sourire, avant de déposer un baiser sur la joue de son aînée. « Merci, Jo. » Étrangement, il sentit son cœur se dilater. En ce moment, il s'inquiétait et doutait de tout. Alors ce genre d'attention lui faisait sans doute plus plaisir qu'à l'ordinaire. « Tu veux boire quelque chose? » demanda-t-il finalement, alors qu'il invitait sa sœur à s'asseoir d'un geste de la main, ignorant volontairement la partie où elle disait venir s'assurer qu'il allait bien.

Ta famille, tu l’adores. Ca a toujours été comme ça et t’es persuadée que ça ne changera jamais. T’as toujours eu une relation particulière avec chacun d’entre eux. Tu es plus proche de certains d’entre eux, mais au fond tu les aimes tous de la même manière. Aujourd’hui, t’allais rendre visite à Miles, ton petit frère adoré. T’étais impatiente de le voir, tu n’avais plus eu vraiment l’occasion de lui parler depuis l’accident qui a eu lieu lors du mariage de Willow. Tu ne pouvais certainement pas rester une journée de plus sans aller voir. T’étais en plus persuadée que ton frère aurait bien besoin d’un peu de compagnie et c’était l’occasion pour vous de parler de tout ça. Il avait peut-être besoin de quelqu’un pour le réconforter et le rassurer. Tu te doutais bien que les choses ne devaient pas être faciles pour lui en ce moment. Et en même tu ne voulais pas non plus trop l’embêter avec tout ça, tout le monde devait lui poser des questions à ce sujet en ce moment et il en avait peut-être assez d’en parler. Tu verrais bien sur le moment, selon les envies de Miles. En arrivant chez lui, tu lui fis immédiatement une remarque sur sa mine plus qu’affreuse. T’avais pas pu t’en empêcher, t’étais pas du genre à mentir de toute façon. Surtout pas à ton frère. Et honnêtement, il n’avait pas bonne mine. Désolée Miles, mais franchement tu t’es regardé dans un miroir ? Tu demandes tout en laissant échapper un petit rire. T’aimais bien le taquiner ton petit frère, t’adorais ça même. Rapidement tu lui tendis les pâtisseries que t’avais préparée pour lui. Ses préférées, tu le savais très bien depuis le temps. Tu te souviens encore très bien des heures que tu pouvais passer dans la cuisine familiale pour tenter des recettes. Parfois tu suivis le livre à la lettre et parfois tu tentais tes propres recettes. T’apportais ta petite touche personnelle. La cuisine était souvent en chantier ces jours-là et il valait mieux ne pas trop l’approcher pendant que tu préparais tes pâtisseries. Par contre, dès que tout était terminé, tu te faisais un plaisir de laisser ta famille goûter le résultat final. Miles était l’un de tes plus fidèles cobayes d’ailleurs et tu prenais très au sérieux les remarques qu’il pouvait te faire une fois qu’il avait goûté un petit bout de pâtisseries. C’est sans aucun doute ce qui t’as permise de t’améliorer et de pouvoir proposer aujourd’hui des produits de qualité dans ta propre entreprise. T’en es fière de ça, vraiment. Miles commença par lui dire qu’elle n’aurait pas dû apporter, mais il ne termina pas sa phrase en découvrant qu’il s’agissait de ses pâtisseries favorites. Je savais bien que tu ne pourrais pas résister à tes pâtisseries préférées. Et tu sais bien que ça me fait plaisir. Même si tes frères et sœurs te répétaient que ce n’était pas nécessaire, tu ne pouvais pas t’empêcher de leur préparer à chaque fois tes meilleurs pâtisseries. Il ne pourrait pas te changer pour ça. Il te déposa un baiser sur ta joue et t’affichais un petit sourire. De rien petit frère. T’étais à présent entrée dans son appartement et ton frère te demanda si tu souhaitais boire quelque chose. Un simple verre d’eau ferra l’affaire. Tu réponds simplement tout en prenant place sur le canapé. T’attends qu’il prépare les boissons et t’en profites pour regarder son appartement dans les moindres recoins. Dès qu’il revient vers toi, tu affiches un sourire et tu repars à la charge. T’es bien décidée à savoir si ton frère n’est pas trop dévasté par les récents événements. Alors Miles, comment tu vas ? Si tu ne veux pas parler de tout ça, je comprendrais. Mais dis-moi au moins comment tu te sens. Tu t’inquiètes réellement pour ton frère, tu t’es toujours inquiétée pour lui de toute façon. T’as toujours voulu le protéger et aujourd’hui te voilà totalement impuissante.

« i'll be okay »
is that what you want me to say?

