Party hard {ft. Daisy

Qu’est-ce que je faisais en ce lieu précis, le bar geek, je n’en savais foutrement rien. Après tout, j’essayais de me dire que c’était un bar comme les autres, et pourtant, je ne me sentais pas à ma place.  Comme l’impression d’avoir fini dans un repaire d’aliénés, ou d’extra-terrestres. Autant les films fantastiques, de science-fiction et même les jeux vidéo de ne me dérangeaient pas, mais là, j’avais atterri sur une autre planète. Tout ici était … étrange. Et pourtant, je n’étais pas décidé à partir. Le fait est, que je savais très bien ce que je faisais ici. Une bande d’amis m’y avaient trainé de force, et je n’avais donc pas eu le choix. Sauf que, étonnant d de ma mère, je n’avais même pas envie de profiter de la soirée, de me saouler ou autre. Comme si j’étais vide de l’intérieur. Mort. J’étais perdu dans mes pensées, quand un boucan du diable me fit revenir à l’instant présent. Je tournais la tête, cherchant l’imbécile coupable de ce foutoir.

Une femme, vraisemblablement ivre, gesticulait dans tous le sens, parlant … un poil trop fort. Qu’est-ce que je disais ? Des aliens. Je levai les yeux au ciel, indifférent aux spectacles, alors que tout le monde rigolait, quand, juste avant de vaquer à nouveau à mes occupations, je posais un peu plus intensément mon regard sur elle. Elle avait quelque chose de familier, et, je n’arrivais pas à savoir d’où. La curiosité, plus l’envie qu’elle se taise, je me levai de mon tabouret pour aller à son encontre. Je la pris par le bras, lui intimant le silence d’un doigt, je l’entraînais vers la porte d’entrée. L’air libre lui fera le plus grand bien, et remettra certainement ses idées en place.

C’est une fois dehors, cigarette en main, mon regard plongé dans le sien que je su qui c’était. Daisy. Mon dieu. Ça faisait un bail. « Daisy ? » Je posais tout de même la question, mais j’étais presque sûre que c’était la sœur de Dorian. Je l’avais connu il y a plusieurs années de cela, et il était devenu, en quelque sorte, un compagnon de droguerie. Elle, je l’avais juste rencontré de temps à autre, tassant sans cesse sans frère pour qu’il se fasse soigner, ce qu’il avait dû finir par faire, ne l’ayant pas revu du jour au lendemain. Un sourire au coin des lèvres apparut, moqueur. « Je ne savais pas que tu aimes te donner en spectacle », ricanais-je. « Tu pourrais me remercier de t’avoir sorti de là », poursuivis-je, sur le ton de la rigolade. Ça aurait été n’importe qui d’autre, j’aurais continué sur le même ton, mais avec des femmes saoules, la sécurité primait.  
 

Elle grogna dès que je l’entrainais dehors, mais c’était le cadet de mes soucis. Une fois à l’air libre, je la vis grimacer et serrer ses bras contre elle. Fallait bien le dire, il ne faisait plus si chaud. L’hiver faisait lentement son retour parmi nous. Je la regardais un court instant, me disant que j’avais déjà vu ce visage quelque part, avant d’avoir un déclic. Je me souvenais d’elle, même si, cela faisait un bail que je ne l’avais pas revue. Pour tout dire, je connaissais mieux son frère. N’étant toutefois pas sûr de moi, je lui posais la question par acquis de conscience. Sa réponse me fit bien rire. Un rire franc. Un vrai. Même mon sourire, pour une fois, était sincère et non forcé. J’avais presque oublié quel bien ça faisait. « C’est bon à savoir », répondis-je, suivi d’un clin d’œil. « Au moins l’alcool n’a pas interféré ta mémoire ». Dans mon adolescence, j’en avais connues des soirées, ou avec mes amis, on n’arrivait même plus à savoir ou on habitait, ni qui on était réellement. Heureusement, je m’étais calmé depuis. Puis, après m’avoir fixé comme moi il y a à peine quelques minutes, elle me replaça à son tour. Et là, sans crier gare, elle passe ses bras autour de mon cou. Le bref sursaut de surprise me fit légèrement basculer en arrière, mais par chance, mes pieds restèrent tout de même bien ancré dans le sol. Je posais mon regard sur le sien, ne délogeant pas ses bras. Un peu de contact humain, sans aucune arrière-pensée, faisait du bien aussi. Je secouais la tête. « Non, bien sûr que non, ce n’est pas la fin du monde. Mais t’étais juste en train de te faire fusiller du regard par quelques personnes. Pas sûr qu’ils aient apprécié tes talents de chanteuse », je lui souris, replaçant, par réflexe, une mèche de ses cheveux pendant devant son visage derrière son oreille. Je grimaçais à mon tour. Moi ? Chanter ? Je dus me retenir de ne pas partir dans un fou rire. « Non. Il est hors de question que je chante ». J’enlevais doucement ses bras de mon cou, avant de poser ma main autour de son poignet, tout en jetant mon mégot de l’autre. « On va retourner à l’intérieur, si tu veux bien. Je t’offrirais un verre, même si, en te voyant, je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure idée du monde ». Je ris, retournant à l’intérieur, Daisy sur mes talons. Je scrutais la salle, trouvant au loin une table vide. Je la rejoignis en quelques enjambées avant de m’y asseoir. Je posais à nouveau mon regard sur elle. « Alors, quoi de neuf depuis le temps ? » demandais-je tout naturellement. Et avant que j’oublie, je rajoutais. « Tu veux boire quoi ? »