La visite de Joan tombait plutôt bien, finalement. Bien qu'il avait encore du pain sur la planche avec les auditions qu'il était entrain de visionner, il devait avouer qu'une petite pause ne lui ferait pas de mal. Il aurait tellement voulu pouvoir envoyer balader son patron une bonne fois pour toutes. Mais faire du cinéma avait toujours été l'un des ses plus grands rêves et il n'avait ni les moyens, ni les contacts pour se lancer dans cette aventure seul. Du moins, pour l'instant. Alors il tentait de tirer avantage de sa situation en se faisant bien voir par les producteurs qu'il avait pu rencontrer grâce à son patron. Et, lentement mais sûrement, son carnet de contacts se remplissait.

La remarque de Joan sur sa mine l'amusait visiblement beaucoup, si bien que Miles ne put s'empêcher de sourire. Finalement, c'était mieux qu'elle en rie plutôt qu'elle ne s'en affole, comme l'avait fait sa mère quelques jours plus tôt. « Honnêtement? J'évite. Mais je vois le regard d'Ella tous les matins et ça me donne une idée globale. » Ce n'était pas tout à fait vrai. À chaque fois qu'il passait dans la salle de bains, il s'observait dans le miroir, se défiant presque du regard. Mais ce n'était pas tant ses traits fatigués et son teint pâle qu'il observait. Il essayait de comprendre comment il avait bien pu devenir ce type à l'allure pathétique que le miroir lui reflétait. Ce type qui avait tout pour être heureux, qui l'était réellement, et qui avait tout gâché en à peine quelques minutes. « Mouais... Je vais finir par prendre trente kilos à cause de toi et de Romy. » lâcha-t-il, en référence aux pâtisseries de Joan et à tous les plats que Romy lui apportait, balayant rapidement ses pensées de son esprit. Se dirigeant vers la cuisine, il remplit deux verres d'eau qu'il vint déposer sur la table devant le canapé où sa sœur venait de s'installer. « Tu sais, vous devriez vous enregistrer avec maman et Romy. Comme ça vous n'auriez plus à me poser cette question, il suffirait d'appuyer sur un bouton, ça vous éviterait de vous répéter. » Un instant, il pensa qu'il avait de la chance qu'Harper vive quasiment à l'autre bout du monde. Sans quoi il était persuadé qu'elle aussi aurait passé des heures au loft, à essayer de lui changer les idées. Il savait que Grace s'inquiétait elle aussi pour lui mais ses questions étaient généralement moins pressantes et elle tentait davantage de le détourner de ses pensées plutôt que de l'amener à parler de ce qui n'allait pas. Reportant son attention sur Joan, il poussa un soupir. Il savait que ça ne servirait à rien de contourner la question avec elle. L'humour était sans doute sa meilleure arme et il l'avait toujours utilisé pour se sortir de situations difficiles. Mais il doutait que cela suffise cette fois. Ils étaient tenaces, dans la famille Whitaker. Et il lui semblait que ce trait de caractère était encore renforcé chez les femmes de la famille. « Ça va Jo, je t'assure. » ajouta-t-il finalement, tentant d'être le plus convaicant possible. Il s'interrompit un moment et ses pensées allèrent à Willow. « C'est pas moi qui ait été le plus amoché... » Physiquement, peut-être que si. Moralement aussi, à vrai dire. Mais Willow n'était pas sortie de son coma sans séquelle et lui avait au moins la chance d'avoir conservé tous ses souvenirs. Enfin, si on pouvait parler de chance...

C'était très important pour toi de prendre des nouvelles de ton frère en temps normal, mais ça l'était d'autant plus depuis qu'il avait eu cet accident. Tu tenais absolument à venir voir en personne que tout allait plutôt bien pour ton frère. Evidemment tu savais très bien que celui-ci ne serait pas non plus au top de sa forme et qu'il faudrait encore un peu de temps pour qu'il se remette émotionnellement et physiquement de cet accident. Mais tu voulais tout de même t'assurer qu'il n'était pas trop au fond du bac et lui montrer que t'étais présente si jamais il avait besoin de quoi que ce soit. Même s'il le sait très bien, c'était important pour toi de le rappeler. Tu savais aussi très bien en venant ici que Miles n'allait pas se confier très facilement. Il n'a jamais été comme ça, t'as toujours eu pour habitude de devoir lui tirer les vers du nez et t'es devenue assez douée avec le temps. Bien que ton frère garde encore quelques secrets bien cachés. Ce qui au fond est tout à fait normal. Tu évites d'ailleurs de trop insister lorsque tu arrives sur certains sujet dont tu sais déjà qu'il ne voudra pas te donner des détails. Tu respectes tout à fait que ton frère puisse avoir ses secrets et tu pars du principe que si un jour il veut en parler, il devra le faire de lui-même, voilà tout. En arrivant chez Miles tu commençais par le taquiner sur sa mine affreuse. Ton but étant de détendre un peu l'atmosphère et le faire rigoler et non de retourner le couteau dans la plaie. Oui j'imagine, comment elle va Ella ? J'imagine qu'elle doit être au petit soin avec toi depuis l'accident. Tu te doutais bien que la copine de ton frère devait tout fait pour qu'il se sente le mieux possible après ce qu'il a traversé. Ca n'avait pas dû être facile pour elle non plus d'apprendre qu'il avait subi un accident et elle devait être soulagée de le voir sur pied. Tu ne peux pas te passer de nos plats de toute façon Miles, avoues-le ! Je suis sûre que si une fois je n'apporte rien, tu me ferais une remarque. T'avais l'habitude de toujours amener quelque chose à tes frères et soeurs quand tu vas leur rendre visite et lorsqu'il vienne chez toi, tu prépares aussi quelque chose. C'est une coutume, tu ne peux pas t'en empêcher et tu étais persuadée que si une fois tu changeais ça tes frères et soeurs seraient les premiers à s'en plaindre. Miles, tu ne peux pas nous en vouloir d'essayer de prendre de tes nouvelles. Tu savais qu'il devait en avoir assez que tout le monde lui demande la même chose, mais en même temps c'était normal. Il serait vexé si aucune personne de sa famille ne se serait inquiété de son état. Tu commençais un peu à insister sur le sujet quand même, t'avais besoin d'être rassurée sur l'état de ton frère. En plus, t'étais persuadée que ça ne pourrait lui faire que du bien d'en parler un petit peu. J'imagine, Willow est toujours dans le coma ? Tu vas la voir souvent ? Tu as toujours beaucoup apprécié Willow qui était très souvent à la maison. Tu sais très bien à quel point Miles s'entend avec elle. Tu t'es même demandé quelques fois s'ils ne devraient pas se mettre ensemble, mais à présent qu'ils ont chacun quelqu'un d'autre dans leur vie, tu n'y as plus vraiment songé.

« i'll be okay »
is that what you want me to say?

Miles aurait peut-être du réfléchir à deux fois avant d'aborder le sujet de sa petite amie avec Joan. Il savait qu'elle appréciait Ella, comme le reste de la famille, et qu'elle serait sûrement tout aussi déçue du comportement qu'il avait eu envers elle au mariage de Willow. Il ne comptait pas le lui révéler, loin de là même. Mais il craignait de se trahir en laissant transparaître quelque chose dans son expression ou dans ses paroles. Quelque chose qui aurait pu alerter sa sœur aînée comme cela avait alerté sa jumelle des années plus tôt. Et il savait qu'une fois qu'elle se douterait qu'il se passait quelque chose, elle ne lâcherait pas l'affaire jusqu'à ce qu'il déballe tout ce qu'il avait sur le cœur. Ou qu'il trouve quelque chose de suffisant convaincant pour s'offrir un peu de répit. « Ella... Ça va. Mais les choses sont moins naturelles depuis l'accident... » Il évita de préciser qu'il n'était pas pour rien là dedans. Ou plutôt que c'était entièrement sa faute si les choses paraissaient désormais si mécaniques entre lui et sa petite amie. Tous les matins, ils se levaient, déjeunaient puis partaient en cours ou travailler et lorsqu'ils rentraient le soir, ils dînaient, regardaient la télé ou travaillaient chacun dans leur coin avant d'aller se coucher. Une vie monotone, bien loin de ce à quoi on aurait pu s'attendre pour un couple comme le leur. Miles savait que c'était à cause de son comportement étrange, des secrets qu'il lui cachait. Mais il se garda bien d'en parler à son aînée. « Je crois qu'elle a eu vraiment peur et... je m'en veux. » Pour le coup, il ne mentait pas à Joan. Certes il ne lui disait pas toute la vérité mais elle n'avait pas besoin de tout savoir.

Portant ses lèvres au verre d'eau qu'il tenait entre ses mains, il écouta sa sœur lui dire que c'était normal que ses proches s'inquiètent pour lui. Elle avait totalement raison et il savait qu'il aurait sans doute réagi de la même manière si les rôles avaient été inversés. Mais ce qu'elle ne pouvait pas comprendre, c'était qu'il était persuadé que cet accident était un coup du sort qu'il avait lui-même provoqué. Et qu'il ne méritait pas toute cette attention. « Je sais... Je vous en veux pas, Jo. C'est juste que... » Jugeant qu'il était préférable de ne pas lui dire ce qu'il pensait à ce sujet, Miles laissa sa phrase en suspens, se contentant de hausser les épaules et d'adresser un mince sourire à sa sœur.

Quelque peu surpris de voir que Joan n'était pas au courant des dernières nouvelles, il se redressa dans le canapé. « Romy ne t'a rien dit? » Depuis le réveil de Willow, il avait évité soigneusement toute conversation à son sujet. Il s'était contenté de prévenir Romy et le reste de la bande le jour même mais il s'était ensuite reposé sur sa jumelle pour transmettre le message au reste de la famille. C'était déjà assez compliqué à encaisser sans devoir répéter la même histoire une quinzaine de fois. Alors oui, il avait volontairement omis d'informer le reste de ses proches. « Elle s'est réveillée mais... Elle est... Elle ne se souvient plus de ce qu'il s'est passé ces dernières semaines. » Le terme amnésique était encore trop difficile à prononcer. Trop définitif. Miles avait beau prétendre que rien ne s'était passé le jour du mariage, savoir que l'amnésie de Willow était sans doute la seule chance qu'il aurait pu avoir de rattraper ses erreurs, il gardait cette étincelle d'espoir que ses souvenirs lui reviendraient un jour ou l'autre. Qu'elle se rappellerait de ce qu'elle lui avait avouer et du baiser qu'ils avaient échangé. Parce qu'il ne voulait pas être le seul à vivre avec cela au quotidien.

T’étais persuadée que ton frère avait vraiment besoin de discuter. C’était en particulier pour ça que t’étais venue le voir. Pour t’assurer qu’il allait bien et pour le pousser à discuter, parce que dans ce genre de situation c’est ce qui permet de se soulager. T’insistais un peu trop peut-être auprès de lui dès que tu arrivais chez lui, mais tu restais persuadée que c’était ce dont il avait besoin. Tu restais persuadée que lorsque tu le quitteras il se sentira un tout petit peu mieux. Même si ce n’était pas grand-chose, c’était déjà ça. Si tu pouvais au moins lui apporter ça, il fallait que tu le fasses. Tu le questionnais sur l’état de sa petite amie. Tu t’inquiétais pour elle aussi. Tu l’as toujours appréciée Ella, tu t’es toujours dit qu’elle était parfaite pour ton frère d’ailleurs. Tu te doutais pourtant que depuis l’accident les choses devaient être plus compliquées. Miles te le confirma en t’avouant que les choses étaient moins naturelles depuis l’accident. Ca ne t’étonnait qu’à moitié finalement. Il ajouta qu’elle devait avoir eu peur, t’en étais persuadée pour ta part. Elle avait eu peur de perdre son petit ami ce jour-là, c’était tout à fait compréhensible, tu avais eu peur pour ton frère, toi aussi. Tu ne pouvais que comprendre. Oui, j’imagine qu’elle a dû avoir peur et il ne faut pas t’en vouloir Miles. Je sais bien que ce n’est pas évident, malheureusement les accidents ça arrive. Ce qui est important maintenant c’est que tu t’occupes de toi, d’Ella, de votre couple. Il faudrait peut-être que vous en discutiez tous les deux, comme il faut. Tu ne crois pas ? Ca vous ferait sans doute du bien à tous les deux. T’as toujours pensé que la communication c’est quelque chose de super important dans un couple, mais en même temps tu n’es peut-être pas la mieux placée pour faire des théories sur la vie de couple alors que toi-même tu la fuis. Tu t’es toujours concentrée sur ta vie professionnelle, tu as toujours laissé ta vie sentimentale de côté. Alors tu n’es pas franchement la mieux placée pour faire des théories à ce sujet… T’essayais plutôt de lui faire comprendre qu’il devait accepter que sa famille et ses proches s’inquiètent pour lui. Tu voulais lui faire comprendre que de parler de tout ça ne pourrait que le soulager un petit peu. C’est juste que t’aimerais rester seul j’imagine ? Tu interprétais la fin de sa phrase, sans franchement savoir ce qu’il voulait dire au fond. Tu te trompais peut-être complètement. Tu n’en savais rien. Et puis tu demandais finalement des nouvelles de Willow et il parut plutôt surpris de voir qu’elle n’était pas au courant des dernières nouvelles. Tu l’écoutais attentivement. Willow s’était réveillée, mais elle ne se souvenait plus des dernières semaines. Oh mon dieu, non je ne savais pas. Je n’ai pas vu Romy depuis un petit moment. J’ai.. Enfin bref, c’est affreux. Les médecins pensent que ça pourrait revenir ? Tu l’espères en tout cas.